Mehmet Turan n'a jamais cessé de rêver. Si bien qu'en 2012, il a racheté l'entreprise de ses patrons qui avaient fondé les Services industriels mauriciens. Au moment de l'acquisition, l'équipement se limitait à trois coffres à outils et un camion pour effectuer de la maintenance sur la route. Aujourd'hui, l'entreprise est spécialisée dans la soudure générale, le découpage au laser, la fabrication et la transformation de métaux.

« Si tu ne prends pas de risque, tu ne peux pas grandir. C'est ce que j'ai fait. J'ai acheté un bâtiment que j'ai agrandi en 2013. J'ai fait l'acquisition de plusieurs équipements, dont une découpeuse au laser l'an dernier. Ainsi, j'ai réduit mes délais, ce qui m'a permis d'élargir mon marché et d'avoir des clients partout à travers la province », affirme Mehmet Turan.

Secret d'intégration

Ce n'est pas la première fois que l'homme d'affaires tente sa chance et use de débrouillardise pour atteindre ses objectifs. En 1985, à l'âge de 18 ans, il arrive au Québec en provenance de la Turquie. Bien qu'il ne parle pas encore français, il réussit à dénicher un emploi en à peine deux jours. « Je suis allé cogner à des portes et j'ai discuté avec des gens. Il n'était pas question pour moi de ne rien faire. Depuis, je n'ai jamais cessé de travailler. » Son premier emploi : laveur de planchers. Il travaillera ensuite en restauration avant de devenir charpentier-menuisier pour finalement monter les échelons et devenir contremaître soudeur.

L'appel de la région

Entre-temps, il rencontre sa conjointe, une Québécoise d'origine. Ensemble, ils quittent Montréal pour s'établir à Cap-de-la-Madeleine, un secteur de Trois-Rivières. « Je n'aime pas la grande ville, j'aime mieux la tranquillité de la campagne. Il y a beaucoup de services, mais sans le trafic. Aussi, le coût de la vie est moins cher et les emplois ne manquent pas », témoigne-t-il.

Acheter l'entreprise de ses patrons

Peu de temps après son arrivée en Mauricie, Mehmet Turan se met à travailler pour les Services industriels mauriciens. Il parfait sa maîtrise du français et, petit à petit, sent en lui naître la fibre de l'entrepreneuriat. En 2002, ses employeurs décident qu'il est temps pour eux de prendre leur retraite et de passer le flambeau. Mehmet lève la main, il veut investir, faire grossir l'entreprise. Le fait qu'il soit turc d'origine n'a jamais eu d'incidences sur leur choix ni sur l'attitude des clients avec lesquels il fait affaire. « Les gens sont gentils. En général, 95 % d'entre eux n'ont jamais fait de cas du fait que je venais d'ailleurs. Les autres, je ne m'en préoccupe pas. C'est un endroit parfait pour les immigrants, mais il faut s'intégrer. Pour cela, il faut apprendre la langue et travailler », conseille l'homme d'affaires.

L'avenir

Depuis qu'il est seul à la barre, l'entreprise est passée de cinq employés à une trentaine. Le chiffre d'affaires a augmenté de 40 % malgré la menace constante des Américains. « Nous achetons des métaux et les prix sont fixés par les Américains. Nous sommes tributaires de l'économie, mais les affaires se portent assez bien pour nous. »

L'avenir, Mehmet Turan le voit avec beaucoup d'enthousiasme. Il a de la relève, deux de ses fils occupent des postes de direction et il vient d'obtenir un important contrat dans le nord de la province dans le secteur des mines. « D'ici cinq ans, mon objectif est de doubler la taille de l'entreprise », affirme-t-il.

photo françois gervais, le nouvelliste

Depuis que Mehmet Turan est seul à la barre de son entreprise, celle-ci est passée de cinq employés à une trentaine. Le chiffre d'affaires a augmenté de 40 % malgré la menace constante des Américains.

Services industriels Mauriciens, en bref

Année de fondation : 1994

Nombre d'employés : 30

Services : découpage au laser, plasma et cisaille numérique, pliage numérique, roulage et usinage, fabrication, modification et installation, mécanique de chantier, maintenance industrielle, etc.

Siège social : Trois-Rivières