L'infonuagique s'apparente drôlement à une nouvelle forme d'impartition informatique, mais contrairement à cette dernière, les emplois ne seront pas tous délocalisés en Asie du Sud-Est. En tout cas, pas selon IDC, selon qui il se créera 70 000 nouveaux emplois au Canada d'ici 2015, grâce à cette technologie émergente.

Des emplois qui ne seront pas créés au détriment d'autres postes dans le secteur des TI, assure John Gantz, directeur de la recherche pour la firme d'études internationale. « Au contraire, l'infonuagique sera un facteur majeur de création d'emplois », dit-il.

À l'échelle mondiale, le Canada a pris plus de temps que d'autres à adopter cette nouvelle technologie. John Weigelt, directeur de la technologie pour Microsoft Canada, effectue actuellement une tournée nationale afin de promouvoir cette technologie. Il constate que le nuage n'a pas attiré les entreprises canadiennes aussi rapidement que prévu. « Plusieurs entreprises n'ont pas encore déterminé comment ces services pourraient leur être utiles, et ce n'est pas encore fini : il faudra encore du temps pour que cette technologie prenne sa place dans le marché. »

Ça laissera le temps aux fournisseurs de services informatiques d'embaucher et d'ajuster leur offre en conséquence. Les plus alertes n'hésitent pas à viser les marchés émergents, profitant du changement pour prendre les devants de l'industrie. La société montréalaise iWeb, notamment, qui souhaite doubler de taille d'ici trois ans, a récemment engagé l'ex-directeur financier de Rackspace, Bruce Knooihuizen, afin de l'aider à gérer cette croissance.

« Les fournisseurs de services web dans des créneaux spécialisés comme la gestion des ressources humaines, les finances ou même le jeu vidéo auront besoin d'une infrastructure sur mesure pour leurs services. C'est là où nous voyons une importante occasion de croissance. Pas seulement ici : aux États-Unis un peu, et surtout dans des marchés émergents comme le Brésil et l'Inde », dit celui qui a notamment aidé Rackspace à percer en Angleterre et en Asie, avant de se joindre à iWeb.

14 millions de « nouveaux » emplois

70 000 emplois, c'est beaucoup. Ç'aurait pu être plus, si la technologie avait été déployée plus rapidement au Canada. Cette statistique canadienne fait partie d'une vaste étude mondiale qu'IDC a publiée plus tôt cet hiver, pour le compte du géant américain Microsoft, un des plus grands promoteurs de services infonuagiques. 70 000 emplois, c'est très peu, quand on compare au total des emplois qui devraient passer sous l'égide de l'informatique en nuage au courant des trois prochaines années : 14 millions.

Ceux qui craignent un simple glissement des emplois actuels du secteur des TI vers l'infonuagique seront heureux d'apprendre qu'IDC n'est pas entièrement d'accord avec eux. « Les revenus générés (par l'infonuagique) pourraient atteindre les 1100 milliards de dollars par an et forceront des restructurations organisationnelles, ainsi que la création de nouveaux emplois », peut-on lire dans l'étude.

Comme l'impartition technologique qui a cours depuis une dizaine d'années, la majorité de ces emplois profitera tout de même aux pays asiatiques, selon l'étude : 4,6 millions de nouveaux postes devraient voir le jour en Chine, 2,1 millions en Inde et plus de 900 000 en Indonésie.

Enfin, même les États-Unis devraient en profiter un peu plus largement que le Canada, puisque la firme IDC évalue à un million le nombre de nouveaux emplois qui s'y créeront d'ici trois ans.