La préoccupation pour l'environnement et le développement durable est maintenant présente partout.

Et la profession comptable a elle aussi son rôle à jouer dans cette cause, explique Jean-François Henri, professeur à la faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval.

Depuis plusieurs années, les pressions des gouvernements, des organisations et des communautés locales se sont traduites par des lois, des règlements et des mesures qui forcent les entreprises à tenir compte de leurs coûts environnementaux.

«Même les investisseurs, par l'entremise de fonds d'investissements verts, exercent une pression sur les entreprises pour qu'elles réduisent leur risque d'urgence environnementale», dit M. Henry.

«La question n'est plus de savoir si les entreprises doivent prendre en charge leurs impacts environnementaux, mais plutôt de déterminer de quelle manière elles peuvent le faire tout en parvenant toujours à réaliser un bénéfice», poursuit M. Henry.

C'est ici qu'intervient la comptabilité.

Le rôle de la comptabilité est d'intégrer l'environnement dans les pratiques comptables, en fournissant les outils de mesure.

Pour chaque dollar de coûts environnementaux visibles et documentés, il y a 10 dollars dissimulés dans les grandes catégories de coûts, explique le professeur de l'Université de Laval.

«En documentant mieux ces coûts grâce à des instruments de mesure adéquats, on peut réaliser des économies importantes, et on comprend rapidement que c'est un investissement intéressant», dit-il.

À ses débuts

La comptabilité environnementale n'en est toutefois qu'à ses débuts.

«Nous sommes encore à l'étape artisanale», dit François Renauld, président-directeur général de l'Ordre des CMA du Québec.

Le développement durable consiste à privilégier des initiatives à long terme et non pas à court terme.

C'est une philosophie de gestion, ajoute-t-il.

«Il faut se soucier de contribuer à laisser le moins de traces possibles du passage de nos produits», dit-il.

Selon lui, il s'agit d'un changement culturel majeur qui nécessitera un certain temps avant d'être intégré partout.

Initiatives rentables

On reconnaît que les initiatives vertes ont des impacts de trois ordres, soit sur le plan du marketing, de l'éthique et sur le plan économique.

«On associe la gestion environnementale à une bonne business», dit Jean-François Henry.

Il importe donc que la performance de ces initiatives soit bien captée par les instruments de mesure et de contrôles, comme le budget.

Et il importe ensuite de divulguer les résultats à l'interne afin de sensibiliser les gens.

«En rendant visibles les résultats, on crée la responsabilité chez le personnel, ce qui permet de passer du discours à des actions concertées», dit-il

Mesures et divulgation

La divulgation des résultats des initiatives environnementales aux états financiers n'est évidemment pas simple.

Le modèle le plus populaire est le Global Reporting Initiatives, qui constitue un bon début de standardisation, selon M. Henry.

La Global Reporting Initiative (GRI) a été établie vers la fin 1997 avec comme mission de développer des directives applicables globalement pour rendre compte des performances économique, environnementale, et sociale, initialement pour des sociétés et par la suite pour n'importe quelle organisation gouvernementale, ou non gouvernementale.

Rassemblée par la coalition pour les économies environnementalement responsables (CERES) en association avec le programme d'environnement des Nations Unies, le GRI incorpore la participation active des sociétés, des O.N.G, des organismes de comptabilité, des associations d'hommes d'affaires, et d'autres parties prenantes du monde entier.