Ça y est, à peine quelques mois après avoir acquis votre précieux nouvel iPhone, la vitre est en mille miettes. Ou ce joli Samsung Galaxy S6 acheté le printemps dernier ne veut plus se réveiller.Votre mésaventure est loin d'être exceptionnelle : on estime que près de 900 000 téléphones intelligents seront volés, perdus ou endommagés cette année seulement au Québec. Impossible cependant de savoir lesquels pourront être remplacés ou réparés gratuitement grâce à une assurance ou une garantie, tant les statistiques à ce sujet se font rares.

TÉLÉPHONE ET FRANCHISE

De la garantie de base du fabricant pour 90 jours à l'assurance tous risques, de la réparation qui nécessite un envoi par courrier au remplacement en une heure en boutique, il existe une panoplie de produits au Québec. Il est même possible que vous soyez couvert par l'un d'entre eux sans même le savoir. Ou qu'il ne soit tout simplement pas avantageux de profiter de la couverture.

Prenons par exemple l'assurance habitation, le produit le plus commun qui couvre pratiquement toutes vos possessions, téléphone compris. Tous les assureurs joints par La Presse ont reconnu qu'il était plutôt rare qu'un client fasse une réclamation pour un téléphone, puisque ces assurances comportent généralement une franchise, 500 $ étant la norme.

« C'est un pensez-y-bien, il faut que le client regarde sa franchise », précise Jason Patuano, directeur principal aux communications chez Belair Direct.

« Si vous vous faites voler votre téléphone et que vous faites une réclamation et qu'on vous le rembourse, alors qu'il valait 600 ou 700 $, ce n'est pas vraiment intéressant. » - Caroline Phemius, du Bureau d'assurance du Canada

ASSURANCE À L'AVENANT

Il est possible de souscrire une police d'assurance pour un bien particulier - généralement une collection de valeur ou un ordinateur - et faire baisser la franchise, pour des primes plus élevées. Parmi les assureurs joints, Desjardins, Belair Direct, La Capitale et l'Industrielle Alliance offrent cette possibilité.

« Bien que l'assurance spécifique soit à un certain point plus avantageuse, il y a peu de clients qui l'utilisent pour leur téléphone, indique Stéphanie Béland, de l'Industrielle Alliance. Ils l'utilisent principalement pour des instruments de musique, un vélo. »

Certains fabricants et fournisseurs - notamment Apple, Samsung, Bell et Rogers - offrent également des protections complètes sur les appareils, comprenant les bris accidentels, pour moins de 20 $ par mois. Encore là, impossible d'avoir les statistiques sur la popularité de ces formules.

Chose certaine, contrairement à l'Europe ou aux États-Unis, les assurances spécifiques pour téléphones cellulaires sont moins populaires au Québec, où l'écrasante majorité des clients va opter pour un achat à prix réduit avec contrat de deux ans.

« Quand vous payez 100 $ pour un téléphone avec contrat, vous ne serez pas tellement porté à y ajouter une garantie ou une assurance qui va vous coûter en gros le même montant », indique Jérémy Caudron, propriétaire de l'entreprise de réparation Micro-Techno.

ATTACHEMENT ET RÉPARATION

M. Caudron comprend le peu de popularité de ces assurances - 99 % de ses clients n'en ont pas ou leur garantie est échue - car une boutique comme la sienne peut faire bien des réparations à un coût somme toute abordable. À titre d'exemple, la vitre brisée d'un iPhone peut être changée pour 109 $, indique-t-il.

Ce Français d'origine qui a ouvert boutique à Montréal il y a deux ans et demi note également une attitude différente ici concernant les réparations. « C'est un réflexe que les gens n'ont pas, alors que tout se répare dans un téléphone, à part la carte maîtresse. Pourtant, si vous crevez un pneu, vous n'allez pas changer de voiture. Tout vaut la peine d'être vérifié sur un téléphone cellulaire. »

L'attachement des clients à leur appareil étant souvent viscéral, il s'engage en outre à réaliser ces réparations rapidement, en moins de deux heures. Ce créneau, c'est celui qu'Apple est un des seuls à pouvoir remplir, avec ses cinq boutiques au Québec promettant un service rapide, notamment avec sa garantie Apple Care+. « Je dirais que c'est peut-être la seule formule qui vaille la peine... », estime M. Caudron.

QUELQUES CHIFFRES

3,5 millions

Nombre de téléphones intelligents au Québec

25 %

Proportion des appareils qui seront volés, perdus ou endommagés cette année

312

Nombre de plaintes en 2015 des Canadiens liées aux garanties des téléphones cellulaires. Dans 217 cas, la plainte était liée à la garantie du fabricant.

12,9 milliards US

Estimation du marché des garanties pour cellulaires aux États-Unis en 2013

35 %

Téléphones intelligents bénéficiant d'une assurance en 2013 aux États-Unis

1,1 milliard

Ventes d'assurances et garanties pour téléphones cellulaires en France et en Grande-Bretagne en 2013

Sources : CEFRIO, Rogers, Warranty Week, EIOPA, CPRST, Kelton Research

photo edouard plante-fréchette, la presse

On estime que près de 900 000 téléphones intelligents seront volés, perdus ou endommagés cette année seulement au Québec. Impossible cependant de savoir lesquels pourront être remplacés ou réparés gratuitement grâce à une assurance ou une garantie, tant les statistiques à ce sujet se font rares.

LES FORMULES OFFERTES

De la garantie de base gratuite au plan de protection totale à 156 $ par année, voici ce qui s'offre au propriétaire d'un téléphone cellulaire.

LA GARANTIE DU FABRICANT

Règle générale, un téléphone neuf, qu'il soit acheté en boutique ou avec un fournisseur de service, est protégé par une garantie d'un an du fabricant. Celle-ci ne couvre cependant que les téléphones qui ont des « défauts de matériaux et de fabrication, s'ils ont été utilisés normalement », précise par exemple Apple. Les bris accidentels et les dommages causés par une utilisation inadéquate ne sont pas couverts. Les détaillants et les opérateurs vont souvent accepter d'honorer la garantie du fabricant et de changer en magasin les appareils défectueux.

DU DOUBLE AU TRIPLE

Plusieurs cartes de crédit Visa et MasterCard vont permettre, si elles sont utilisées lors de l'achat de l'appareil, de doubler la garantie du fabricant. Le remboursement se fait après entente avec l'émetteur, qui peut décider si une réparation ou un remplacement est souhaitable. Au Québec, on peut en outre compter sur la garantie légale, qui stipule qu'un appareil doit servir « à l'usage auquel il est destiné » « pour une durée raisonnable compte tenu du prix ». Il n'existe pas de règle fixe pour cette durée attendue, mais elle est généralement de plus de trois ans.

LES ASSURANCES

Considéré comme un bien meuble, le téléphone cellulaire est une des possessions pour lesquelles on peut réclamer un remboursement en cas de vol, perte ou bris, dans le cadre d'une assurance habitation classique. Ici, par contre, tout dépend de la franchise assortie à la police, qui est généralement de 500 $, ce qui enlève beaucoup d'intérêt à la réclamation. Le Bureau de l'assurance du Canada propose un formulaire, le 1550Q Biens divers tous risques, pour un « avenant » qui peut s'appliquer à un téléphone cellulaire et comporte généralement une franchise réduite ou nulle. Aucun assureur contacté n'a cependant voulu donner une grille tarifaire, expliquant que cet avenant était « proposé sur mesure ».

LA PROTECTION DE LUXE

Fabricants et opérateurs offrent diverses formules pour garantir absolument tout ce qui peut arriver à votre téléphone. Il faut cependant être prêt à y mettre le prix. Pour 169 $, plus 129 $ par réparation pour bris accidentel, Apple offre l'extension de la garantie à deux ans pour un iPhone 6s, par exemple. Pour 13 $ par mois, notamment chez Rogers et Bell, on offre des plans de protection totale qui permettent de réparer ou remplacer des appareils après la fin de la garantie du fabricant. Récemment, Desjardins a mis sur le marché un produit qu'on présente comme « unique au Canada », l'Assurance appareils mobiles activée lorsqu'on utilise certaines cartes Visa et MasterCard. Elle couvre le vol, la perte et le bris jusqu'à une valeur maximale de 1000 $.

L'ART DE BRISER SON TÉLÉPHONE

Ce que des sondages révèlent sur les mésaventures des propriétaires d'appareils

10,4 SEMAINES

Délai moyen des premiers dommages survenus au téléphone après l'achat.

43 %

des bris ont été occasionnés lors d'une chute sur une surface dure.

32 %

des dommages ont été occasionnés par une chute dans l'eau, dont 20 % dans les toilettes.

10 %

Dans un cas sur dix, le téléphone a été brisé par un enfant.

12 %

des Américains qui ont endommagé leur téléphone l'ont fait « dans un excès de passion lors d'un événement sportif ».

18 À 24 ANS

C'est le groupe d'âge le plus à risque (+16 %) de briser son téléphone.

TOILETTE OU GARAGE ?

Le garage est l'endroit où les hommes vont le plus souvent briser leur téléphone. Pour les femmes, le lieu maudit est la salle de bains.

Sources : Kelton Research Smartphone Protection Survey, BBC, Square Trade 2014