Généralement, lorsque nous connaissons une année exceptionnelle comme celle de 2013, la Bourse continue de monter l'année suivante, bien que les gains soient moins spectaculaires.

Ce phénomène devrait s'avérer en 2014. Après des gains de plus de 25 % en 2013, la Bourse américaine grimpera de 10 % supplémentaires l'an prochain, selon Clément Gignac, vice-président principal et économiste en chef à l'Industrielle Alliance.

Pourquoi, vous demandez-vous? Souvenez-vous d'abord que l'année exceptionnelle qui se termine avait été précédée d'un grand scepticisme de la part des prévisionnistes.

En effet, l'an dernier, à cette époque, alors que l'indice S & P 500 se négociait légèrement au-dessus de 1400 points, la plupart des stratèges prévoyaient une hausse de 5 à 10 % durant la première moitié de l'année. Mais ensuite, des risques de rechute de l'économie mondiale et de résurgence de la crise européenne allaient tirer les indices boursiers vers le bas, disaient-ils.

Peu d'entre eux prédisaient que l'indice excéderait 1600 points, voire même 1500. Nous sommes aujourd'hui à plus de 1800 points. Conclusion: «Beaucoup de gens ont manqué le bateau», dit Clément Gignac. Et ils ne voudront pas se faire prendre une deuxième année de suite. C'est pourquoi les investisseurs répondront présents au moindre recul des marchés afin de regarnir leurs portefeuilles.

Deux vecteurs permettront à la Bourse de continuer de monter en 2014, selon Sylvain Ratelle, stratège à la Banque Laurentienne. La croissance des bénéfices et les faibles de taux d'intérêt.

Selon le consensus des analystes, la croissance des bénéfices pourrait s'accélérer, explique le stratège. On prévoit pour les deux prochaines années une augmentation des bénéfices de 7 % par année aux États-Unis. De plus, le multiple cours/bénéfices pourra s'accroître et passer de 15 fois les bénéfices à 17 fois. Ce qui se traduirait par une hausse de l'indice S & P 500 de 10 à 15 % en 2014.

Quant aux taux d'intérêt, ils sont si bas que les obligations ne font plus aucune concurrence aux actions, note M. Ratelle.

Depuis les creux de mars 2009, la plupart des indices boursiers ont plus que doublé. «La partie facile est derrière nous, mais il reste encore un bon potentiel d'appréciation», dit-il.

Correction ou pas

L'opinion des observateurs de la scène financière semble unanime. La Réserve fédérale américaine (Fed) commencera d'ici le mois de mars au plus tard à réduire ses achats d'obligations. Selon tous les experts, cette stratégie de la Fed a contribué énormément à la hausse du marché boursier. Faut-il alors s'attendre à un repli significatif du marché lorsque la Fed mettra cette menace à exécution?

Il y aura une correction, mais sans plus, répond Stephan Buu, gestionnaire de portefeuilles chez CTI Capital. «L'indice S & P 500 pourrait reculer temporairement jusqu'à 1650, mais il terminera l'année autour de 1925», dit-il.

L'impact de la réduction des achats d'obligations de la Fed sera mitigé, croit pour sa part Clément Gignac. «D'abord, parce que tous l'anticipent, mais aussi parce que la Fed évitera d'augmenter les taux d'intérêt», dit-il.

Facteur imprévu

Mais si la grande majorité des prévisionnistes prédit une hausse des Bourses en 2014, n'y a-t-il pas là un risque, comme ce fut si souvent le cas dans le passé, qu'un facteur imprévu vienne bouleverser le paysage boursier, et que ce soit plutôt une baisse des marchés qui marquera l'année 2014?

Il existe cette possibilité si l'inflation continue de tomber et de s'approcher de 0, répond Sylvain Ratelle.

Pour croître de façon intéressante, l'économie a besoin d'inflation. Pas trop bien sûr, mais environ 2 à 3 %. Et malgré tous les efforts de la Réserve fédérale, l'inflation aux États-Unis est passée de 2 % en juillet à 1 % en octobre. «Il est impératif que l'on s'arrête là», dit Sylvain Ratelle.

Il faudra donc surveiller de près l'indice des prix à la consommation (IPC). C'est le mardi 17 décembre que l'on connaîtra le chiffre du mois de novembre. Les économistes prévoient une remontée à 1,3 %. Espérons qu'ils disent vrai et que les résultats des mois suivants confirmeront la remontée des prix.

La Bourse canadienne

Fortement pondérée dans le secteur des ressources, la Bourse canadienne a fait beaucoup moins bien que son homologue américain. La hausse pour 2013 sera de 8 à 10 %, un manque à gagner d'au moins 15 % comparativement à la Bourse américaine.

Comme elle commencera l'année 2014 moins chère, elle devrait augmenter elle aussi d'environ 10 % cette année par effet d'entraînement, même si les conditions économiques ne seront guère meilleures, croit Clément Gignac.

Mais si l'économie mondiale coopérait plus que prévu et que les prix des ressources s'amélioraient, la Bourse canadienne pourrait prendre 15 à 20 %, estime Sylvain Ratelle.

Souhaitons-le.