On ne peut pas tout prévoir. «Avec mon conjoint, j'avais établi une bonne stratégie, mais je suis maintenant en instance de divorce, la maison est vendue, je suis devenue locataire et je ne sais plus quoi faire pour préparer ma retraite», confie Lucie.

La professionnelle de 45 ans touche un salaire de 72 300$. Elle a accumulé 7100$ dans le régime de retraite de son employeur et elle détient 9775$ en REER. «Je n'ai pratiquement aucun actif», déplore-t-elle. En fait, elle a davantage de dettes: 28 360$ sur marge de crédit et 2600$ en solde impayé sur sa carte de crédit.

«Toutefois, ajoute-t-elle, j'adore mon travail et je prévois rester active professionnellement jusqu'à l'âge de... on verra bien!»

Ses dettes et ses revenus de retraite l'inquiètent. Elle souhaite également redevenir propriétaire.

En résumé: «À l'aide!»

Les dettes et la retraite d'abord

Le planificateur financier Richard La Ferrière, de TD Waterhouse, a d'abord demandé à Lucie de dresser la liste de ses dépenses.

Son budget a montré un surplus de 31$. «Après ma révision, il y avait un déficit de 250$, relate le planificateur. Quand ils font un budget, les gens veulent arriver!»

Elle touche un revenu net d'environ 44 000$, qu'elle dépense intégralement.

Mais tout n'est pas sombre. «La bonne chose, constate-t-il, c'est qu'elle nous donne du temps, parce qu'elle veut travailler jusqu'à 70 ans.»

En continuant à travailler après 65 ans, elle bonifie sa rente de la RRQ de 6% par année jusqu'à 70 ans. Cependant, dans ses projections, Richard La Ferrière soustrait 50% de cette rente «parce que son divorce n'est pas réglé et que je ne connais pas l'impact de la division du patrimoine familial.»

Une part de 5% du salaire de Lucie est versée dans le régime complémentaire de retraite de son employeur. Elle estime également que son revenu devrait croître de 3% par année. À la retraite, elle souhaite toucher l'équivalent de 65% de son revenu net de vie active, soit 28 500$.

Pour atteindre cet objectif, Lucie devra verser 185$ par mois dans un REER, a calculé notre planificateur. «Ce n'est pas insurmontable, mais il faudra qu'elle fasse des ajustements de budget.» Elle devra notamment acquitter sa marge de crédit le plus rapidement possible.

Outre qu'ils pèsent lourdement sur son budget, ces 800$ par mois alloués au remboursement d'une dette ne lui permettraient pas de répondre au ratio d'endettement des prêteurs hypothécaires. Elle traîne aussi le boulet d'un solde récurent de 2600$ sur sa carte de crédit. Ses frais d'intérêt seraient moins élevés si elle transférait cette dette sur sa marge de crédit.

Ensuite la maison

Le rêve d'une nouvelle propriété peut-il s'insérer dans ce portrait? Pour respecter le rapport d'endettement fixé comme critère par les institutions financières, Lucie ne peut allouer plus que 32% de son revenu brut aux frais de logement. Considérant la situation budgétaire de Lucie, notre planificateur fixe plutôt ce plafond à 25%, soit 1512$ par mois.

Elle compte toucher un prochain boni de 8000$ et pensait l'utiliser pour rembourser sa dette. Dans l'optique de son projet de propriété, mieux vaut conserver cette somme pour la mise de fonds. «Ce serait bien de réduire la dette mais il faudra prouver qu'elle détient de l'épargne pour pouvoir emprunter pour la maison», lui a rétorqué le planificateur.

Il calcule que Lucie pourrait se procurer une propriété d'une valeur maximale de 200 000$. Avec une mise de fonds de 5% et une assurance prêt hypothécaire de 3977$, l'emprunt totaliserait 193 977$. Un taux d'intérêt de 4,85% produirait ainsi des mensualités de 1112$. Ajoutons 300$ pour les impôts fonciers et 100$ pour le chauffage, et on atteint les 1500$ fixés en limite.

Mais tout ce programme dépend de la réduction de ses dettes et d'un meilleur contrôle de ses dépenses. Heureusement, elle a du temps devant elle.

 

LES DONNÉES

En instance de divorce, cousue de dettes, Lucie s'inquiète pour sa retraite.

 

Lucie, 45 ans

Revenus: 72 300$

 

REER: 9775$

Régime de retraite complémentaire: 7100$

Aucun autre actif

 

Passif

Marge de crédit: 28 400$

Carte de crédit: 2600$

 

 

«Si elle reste à loyer, elle peut s'en sortir en 18 à 24 mois en donnant un coup sur la dette.»

Richard La Ferrière, planificateur financier, chef de région, TD Waterhouse