Faut-il une assurance vie?

Ce n'est pas parce qu'un père ou une mère est à la maison qu'il n'a pas besoin d'assurance vie.

Posons le problème: «Si le conjoint qui reste à la maison décède, quel sera l'impact financier pour l'autre conjoint et l'enfant?» énonce Pierre Larose, planificateur financier, sécurité financière et formateur à l'Institut québécois de planification financière. «Il est certain que ce ne sera pas une perte de revenu, parce qu'il n'en touche pas. Mais il y aura des dépenses supplémentaires à faire parce qu'il faudra payer pour une gardienne ou une garderie, etc.»

Il s'agit alors de calculer le coût supplémentaire de cette nouvelle situation, et d'établir une indemnité en conséquence.

Le planificateur financier Robert Le Sieur, du Groupe Investors, suggère de couvrir la période durant laquelle les enfants sont dépendants - jusqu'à l'âge de 20 ans, souvent.

À ce propos, Pierre Larose recommande une assurance vie temporaire de 10 ans, renouvelable à son terme. «Elle coûte moins cher qu'une assurance temporaire de 20 ans», indique-t-il.

Mais dans trois ou quatre ans, le parent au foyer prévoit retourner sur le marché du travail. Son décès aurait alors une répercussion financière plus importante. Faut-il déjà prévoir cette éventualité?

«Mon principe, c'est qu'on règle le problème d'aujourd'hui et on fera une mise à jour à tous les ans, répond Pierre Larose. Je ne vendrai pas 200 000$ d'assurance de plus que ses besoins actuels au cas où le parent retournerait travailler dans cinq ans. Il aura peut-être une assurance collective au travail, il retardera peut-être son retour de quelques années.»

Un problème à la fois...

Un trou dans la retraite

Pendant qu'il est à la maison et qu'il ne gagne pas de revenu, le parent n'accumule pas de droits de cotisation à son REER et, le plus souvent, interrompt ses épargnes de retraite.

La planificatrice financière Josée Jeffrey a évalué l'effet d'un arrêt de travail d'un an sur la retraite «pour notre papa qui décide de demeurer à la maison et qui repousse sa cotisation au REER de 5000$ par année».

Après 20 ans, en supposant un rendement de 5%, calcule-t-elle, «la perte dans son capital de retraite représente une somme de 13 930$, tandis que si papa reste deux années à la maison sans cotiser à son REER, la perte sera de 27 196$».

Le père ou la mère au foyer devra compter sur la bonne volonté de son conjoint pour remplumer quelque peu ses épargnes de retraite durant les années à la maison. À négocier avant de s'engager...

Rappelons que la Loi sur le patrimoine familial, qui assure notamment le partage de la valeur des droits de retraite accumulés par les conjoints durant l'union, ne s'applique pas aux conjoints de fait. Un conjoint de fait qui demeure à la maison sans revenu a donc tout intérêt à rédiger un contrat de vie commune.

«Ce qu'il ne faut pas perdre de vue, c'est de continuer notre discipline d'épargne, même si la somme est moindre», insiste le planificateur Robert Le Sieur.

Le fisc au foyer

Peu de mesures fiscales spécifiques s'appliquent au parent qui demeure à la maison.

«Si la personne n'a pas de revenu durant l'année, le montant personnel de base peut être remis au conjoint, rappelle la planificatrice et fiscaliste Josée Jeffrey. Au fédéral, il pourra obtenir le crédit pour conjoint. Au provincial, les crédits non utilisés pourront lui être remis.»

Un revenu familial moins élevé ouvrira peut-être la porte à certains crédits et déductions limités par le revenu. Ce sera notamment le cas des frais médicaux, et, au Québec, du crédit pour impôt foncier. «Les crédits de TPS et de TVQ n'auront qu'un impact l'année suivante, parce qu'ils sont calculés au 31 décembre», indique la fiscaliste.

Le couple ne paiera probablement pas de frais de garde, puisque papa (ou maman) reste à la maison. Si quelques frais étaient tout de même encourus, ils ne pourraient être déduits au fédéral car il est nécessaire que les deux conjoints travaillent. «Au Québec, il suffit que l'un ou l'autre exerce un emploi pour avoir droit au crédit d'impôt», précise Josée Jeffrey.

Bien entendu, même si aucun revenu n'est gagné, il est impératif de remplir une déclaration de revenus.