Les caisses de retraite ont connu un autre trimestre difficile au cours de l'hiver, bien que l'ampleur des dégâts ne puisse se comparer aux résultats catastrophiques de l'an dernier.

Selon la pondération des régimes, le rendement mesuré sur une base indicielle s'est établi à de -2,6% à -3,0%, du 1er janvier au 31 mars. Évidemment, une gestion active a pu donner des résultats qui s'éloignent de la médiane dans un sens ou l'autre.

«Un rendement d'environ 1,5% aurait été nécessaire pour maintenir le degré de solvabilité au même niveau qu'au 31 décembre», précise Éric Dubé, conseiller principal chez Aon conseils.

La firme estime que 96% des régimes à prestations déterminées accusent un déficit de solvabilité, contre 94% au 31 décembre. Aon établit aussi à 72% le degré de solvabilité médian des régimes de retraite canadiens.

La solvabilité permet aux actuaires d'établir si un régime peut faire face à ses obligations envers ses participants actifs et retraités, advenant sa terminaison.

Non seulement la valeur médiane de l'actif a-t-elle diminué, mais celle du passif s'est gonflée, ce qui aggrave encore une fois la solvabilité.

Le passif équivaut à la valeur des engagements du régime envers ses participants. Pour mesurer combien il faut d'argent pour les remplir, les actuaires recourent à des tests prenant appui sur les taux des obligations canadiennes majorés d'une certaine prime.

Selon le vieux précepte voulant qu'il n'y ait aucun plaisir à être simple quand on peut être compliqué, les actuaires prennent comme taux de référence ceux en vigueur deux mois avant la mesure de la solvabilité.

Dans le cas présent, la valeur du passif au 31 mars est fondée sur la valeur des taux au 31 janvier. Pour mesurer sa variation par rapport à sa valeur au 31 décembre, il faut observer le changement de valeur des taux entre les 31 octobre et janvier.

Or, elle a diminué.

Dans un effort pour alléger le fardeau des employeurs qui sont responsables de renflouer les régimes insolvables, Québec a adopté une loi en janvier qui prévoit notamment l'adoption rétroactive au 31 décembre de nouvelles normes actuarielles plus souples, entrées en vigueur mercredi dernier.

Cela a eu pour effet d'améliorer la solvabilité des régimes au 31 décembre par rapport au 31 octobre. Une fois en vigueur, c'est la variation des taux obligataires qui fait évoluer le passif des régimes, mais pas seulement elle.

Les augmentations de salaire consenties par beaucoup d'employeurs pour l'année en cours gonflent aussi le passif et aggravent l'insolvabilité de tous les régimes concernés.

Du côté de l'actif, le rendement des titres à revenus fixes a supplanté celui des actions.

Les bons du Trésor à court terme (91 jours) ont donné un rendement de 1,7%, soit un peu mieux que l'indice DEX des obligations canadiennes, qui a gagné 1,5% au premier trimestre.

Dans les grandes catégories d'actions, ce sont les canadiennes qui ont le moins pâti avec un recul de 2%. C'est beaucoup mieux que le recul de 9,31% du Standard & Poors 500 qui sert de mesure étalon des actions américaines. La légère dépréciation du dollar canadien face au billet vert aura contenu quelque peu les pertes puisque le S&P 500 a en fait perdu 11% de sa valeur exprimée en dollars américains.

Le dollar canadien a cependant mieux fait face à d'autres monnaies comme l'euro. Cela a desservi les gestionnaires puisque l'indice MSCI Europe Asie Extrême-Orient (EAEO) a abandonné 12,2% exprimé en dollars canadiennes, mais 10,0% lorsque mesuré en monnaies locales.

«La plupart des marchés ont continué de chuter au premier trimestre 2009, quoique dans une moindre mesure qu'à l'automne dernier», résume Yvan Breton, responsable des services de gestion de placements de Mercer.

Pour en arriver à un rendement indiciel de -3% environ, Mercer fait l'hypothèse d'une caisse de retraite investie à 42,5% en obligations canadiennes, 25% en actions canadiennes, 15% en actions américaines, 15% en actions EAEO et 2,5% en bons du Trésor.