Loin d’être démodée, l’ambition est plus nécessaire que jamais, contrairement à ce qu’on pourrait croire en lisant les phénomènes décrits dans une récente chronique.

Ce n’est pas une question d’aspirations professionnelles qui changent avec le temps. Ni de valeurs patriarcales qui s’effacent, comme si les femmes étaient incapables d’ambition. C’est encore moins une question d’équilibre de vie (un équilibre qu’on peut réaliser tout en ayant de l’ambition).

Lire la chronique « L’ambition est démodée »

L’ambition, c’est se donner des buts précis, audacieux, et se donner les moyens de les atteindre et y consacrer les efforts nécessaires. C’est cette énergie qui vous sort de votre zone de confort et vous pousse à l’action. Le secret, c’est choisir les bons objectifs. Décider quand, comment et pourquoi sortir de sa zone de confort.

La plupart d’entre nous ont été élevés dans une société valorisant le travail, l’effort, l’investissement personnel dans un métier ou une profession. Avec la pratique et l’effort, on devenait meilleur, un expert, ou on était tout simplement fier de soi et du travail bien fait. Et c’est en travaillant ainsi que ça finissait par rapporter au fil d’arrivée. C’est le travail et l’effort constant qui menaient vers un sentiment d’accomplissement, la reconnaissance et, oui, la récompense aussi.

La pandémie marque un tournant parce que c’est la première catastrophe depuis longtemps en Amérique du Nord qui nous frappe à si grande échelle. On a connu plusieurs guerres depuis un siècle, mais qui ont toutes été combattues sur d’autres continents. On a connu des catastrophes naturelles dans des régions bien spécifiques. Cette fois, l’ennemi était à nos portes. À chacune de nos portes. Normal que ça nous pousse à des réflexions existentielles, au point de saper nos énergies et d’éteindre l’espoir.

Avec notre confort et notre niveau de vie, avec la facilité qu’apporte la technologie, on peut finir par se demander si on veut vraiment plus. Si on a besoin de plus.

Sauf qu’on a surtout besoin de mieux et de différent. Si nous avons collectivement le sentiment qu’il ne faut pas juste changer le monde et qu’il faut le sauver pour survivre, ça demande, ça aussi, de l’ambition. Beaucoup d’ambition.

Comme chasseuse de têtes, je trouve inquiétant que l’on puisse être en panne d’ambition en ce moment. Nous sommes à une phase charnière de notre histoire lors de laquelle il faut nous adapter et évoluer sur bien des plans. Qu’on pense développement durable, lutte contre les changements climatiques ou diversité et inclusion, tous ces défis nécessitent qu’on se nourrisse d’ambition chaque jour, autant dans nos vies professionnelles que personnelles.

C’est vrai pour nos gestionnaires et nos décideurs, qui doivent mener la barque dans la bonne direction avec ambition, bienveillance et courage. C’est vrai pour les jeunes de notre relève, dont le potentiel et les idées créatives sont immenses. Ils devront redoubler d’efforts pour réaliser les changements requis. Après tout, ce sont eux qui ont tout à gagner.

Il n’y a pas que nos carrières dans nos vies, mais plusieurs des transformations se feront par l’entremise de nos vies professionnelles. Un sondage du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec dévoilait récemment que seulement 6 % des jeunes de 16 à 35 ans admettent que leur carrière est importante. Lorsque vous faites du recrutement comme métier, cette donnée est très inquiétante. D’où vont venir les gestionnaires et professionnels qui permettront à notre société de faire le virage requis en générant progrès et prospérité ?

Est-ce l’occasion du siècle pour les ambitieux au cœur valeureux ?