(Ottawa) C’est un film dans lequel le gouvernement fédéral a déjà joué à maintes reprises. La ministre du Commerce international, Mary Ng, a annoncé mardi que le Canada contestera les droits compensatoires américains sur le bois d’œuvre en vertu de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).

« Les décisions rendues sur cette question ont invariablement conclu que le Canada était un partenaire commercial équitable, et le Canada est convaincu qu’il continuera d’en être ainsi, a-t-elle rappelé dans un communiqué. Il s’agit d’une autre mesure que prend le Canada pour défendre le secteur forestier et les intérêts nationaux du Canada. »

Les États-Unis ont doublé en novembre leurs droits compensatoires perçus sur les exportations de bois d’œuvre canadien. Ils sont passés d’une moyenne de 8,99 % à 17,9 %. Cette mesure frappe particulièrement Produits forestiers Résolu. L’entreprise, dont le siège social est à Montréal, doit débourser une taxe combinée de 29,66 %.

La ministre Ng considère que ces droits compensatoires sont injustifiés et demande à nouveau aux États-Unis de cesser de les imposer. Elle a fait valoir qu’ils nuisent tout autant aux consommateurs américains en faisant augmenter le coût de la construction, des rénovations et, par conséquent, du logement.

« Le Canada a fait savoir à maintes reprises aux États-Unis qu’il était prêt à travailler à une solution négociée à ce problème commercial de longue date, qui permettrait le retour à un commerce transfrontalier prévisible du bois d’œuvre résineux, dans l’intérêt des travailleurs de chacun des deux pays », a-t-elle indiqué.

Dans le cadre de cette contestation, des groupes binationaux devront déterminer si le fait d’avoir doublé les droits compensatoires sur le bois d’œuvre est conforme à la loi américaine. C’est le département américain du Commerce qui fixe généralement leur nouveau taux annuel.

Cette annonce de la ministre Ng survient alors que le gouvernement de Justin Trudeau a choisi d’adopter une approche plus combative à l’égard du protectionnisme américain. Dans les lettres de mandat de son trio économique, le premier ministre demande à ses ministres d’avoir une approche plus ferme. Celle de Mary Ng ne faisait toutefois pas mention de l’industrie du bois d’œuvre, ce qui avait été dénoncé par le Bloc québécois.

Le parti accuse le gouvernement fédéral de faire preuve de favoritisme à l’égard d’autres secteurs de l’économie qui touchent d’autres provinces, comme l’industrie automobile. Il réclame des mesures de représailles à l’endroit des États-Unis avec l’imposition de tarifs équivalents et dissuasifs.

« Les droits imposés par les États-Unis ont un impact sur l’économie de plusieurs régions du Québec de même que sur notre commerce local », a fait valoir le porte-parole du Bloc québécois en matière de commerce international, Simon-Pierre Savard-Tremblay, dans un communiqué. « Une action immédiate et plus forte doit être encourue. »

L’industrie canadienne du bois d’œuvre emploie près de 185 000 travailleurs, principalement en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec.