(Québec) Les élus de Québec solidaire vont boycotter la radio web de Québecor pour dénoncer les propos « haineux et dégradants » de Gilles Proulx. Eux aussi visés par le chroniqueur, les libéraux exigent son départ. Ces propos ont également été condamnés par des élus caquistes.

« Je demande à Gilles Proulx, Richard Martineau et Qub radio une rétractation complète et des excuses publiques. Tant et aussi longtemps que ces excuses n’auront pas été formulées, aucun député de Québec solidaire ne participera aux émissions de Qub radio. Nous examinons également les recours légaux qui s’offrent à nous », a dénoncé jeudi le chef parlementaire du parti, Gabriel Nadeau-Dubois, dans un communiqué de presse.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois

« Nous sommes des êtres humains, nous avons des familles. Il y a des limites », a-t-il ajouté.

Le parti reproche à Gilles Proulx des propos tenus le 10 mars dernier à l’émission de Richard Martineau. « Les députés de Québec solidaire y sont qualifiés de “bâtards et de “cochonneries par le chroniqueur, en plus d’être traités de “gangrène”, de “menteurs et d’être accusés de se livrer à de la “putasserie », a déploré M. Nadeau-Dubois.

Et dans une autre chronique maintenant retirée du web, toujours avec Richard Martineau, le député souligne que « M. Proulx va plus encore plus loin. » « Après avoir longuement parlé de moi, il s’exclame : “on devrait les achever une fois pour toutes, ces épais.” », a-t-il ajouté.

Québecor n’a pas répondu à la demande d’entrevue de La Presse, mais l’animateur et chroniqueur Richard Martineau a défendu son chroniqueur sur les médias sociaux en sommant Québec solidaire d’« arrêter de JOUER À LA VICTIME ! [sic] ». Il estime que Québec solidaire a monté « certains propos en épingle » et a cité M. Proulx « à tort et à travers ».

Le chroniqueur s’est lui aussi défendu dans un message. « Je ne parlais pas de lui ou de son parti lorsque je disais “Les Anglais ont raison, on devrait les achever une fois pour toutes, ces épais.” J’ironisais à propos de nous, les Québécois ». Quant aux qualificatifs de « bâtards », « cochonneries » et « gangrène », M. Proulx estime qu’ils sont justifiables dans « une société libre et démocratique ».

Mais ce n’est pas la première fois que M. Proulx utilise des termes injurieux contre des élus. En septembre 2022, il avait qualifié les députés libéraux de « bâtards de démagogues puants ». « À abattre, à abattre. Le Parti libéral c’est un parti de caves ou de voleurs », avait-il lancé, toujours sur les ondes de Qub, a rappelé l’animateur Olivier Niquet sur les médias sociaux.

C’était la goutte de trop pour les libéraux. « Au nom du Parti libéral, j’interpelle la direction de Qub Radio afin que cet individu ne puisse plus sévir de la sorte sur leurs ondes », a affirmé le chef par intérim du PLQ Marc Tanguay dans une déclaration en fin de soirée.

Climat hostile

M. Nadeau Dubois estime de son côté qu’« il est normal et sain que des chroniqueurs critiquent sévèrement les élus et leurs idées », mais qu’« ici, on a affaire à des propos violents, haineux et dégradants envers des élus de l’Assemblée nationale du Québec, sur les ondes d’un média important ». Il s’en est pris également à M. Martineau, qui n’est « jamais intervenu » pour rectifier ces propos.

« On ne peut pas tolérer ça et Qub radio n’aurait pas dû tolérer ça », a-t-il dénoncé. M. Nadeau-Dubois fait un lien entre ces propos et le « climat hostile et même parfois violent sur les réseaux sociaux ». « Lors de la dernière campagne électorale, les menaces envers des élu-es ou des candidat-es ont explosé. Un nombre record d’arrestations ont été effectuées par les forces policières », a-t-il écrit.

« Dans ce contexte, nous avons tous une responsabilité. La grande majorité des chroniqueurs font leur travail avec respect, mais si des propos haineux, violents et dégradants sont tolérés sur ses ondes, Qub radio est responsable. Les propos de Gilles Proulx sont non seulement dangereux pour le climat social, ils mettent également en danger la sécurité des élus de Québec solidaire », a-t-il dénoncé.

Sur les médias sociaux, la sortie de Québec solidaire a reçu l’appui d’élus d’autres formations politiques.

Nous sommes des êtres humains. Nous avons des familles. Il y a des limites.

Bernard Drainville, ministre de l’Éducation

La libérale Marwah Rizqy a affirmé qu’elle a croisé M. Nadeau-Dubois en journée et qu’elle l’a « rarement vu aussi ébranlé, et pour cause ». « Il m’a fait écouter l’extrait ou l’on entend un chroniqueur dire “on devrait les achever une fois pour toutes, ces épais”. Cette incitation à la violence est totalement inacceptable », a-t-elle dénoncé.