Malgré les fuites majeures provoquées par la corrosion d'une partie des conduites de son réseau de distribution d'eau, la Ville de Montréal se montre toujours réticente à miser sur des tuyaux en PVC. Même s'ils ne rouillent pas, la métropole juge qu'ils sont moins résistants et plus difficiles à inspecter, ce que réfute l'industrie.

La Presse révélait la semaine dernière que la rupture de canalisation survenue le 30 octobre 2015 dans Villeray avait été provoquée par la corrosion d'une conduite en béton-acier passant sous le boulevard Pie-IX. L'armature du tuyau avait été grugée au fil des années par le sel utilisé pour déglacer la chaussée en hiver, ce qui avait provoqué une fuite ayant inondé 210 logements.

Des fabricants de tuyaux en PVC pressent depuis des années la Ville de Montréal de s'ouvrir davantage à leurs conduites pour réduire les ruptures majeures comme celle qui s'est produite il y a un an. Depuis 2015, la métropole accepte que les entrepreneurs utilisent ces conduites de plastique sur une partie de son réseau secondaire, mais pas pour le réseau principal ou sous les rues importantes.

« C'est un produit qu'on vend partout au Canada et c'est le produit qui a le plus bas taux de fuite », affirme Louis-Philippe Dubé, directeur des ventes des systèmes municipaux dans l'est du Canada chez IPEX.

La Ville évoque plusieurs réticences pour expliquer cette décision. « Lorsqu'un bris survient, la fissure est généralement longitudinale, ce qui n'est pas acceptable pour une conduite de transport avec un débit important », dit Philippe Sabourin, porte-parole de Montréal. Le représentant d'IPEX rétorque que de telles ruptures sont rares. Et pour les réduire, son entreprise a développé une conduite conçue pour ne pas se rompre sur la longueur.

Difficultés d'inspection

La métropole trouve également « peu efficace » l'auscultation de ces conduites pour détecter les faiblesses avant qu'elles ne cèdent. M. Dubé dit qu'il est faux de penser que ces conduites sont plus difficiles à inspecter.

La métropole juge aussi que « le PVC résiste moins bien aux impacts », un problème majeur à Montréal où les travaux se multiplient. Louis-Philippe Dubé réplique que les conduites de plastique, n'étant pas attaquées par la corrosion, conservent une meilleure résistance à long terme.

Longtemps fermée à l'utilisation du PVC, la Ville de Montréal la permet dorénavant sur le réseau secondaire, mais en imposant plusieurs limites.

Le PVC est notamment exclu de tout le territoire du centre-ville et sous les rues artérielles.