La directrice du Centre Sino-Québec et conseillère municipale, Xixi Li, réclame 68 000 $ en dommages à la mairesse de Brossard, Doreen Assaad. Quand son organisme a été ciblé par la GRC l’an dernier à titre de « poste de police chinois clandestin », Mme Li estime que la mairesse a « multiplié les déclarations afin de la discréditer ».

Dans la poursuite déposée jeudi, la conseillère dit avoir « vu sa motivation et sa dévotion écrasées sous le poids des propos proférés par sa collègue de travail ».

Xixi Li affirme avoir vécu un « stress énorme » à l’époque, ayant même été obligée « de s’enfermer chez elle pour échapper aux remarques et commentaires des résidants et des journalistes ». Elle s’est d’ailleurs fait prescrire des médicaments pour dormir en plus de consulter un travailleur social pendant six mois.

Ses avocats affirment aussi que « malgré son souhait de continuer à travailler en politique, il sera difficile pour [Mme Li] de se présenter de nouveau aux élections municipales de 2025 de la ville de Brossard en raison du narratif exposé » par la mairesse Assaad.

En mars 2023, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) avait lancé une enquête sur deux présumés « postes de police chinois » au Québec qui auraient instauré un « climat de terreur » au sein d’une partie de la diaspora chinoise.

Les deux organismes alors visés, la Famille Chinoise du Grand Montréal et le Centre Sino-Québec, sont présidés par Li Xixi, qui est également conseillère municipale de l’opposition à Brossard. Personne n’a encore été accusé dans le cadre de cette enquête.

Tout cela survient alors qu’un plus tôt cette semaine, mercredi, les deux organismes, qui disent avoir perdu plus de 3 millions de dollars en financement en raison de ce dossier, avaient déjà déposé une poursuite en dommages moraux et punitifs de 5 millions de dollars contre la GRC. La poursuite contre la mairesse réclame quant à elle un total de 68 000 $.

« Je m’attendais à plus de solidarité »

Le printemps dernier, la mairesse Assaad avait révélé dans la foulée de cette affaire que son parti a porté plainte auprès du Directeur général des élections du Québec (DGEQ) contre Li Xixi pendant la dernière campagne électorale municipale. Le parti de la mairesse déplorait que la candidate bénéficie de l’implication « active » de Sino-Québec dans la campagne.

« Les gens me demandent si je suis surprise par l’enquête de la GRC. Oui, mais j’ai quand même observé des gestes et des comportements durant la campagne électorale qui soulevaient déjà des questions éthiques. En tant que conseillère municipale, Li Xixi a quand même accès à énormément d’informations sur le processus de prise de décisions de la Ville », avait notamment fait valoir Mme Assaad en entrevue avec La Presse.

Selon la conseillère Li, la mairesse a ainsi « remis en question la légitimité » de son élection et de « son intégrité dans sa fonction d’élue de Brossard, en plus « d’attaquer la crédibilité du Centre Sino-Québec ».

« Il n’est pas facile pour les femmes racialisées de remplir plusieurs rôles au sein de la famille, de la communauté et de la fonction publique. Je m’attendais donc à plus de solidarité de la part d’une autre élue. Au lieu de cela, Mme Assaad a jeté de l’huile sur le feu des préjugés, me causant encore plus de torts », a expliqué Mme Li, dans une déclaration envoyée aux médias jeudi.

Avec Vincent Larouche, La Presse