Les organismes communautaires de Montréal et Brossard qui avaient été ciblés par la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) l’an dernier à titre de postes de police clandestins du gouvernement chinois viennent de déposer une poursuite en dommages de 5 millions de dollars contre le corps policier, de concert avec une de leurs dirigeantes.

Personne n’a été accusé dans le cadre de cette enquête de la GRC, qui ciblait le Service à la Famille Chinoise du Grand Montréal (SFCGM) et le Centre Sino-Québec de la Rive-Sud (CSQRS). Les deux organismes ainsi que Mme Xixi Li, qui fait partie de leurs équipes de direction, disent avoir subi de lourdes conséquences en raison des déclarations publiques de la police à leur sujet.

« La divulgation par la GRC des noms des demandeurs comme étant sous enquête pour des crimes extrêmement sérieux a créé un climat de méfiance envers les organismes et les différents acteurs avec lesquels ils interagissent dans le cadre de leur mission », affirme la poursuite, déposée en Cour supérieure à Montréal.

« Dans l’œil du public, les demandeurs sont, et continueront de l’être à l’avenir, des agents étrangers responsables d’ingérence en sol canadien qui commettent des actes illégaux au sens du droit criminel », poursuit le document.

Les organismes disent avoir perdu plus de 3 millions de dollars en financement qui provenait des gouvernements et d’organismes publics.

« Nous espérons que cette action en justice permettra de rétablir la réputation de nos organisations qui ont subi de graves préjudices à la suite des allégations de la GRC », a déclaré Mme Xixi Li dans un communiqué.

« J’espère que le dépôt des procédures permettra un dialogue efficace entre mes clients et la GRC afin que leur réputation et les dommages qu’ils ont subis puissent être rapidement réparés. Mes clients espèrent que l’affaire pourra être résolue à l’amiable, mais ils sont également prêts à aller jusqu’à procès s’il le faut. Ils feront tout ce qui est nécessaire pour réparer leur réputation », a ajouté MMaryse Lapointe, l’avocate qui représente les plaignants avec sa collègue MEsther Villeneuve.

En réponse aux questions des médias, l’an dernier, la GRC avait confirmé avoir eu vent que les établissements visés se livraient à de l’intimidation en lien avec le régime du Parti communiste chinois. Des cas semblables avaient été rapportés ailleurs dans le monde.

« On parle de pressions, de menaces voilées ou pas voilées. Il semble même qu’il pourrait y avoir un climat de terreur qui règne dans la diaspora pour certaines personnes. C’est pour ça qu’en cours d’enquête, on corrobore et surtout, on demande l’aide du public. On a besoin de l’information des gens qui subissent des pressions », avait déclaré le sergent Charles Poirier.

Une ligne téléphonique spéciale avait été mise sur pied pour recevoir les signalements à ce sujet et plusieurs citoyens y avaient eu recours, selon la GRC.

Le sergent Poirier avait aussi expliqué à La Presse qu’en matière d’ingérence étrangère, la police peut parfois avoir du succès en perturbant les plans d’acteurs malicieux, même si des accusations criminelles ne sont pas portées. Peu après, le ministre Marco Mendicino avait confirmé que les postes de police chinois clandestins en sol canadiens avaient été fermés suite à l’action des policiers.