L’enquête ouverte par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) sur le discours prononcé par le controversé imam Adil Charkaoui pendant une récente manifestation à Montréal est maintenant entre les mains du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).

C’est ce qu’a précisé vendredi le sergent Charles Poirier, du détachement québécois de la GRC, en précisant que « le dossier d’enquête a été remis au procureur du DPCP il y a quelques semaines » déjà.

« Nous sommes donc en attente d’une décision de leur part pour déterminer si des accusations seront portées ou non. Je peux vous confirmer que M. Charkaoui n’a pas été arrêté par la GRC dans ce dossier », a poursuivi M. Poirier par courriel.

Le DPCP, de son côté, a indiqué avoir bien reçu le dossier d’enquête, sans toutefois donner plus de détails sur la suite des choses.

Plus tôt, en novembre dernier, la GRC avait annoncé que son équipe intégrée de la sécurité nationale prenait en charge l’enquête criminelle d’abord entreprise par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sur M. Charkaoui. Ce dernier avait été filmé alors qu’il haranguait la foule lors d’une manifestation en appui au peuple palestinien le 28 octobre dernier.

« Allah, charge-toi de ces agresseurs sionistes. Allah, charge-toi des ennemis du peuple de Gaza. Allah, recense-les tous, puis extermine-les. Et n’épargne aucun d’entre eux ! », avait-il lancé en arabe.

Le premier ministre François Legault avait réagi en évoquant « de l’incitation à la haine, à la violence ». « Moi, je compte sur les policiers pour faire leur travail, avait-il ajouté. Ce n’est pas à moi de leur dire comment faire leur travail, mais inciter à la violence, ce n’est pas permis. »

Sur les réseaux sociaux, Adil Charkaoui s’était ensuite défendu d’avoir fait un appel à la haine et à la violence envers les Juifs. Il s’agissait en fait d’un appel à Dieu, et jamais il n’a prononcé le mot « Juif », a-t-il expliqué dans une vidéo diffusée en direct. Il disait aussi citer le Coran pendant son discours.

Rappelons que M. Charkaoui a été emprisonné en vertu d’un certificat de sécurité au début des années 2000, car les autorités canadiennes le soupçonnaient d’être un agent dormant du groupe terroriste Al-Qaïda. Il a été libéré parce que le gouvernement canadien ne voulait pas dévoiler devant la cour la source des informations obtenues à son sujet. Il n’a jamais été accusé d’un crime en lien avec ces soupçons et il poursuit le gouvernement canadien en dommages depuis 13 ans.

Avec Vincent Larouche, La Presse