La police de Longueuil enquête sur des menaces de mort visant la mairesse Catherine Fournier, liées au dossier controversé sur les cerfs du parc Michel-Chartrand.

Ces menaces ont été proférées par le même individu depuis quelques semaines, a indiqué à La Presse Olivier Simard, du cabinet de la mairesse.

« Le dossier est sous enquête et l’arrestation du principal suspect n’a pas été effectuée », a confirmé l’inspecteur Gino Iannone, porte-parole corporatif pour le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL). Il a précisé ne pas pouvoir entrer dans les détails sur la façon dont ces menaces ont été exprimées à l’endroit de Mme Fournier.

Rappelons que le dossier de la surpopulation des cerfs de Virginie dans ce parc longueuillois soulève les passions depuis plusieurs années. Le 26 octobre, la Cour d’appel du Québec — le plus haut tribunal de la province — a maintenu un jugement précédent de la Cour supérieure permettant à la ville d’aller de l’avant avec l’abattage de certains animaux, par une chasse contrôlée.

Ce n’est pas la première fois que la saga sur les cerfs du parc Michel-Chartrand conduit à des actes criminels. En 2020, trois individus avaient été arrêtés par la police pour des menaces de mort à l’endroit de l’ex-mairesse de la ville, Sylvie Parent, toujours en lien avec la décision controversée d’abattre certains cerfs de ce parc municipal.

Protection accrue autour de la mairesse

Depuis septembre, un système de protection rapproché a été mis en place autour de Catherine Fournier, a aussi indiqué le cabinet de la mairesse. Soit avant même la réception de ces menaces de mort.

C’est le SPAL qui a proposé d’instaurer ce protocole afin de mieux protéger l’élue, explique l’inspecteur Iannone. « Il y a eu plusieurs incidents qui auraient pu brimer la sécurité de la mairesse, mais sans constituer un acte criminel », affirme-t-il. Ça a été mis en place « dans le contexte où Mme Fournier est très présente sur la place publique, à gérer de nombreux dossiers polarisants, ajoute-t-il. Il y a beaucoup d’effervescence autour de la mairesse, et on ne voulait pas attendre que des évènements [malheureux] arrivent. »

Les policiers assignés à la protection de la mairesse font partie des équipes du SPAL, et ont aussi reçu une formation de la Sûreté du Québec et du ministère de la Sécurité publique. Ils ne sont pas déployés 24 h sur 24, mais bien en fonction des « menaces potentielles », précise M. Iannone.

Le SPAL n’a pas eu à faire l’embauche de nouvelles ressources pour assurer ce protocole. Cette restructuration n’a aucun impact sur les « services directs aux citoyens », ajoute-t-il.

À Longueuil, c’est bien la première fois qu’un tel protocole de protection est déployé autour d’un élu, souligne M. Iannone. « Tout le monde a le droit à la liberté d’expression — [notamment] sur le débat en lien avec les chevreuils — mais nous on va appliquer à la lettre le Code criminel », prévient-il. « Tous les dossiers, incluant les menaces, vont être traités avec sérieux. »

Les menaces envers les élus en hausse

Ce nouveau protocole à Longueuil survient dans un contexte où la sécurité des élus est de plus en plus menacée à l’échelle du pays. À la fin du mois de septembre, un homme qui avait proféré des menaces à l’endroit des premiers ministres Justin Trudeau et François Legault a été blessé lors d’une opération policière de la Sûreté du Québec en Estrie. Il a ensuite fait face à plusieurs chefs d’accusation.

À la fin de la dernière campagne électorale au Québec, la Sûreté du Québec avait fait état de 217 signalements reçus à la suite de menaces envers des élus et des candidats québécois. Au total, une trentaine de personnes avaient été arrêtées.

La situation avait aussi mené à l’instauration de nouvelles mesures de protection des élus pendant la campagne, dont le port de gilets pare-balles.

Précision
Dans une version précédente de ce texte, nous indiquions que les trois personnes arrêtées pour menaces de mort envers l’ex-mairesse de Longueuil l’avaient été à Longueuil. Ces individus n’étaient pas citoyens de Longueuil. Nos excuses.