Longueuil pourra procéder à l’abattage des cerfs en surpopulation dans le parc Michel-Chartrand, selon un jugement rendu jeudi par la Cour d’appel, qui rejette ainsi la requête des défenseurs des droits des animaux s’opposant à la décision de la Ville.

La Cour d’appel maintient donc le jugement rendu en août dernier par la Cour supérieure, qui affirmait que « la Ville [de Longueuil] et le MFFP [ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs] ont tout mis en place afin que l’opération de chasse contrôlée à l’arbalète s’exécute dans le respect de la sensibilité des cerfs permettant qu’il soit mis fin à leur vie d’une manière aussi douce et rapide que possible ».

Tous s’entendent sur le fait que la prolifération de ces animaux dans le parc, très fréquenté, entraîne une dégradation de la végétation et représente un danger pour la sécurité routière. Longueuil a obtenu en août 2022 un permis du MFFP pour tuer un maximum de 100 cerfs.

Les opposants, le groupe Sauvetage Animal Rescue, prônaient plutôt un déplacement des cerfs, mais des experts ont rejeté cette solution, en soulignant que les bêtes risquaient de ne pas survivre à une telle opération.

Critères d’éthique

Dans sa contestation judiciaire, Sauvetage Animal Rescue, représenté par la célèbre avocate Anne-France Goldwater, plaidait aussi que le groupe n’avait pas pu pleinement faire valoir ses arguments contre l’abattage.

« La Ville a préalablement rencontré les représentants de Sauvetage Animal afin de discuter des mesures requises pour réduire le cheptel de cerfs dans le Parc. La Ville a même accepté la proposition de cet organisme de relocaliser une partie des cerfs concernés. Or, cette proposition fut rejetée par le Comité d’éthique vu qu’elle ne répondait pas aux critères d’éthique du bien-être animal », écrit le juge Robert M. Mainville, de la Cour d’appel, dans son jugement rejetant la permission d’en appeler de la décision de la Cour supérieure.

Cette saga dure depuis plusieurs années et déclenche les passions. Pendant ce temps, le troupeau se multiplie : alors qu’ils n’étaient qu’une trentaine en 2020, les cerfs sont maintenant 117, dans un parc d’une superficie de moins de 2 km⁠⁠2, qui pourrait abriter tout au plus une quinzaine de bêtes.

Dans un communiqué, la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, se dit satisfaite de la décision de la Cour d’appel. « Nos équipes poursuivront le travail pour mener à terme l’opération de réduction du cheptel et ainsi rétablir l’équilibre écologique du parc Michel-Chartrand, tel que nous l’avions rapidement entrepris dans les semaines suivant notre entrée en fonction à l’hôtel de ville, à l’automne 2021 », a-t-elle affirmé.

« L’état du parc Michel-Chartrand continue de se dégrader rapidement en raison de la surpopulation de cerfs, ce qui inquiète les citoyennes et les citoyens, en plus des enjeux de sécurité routière inhérents aux abords du parc », fait valoir Jonathan Tabarah, conseiller municipal du secteur.

L’échéancier révisé et le « Plan d’intervention » de la Ville seront communiqués à la population prochainement, ajoute-t-on.

Menaces de mort

La Ville de Longueuil avait pris la décision de réduire le nombre de cerfs en novembre 2020. Cette annonce a toutefois provoqué un tollé et le dépôt d’une pétition d’opposition de près de 40 000 noms. La mairesse d’alors, Sylvie Parent, avait même reçu des menaces de mort — tout comme la mairesse actuelle, un an plus tard.

Devant cette contestation, la Ville avait finalement renoncé à son projet d’abattage, optant plutôt pour un déplacement des animaux, qui aurait été mené par Sauvetage Animal Rescue.

Le groupe devait cependant obtenir l’autorisation du gouvernement du Québec pour attraper, anesthésier et transporter 15 cerfs vers deux zoos, ce qui nécessitait le feu vert du Comité d’éthique de l’utilisation des animaux (CEUA) de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.

Le comité a toutefois rejeté la demande, en soulignant les nombreux risques d’une telle opération pour les animaux.

Après l’élection d’un nouveau conseil, en novembre 2021, la Ville a réactivé le processus pour abattre les bêtes.

Sauvetage Animal Rescue s’est adressé aux tribunaux en mai 2022 pour s’opposer à l’opération, retournant ensuite en cour pour obliger Longueuil à attendre le jugement final avant de commencer la chasse aux cerfs.