Des dizaines de personnes se sont butées à une porte close lundi à la boutique illégale de champignons magiques Funguyz qui devait ouvrir dans l’arrondissement de Ville-Marie, à Montréal.

Ce qu’il faut savoir

  • La boutique illégale de champignons magiques Funguyz n’a pas ouvert ses portes comme prévu lundi.
  • Le gouvernement Legault, tout comme le SPVM, rappelle que la vente de champignons magiques est illégale.
  • De son côté, le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, réitère son soutien à la décriminalisation de la possession simple de drogue pour usage personnel.

« Je suis déçu. Ils ne répondent même pas au téléphone », a laissé tomber Michel Lefebvre, rencontré lundi après-midi devant le magasin de la rue Ontario, à l’intersection de l’avenue Papineau. L’homme de 75 ans se réjouissait de pouvoir venir se procurer des champignons magiques en personne. « Je ne fais pas confiance aux produits en ligne », dit-il.

La chaîne de magasins de champignons magiques Funguyz, qui compte déjà 11 magasins au Canada, avait annoncé son ouverture à Montréal lundi. Or, l’établissement était toujours fermé en fin de soirée lundi, au passage de La Presse, sans que l’on connaisse la raison.

À l’intérieur, un employé a toutefois précisé qu’il serait officiellement ouvert mardi en fin d’avant-midi, mais a refusé de faire tout autre commentaire.

Les clients étaient toutefois nombreux à s’être déplacés lundi après-midi pour l’occasion. « Je voulais avoir du Golden Teacher », a confié Michel Lefebvre. Sur le site internet de Funguyz, on décrit le Golden Teacher comme la variété la plus sûre et la plus douce de champignons magiques Psilocybe cubensis.

Un grand nombre de curieux s’arrêtaient devant l’établissement, dont l’inscription affiche « Magasin de champignons magiques ». Les fenêtres du commerce sont recouvertes d’affiches représentant des champignons bleus et roses, rendant impossible de voir à l’intérieur.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Les fenêtres du commerce sont recouvertes d’affiches représentant des champignons bleus et roses, rendant impossible de voir à l’intérieur.

D’autres personnes ont rebroussé chemin, l’air déçu, en constatant que l’ouverture du commerce n’avait pas encore eu lieu. « Bon, je vais aller sur le marché noir à la place », s’est exclamé un jeune homme avant de quitter les lieux.

« On ne veut pas voir ce genre de commerce »

Le commerce n’est pas accueilli favorablement par le gouvernement Legault. Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, ferme clairement la porte, en soutenant qu’il « ne veut pas voir ce genre de commerce sur notre territoire ».

« Les drogues hallucinogènes comme les champignons magiques sont illégales. La vente de ce type de produit peut mener à des accusations criminelles. Les corps de police sont aux aguets pour faire respecter les lois sur le territoire », a indiqué lundi son attachée de presse, Roxanne Bourque.

La production, la vente et la possession de champignons magiques sont illégales au Canada. Il est toutefois possible d’y avoir accès légalement à des fins thérapeutiques, par l’entremise d’un programme de Santé Canada en vigueur depuis janvier 2022. L’accès est toutefois très limité.

Au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), la porte-parole Anik de Repentigny soutient que « la vente au détail de champignons magiques et de dérivés de leur substance active, la psilocybine, est régie par la Loi réglementant certaines drogues et autres substances (LRCDAS) ».

« Comme cette drogue est interdite en vertu de l’annexe III de la LRCDAS, le SPVM est en droit d’appliquer le règlement comme il est inscrit au Code criminel si des infractions en venaient à être commises. Le SPVM suit ce dossier de près », écrit-elle. Pour le reste, la police montréalaise ne compte pas dévoiler « ses intentions ni ses stratégies d’intervention » dans ce dossier, a ajouté Mme de Repentigny.

La décriminalisation « sauve des vies »

Au cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, on juge toutefois que « dans une optique de santé publique, la décriminalisation de la possession simple de drogue pour usage personnel sauve des vies par la réduction des méfaits ».

« C’est d’ailleurs une position qui est partagée par Montréal, alors qu’une déclaration allant en ce sens a été adoptée au conseil municipal. Toutefois, malgré la position forte de notre administration concernant la décriminalisation de la possession simple de drogue, la vente de psilocybine demeure illégale et le SPVM continuera donc d’appliquer la loi », affirme l’attachée de presse Catherine Cadotte.

Avec Vincent Larin, La Presse