Plus d’une centaine de manifestants se sont réunis samedi dans le secteur de Mercier-Est, pour s’opposer à la mise en place du Réseau express métropolitain (REM) de l’Est aérien à Montréal. Un projet qui les relaie au plan de « citoyens de seconde classe », estiment-ils.

Les participants au rassemblement ont marché au son des tambours et des sifflets, brandissant des pancartes où on pouvait lire : « Non au REM aérien. »

Le REM de l’Est, un train léger automatisé, reliera le secteur de Pointe-aux-Trembles au centre-ville de Montréal, au moyen de 25 km de voies aériennes, selon le promoteur du projet, CDPQ Infra, filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Un tracé souterrain de 7 km devrait aussi être déployé dans l’arrondissement de Montréal-Nord.

Selon Daniel Chartier, vice-président du Collectif en environnement Mercier-Est, qui a organisé l’évènement, le REM de l’Est est « un cadeau empoisonné ». Il croit que la ligne verte du métro dessert déjà bien la population de l’est de la métropole.

« Faire passer le REM à côté de la ligne verte, ça ne donne pas grand-chose. C’est un peu une aberration, c’est plus une manière de venir siphonner les finances de la STM [Société de transport de Montréal] pour que l’argent se ramasse dans les coffres de la Caisse [de dépôt et placement du Québec] », déclare-t-il.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Les participants au rassemblement ont marché au son des tambours et des sifflets, en brandissant des pancartes où on lisait « non au REM aérien ».

Catherine Miron, résidante du quartier de Mercier-Est, est du même avis.

Ce n’est pas avantageux pour nous. Moi, je me rends à pied jusqu’au métro pour me rendre au centre-ville.

Catherine Miron, résidante du quartier de Mercier-Est

Depuis le mois d’août, des résidants du quartier déplorent que le REM aérien soit érigé rue Sherbrooke Est, ce qui nuirait à leur qualité de vie.

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« On est des citoyens de seconde classe aux yeux de CDPQ Infra », dénonce Daniel Chartier.

« C’est un projet d’un autre siècle qui ne respecte pas la volonté des citoyens », estime Marie-Noëlle Lapointe, qui participait à la manifestation en compagnie de ses deux filles. « Je n’aimerais pas que mes filles, dans quelques années, aient à se promener sur la rue Sherbrooke avec une structure comme ça », poursuit-elle.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

« De Percé à Montréal, protégeons nos espaces… de vie », peut-on lire sur cette pancarte.

Le Collectif en environnement Mercier-Est a déjà distribué 14 000 dépliants dans des boîtes aux lettres, en plus d’avoir rencontré des citoyens afin de discuter du projet controversé. Le groupe a également lancé une pétition destinée à l’Assemblée nationale pour s’opposer au REM de l’Est, qui comptait samedi 1217 signatures.

CDPQ Infra dit avoir sélectionné une structure aérienne dans l’est de la métropole « à la lumière de ses nombreux avantages ».

« Cette conception permet d’insérer le nouveau métro léger sans impacter ni l’aménagement actuel de la voirie ni la circulation des piétons, des vélos et des voitures en plus de réduire considérablement la quantité d’acquisitions foncières à effectuer », peut-on lire sur le site web de la CDPQ.

Projet Montréal s’oppose au REM aérien dans l’est

Le maire de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, a pris part à la manifestation.

« La Caisse ne semble pas avoir fait un travail sérieux en proposant un REM aérien sur Sherbrooke », estime M. Lessard-Blais. Il a rappelé que Projet Montréal s’opposait à la mise en place du REM aérien rue Sherbrooke, puisqu’il juge la voie trop étroite. CDPQ Infra devrait analyser « sérieusement » un tracé souterrain, souligne-t-il.

« Le REM de l’Est ne peut pas tirer le quartier vers le bas, ce serait inacceptable », renchérit le maire d’arrondissement.

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a aussi participé à la manifestation. « Il y a un problème d’équité envers les gens dans l’est de Montréal depuis des décennies », déclare-t-il.

La Presse a rapporté au mois de novembre que l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) dévoilerait au début de l’année 2022 une analyse concernant les répercussions du REM de l’Est. L’ARTM déposera ce document au gouvernement, dans le cadre de l’évaluation du projet du REM par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement.

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