La Ville de Montréal versera près de 4 millions de dollars en allocations de départ et de transition aux élus dont le mandat s'est terminé en novembre dernier, qu'ils aient été défaits ou qu'ils aient décidé de ne pas se représenter. Au total, ils sont 41 personnes à bénéficier de cette aide prévue par la Loi sur le traitement des élus municipaux.

L'ancien maire Denis Coderre recevra ainsi 194 000 $ pour ses quatre années passées à la tête de la métropole. De cette somme, 26 000 $ sont payés à titre d'indemnité de départ et 168 000 $, pour assurer la transition d'ici à ce qu'il décroche un emploi; M. Coderre, comme tous les autres ex-élus, n'est pas admissible à l'assurance-emploi.

Les allocations sont versées en fonction du nombre d'années de service ainsi que de la rémunération que les élus recevaient au cours des douze derniers mois. Les versements s'étaleront sur toute l'année, à toutes les deux semaines. Il s'agit de montants bruts imposables.

La Ville de Montréal a rendu publique la liste des ex-élus bénéficiaires d'allocations. C'est la conseillère municipale et mairesse de l'arrondissement Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension Anie Samson qui empoche les allocations les plus importantes, soit 285 000 $ (134 000 $ et 151 000 $). Mme Samson avait été élue une première fois en 1994 aux côtés du maire Pierre Bourque. Depuis 2013, elle était vice-présidente du comité exécutif et responsable de la sécurité publique.

Juste derrière elle, Harout Chitilian recevra un montant total de 198 000 $. L'ancien chef de Projet Montréal qui avait changé de camp en cours de mandat, obtiendra 187 000 $. L'ex-maire de l'arrondissement Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, qui a également quitté son parti politique pour faire le saut aux côtés de Denis Coderre, a mordu la poussière. Il recevra des allocations totalisant 164 000 $.

Les allocations versées ne peuvent excéder le salaire annuel précédant le départ du conseiller municipal ou du maire.

La spécialiste des affaires municipales Danielle Pilette, professeure à l'UQAM, critique certains aspects de la Loi sur le traitement des élus municipaux. «Quand l'élu ne se représente pas parce qu'il prend sa retraite ou qu'un emploi l'attend déjà, l'allocation de transition est critiquable. Ce devrait être réservé à ceux qui font une réorientation de carrière», juge-t-elle.

Par exemple, l'ancien maire de l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville, Pierre Gagnier, âgé de 82 ans, avait décidé de prendre sa retraite après 16 ans en politique municipale. M. Gagnier recevra une somme de 151 000 $.

Selon Mme Pilette, malgré les «importants défis» auxquels font face les élus municipaux, la rémunération, et de surcroît les allocations de départ et de transition, soulèvent beaucoup de questions dans la population. «Compte tenu des coûts du système politique, on pourrait s'attendre à plus de compétence et d'expérience de la part des élus. À tort ou à raison, il va donc rester un fond d'amertume dans la population parce qu'on entend surtout le maire; les autres élus sont souvent invisibles. C'était particulièrement vrai sous l'administration Coderre», commente Danielle Pilette.