Jean Chrétien a volé en renfort du chef libéral Stéphane Dion à l'occasion d'un rassemblement partisan à Brampton dans le sud-ouest ontarien, vendredi soir, fouettant la dense foule réunie pour l'occasion en lançant des attaques virulentes à l'endroit du chef conservateur.

Il s'est attardé à souligner la faiblesse de l'équipe conservatrice, la comparant à l'équipe qu'offre le Parti libéral du Canada.Comment comparer un Peter McKay et un Maxime Bernier, tous deux ministres des Affaires étrangères sous Stephen Harper, aux anciens ministres libéraux tels que Lloyd Axworthy et John Manley, a-t-il déclaré, ne ménageant pas les railleries.

Accusant le chef conservateur de museler ses ministres, il a affirmé qu'il n'aurait jamais supporté cela à l'époque où il a été, lui aussi, ministre sous Pierre Eliott Trudeau.

«Si Trudeau m'avait traité de la façon dont Harper traite ses ministres, j'aurais démissionné!», a lancé le politicien de 74 ans, devant une foule enthousiaste.

C'est la toute première fois que M. Chrétien mettait le pied dans la campagne électorale de son ancien ministre, qui a connu un début de course difficile mais semble avoir repris du poil de la bête depuis les débats télévisés, selon certains sondages.

Il a rappelé les efforts déployés par M. Dion dans la foulée du référendum sur la souveraineté pour renforcer l'union canadienne lorsqu'il était membre de son cabinet.

«Il ne m'a pas laissé tomber, il n'a pas laissé tomber le Canada», s'est écrié M. Chrétien devant près d'un milier de partisan.

Par ailleurs, M. Chrétien n'a pas manqué d'écorcher le chef conservateur sur sa réaction à l'entrevue difficile qu'a accordée M. Dion à la chaîne CTV jeudi.

« (M. Dion) est quelqu'un capable de faire face aux attaques les plus sales, les plus méchantes et les plus personnelles, et c'est arrivé pas plus tard qu'hier (jeudi) soir», a-t-il soutenu.

Lors de cet entrevue, M. Dion avait dû se reprendre à plusieurs reprises parce que, a-t-il indiqué par la suite, il n'était pas certain d'avoir compris la question en anglais, une langue qui lui demande beaucoup d'efforts.

M. Harper avait alors convoqué exceptionnellement la presse pour tenter de tirer profit de cette histoire, selon les libéraux.

Dernier sprint

L'intervention de celui qui a été premier ministre fédéral de 1993 à 2003 visait à énergiser les troupes pour le dernier sprint qui s'amorce avant les élections de mardi.

Selon un proche de M. Chrétien, le sénateur Jim Munson, cette apparition de l'ancien premier ministre libéral aux côtés de M. Dion aurait pu survenir plus tôt, mais M. Chrétien devait rester au chevet de sa femme qui a été opérée au coeur.

Dans une province où une quarantaine des 106 circonscriptions seront chaudement disputées, les libéraux espèrent que la présence d'un ténor du parti, qui a toujours été populaire en Ontario, puissent leur faire gagner des points.

M. Chrétien, dont le discours n'a pas fait mentir sa réputation de bagarreur, a emboîté le pas à un autre ex-premier ministre libéral, Paul Martin, qui s'était exprimé plus tôt cette semaine pour appuyer la campagne de M. Dion.

Pour sa part, M. Dion a voulu vendredi soir contrecarrer l'attrait que pourrait représenter un vote pour les néo-démocrates en se présentant comme l'unique alternative à M. Harper au poste de premier ministre.

«Un vote pour Jack Layton ne sauvera qu'un seul emploi: celui de M. Harper», a-t-il prétendu, insinuant que le chef du Nouveau Parti démocratique n'était pas en mesure de remporter suffisamment de sièges pour se hisser au pouvoir.

Tant M. Dion, M. Layton et M. Harper faisaient campagne en Ontario vendredi pour s'arracher les votes des derniers indécis.