Au 40e jour de la campagne électorale, jeudi, la carapace conservatrice semble craquer un peu, le chef libéral se justifie deux fois plutôt qu'une et le chef néo-démocrate est critiqué pour certains de ses engagements.

Stephen Harper a laissé entendre qu'il annoncerait bientôt des mesures pour accélérer l'accueil de réfugiés syriens. Le chef conservateur n'a pas précisé quand, ni quoi.

«Je ne suis pas en position de faire une annonce aujourd'hui. (...) Nous irons de l'avant avec certains plans là-dessus dans un avenir rapproché», a déclaré le premier ministre sortant, lorsqu'on lui a demandé de préciser quelles mesures spécifiques il prend pour accélérer l'accueil des réfugiés syriens.

Depuis plus d'une semaine, il répétait qu'il n'a pas besoin de changer quoi que ce soit à sa politique d'accueil des réfugiés. La pression des Canadiens, simples citoyens ou élus municipaux et provinciaux, a peut-être eu raison de sa résistance.

«Je trouve ça encourageant», s'est félicité Justin Trudeau.

«Je suis content que peut-être le premier ministre soit en train de reconnaître qu'il se doit d'en faire plus de façon immédiate. Et j'espère encore pouvoir lui en parler», a ajouté le chef libéral.

Son rival néo-démocrate a assuré qu'il pourrait, s'il est élu, ouvrir les portes du Canada à 10 000 réfugiés syriens avant la fin de l'année.

«La première chose à faire est de donner le mandat à quelqu'un de très expérimenté, qui deviendra le commissaire responsable sur le terrain, d'accomplir ça. (...) Quand on veut, on peut», a insisté Thomas Mulcair qui faisait campagne à Winnipeg, jeudi.

Ce n'est pas cet engagement qui lui a valu des critiques, mais bien celui de cesser, dès le lendemain de l'élection d'un gouvernement néo-démocrate le 19 octobre, la participation militaire canadienne aux bombardements aériens contre le groupe État islamique (EI).

Le Bloc québécois reproche ainsi à M. Mulcair de vouloir poser un geste «complètement irresponsable».

La promesse d'abolir le Sénat lui a aussi attiré de vertes critiques de la part de son rival bloquiste. Selon Gilles Duceppe, M. Mulcair offre «du vent» et il le sait. M. Duceppe est convaincu que la Constitution canadienne est «barrée à double tour».

En campagne à Vancouver, Justin Trudeau, a dû se pencher sur le cas d'une de ses candidates en Colombie-Britannique qui vante, avec beaucoup de conviction, les vertus de la marijuana.

«Ça empêche la croissance de nouvelles tumeurs cancéreuses», a dit Joy Davies dans une entrevue au Huffington Post. La dame a également cité une étude qui aurait conclu que les enfants de femmes qui consomment de la marijuana enceintes ont des quotients intellectuels plus élevés.

«Les positions exprimées par cet individu ne reflètent ni la position du Parti libéral du Canada ni ma position personnelle», a dit le chef libéral à propos de sa candidate.

M. Trudeau a dû justifier, encore une fois, son intention de légaliser la marijuana, répétant qu'il veut ainsi mieux contrôler la substance.

Le chef libéral est également revenu sur ses déclarations de l'avant-veille. Dans une entrevue à la CBC, diffusée mardi, M. Trudeau a dit qu'il fallait s'assurer que les diminutions d'impôts aux PME vont bien à des entreprises qui créent de l'emploi et non pas à des particuliers qui constituent des PME afin d'économiser de l'impôt.

M. Trudeau persiste et signe. Son parti est prêt à diminuer les impôts des PME, mais il veut que cette largesse profite à ceux qui créent de l'emploi et contribuent à l'économie canadienne.