Rare unanimité sur la scène politique fédérale: les élections à date fixe facilitent le recrutement de candidats, ont constaté les organisateurs tant conservateurs ou néo-démocrates que libéraux ou bloquistes. Tour d'horizon et présentation de 20 recrues au Québec et dans le reste du Canada.

«Quand vous savez quand sera l'élection, vous ne vous faites pas prendre les culottes à terre...»

Par cette déclaration imagée, le candidat conservateur Gérard Deltell résume bien l'un des avantages des élections à date fixe - en vigueur pour la première fois au Canada - pour recruter de nouveaux candidats. Savoir plusieurs années à l'avance la date du prochain scrutin (le 19 octobre 2015) facilite la réflexion des futurs candidats, qui peuvent notamment planifier leur vie familiale et professionnelle en prévision du scrutin. «C'est clair que c'est un avantage. Choisir de se présenter, c'est une réflexion. Il faut une préparation familiale, personnelle et professionnelle», dit Gérard Deltell, dont l'arrivée sur la scène fédérale a fait couler beaucoup d'encre, notamment parce qu'il venait d'être réélu député de la Coalition avenir Québec à l'Assemblée nationale en 2014.

Sans élections à date fixe, l'économiste Jean-Yves Duclos aurait eu davantage de difficulté à s'engager en politique en raison de ses engagements professionnels. C'est que le candidat du Parti libéral du Canada dans la circonscription de Québec est professeur d'économie à l'Université Laval, où il dirige une chaire de recherche. «La plupart des gens qui ne sont pas en politique ont souvent beaucoup de difficultés face au déclenchement imprévisible d'élections, pour des raisons professionnelles ou personnelles, dit-il. Ça peut se faire [pour des gens dans sa situation professionnelle], mais c'est plus difficile. J'avais des obligations administratives, je dirigeais une équipe de chercheurs. [Partir sans planifier son départ], c'est injuste pour les gens avec qui on travaille.»

Même son de cloche chez Hans Marotte, avocat du Mouvement Action-Chômage Montréal, qui se présente pour le NPD. «Il fallait prévoir la transition, dit celui qui s'est déjà présenté pour le NPD en 2000. J'ai pu m'organiser financièrement parce que je le savais à l'avance, mais beaucoup de gens n'ont pas les moyens de se payer trois mois de campagne sans salaire. Si on m'avait approché un ou deux mois à l'avance, je n'aurais peut-être pas pu me le permettre [sur le plan financier], même si ç'aurait été aussi clair et net pour moi sur le plan des convictions.»

Le format électoral à date fixe a aussi facilité la décision de l'entraîneur d'athlétisme Daniel Saint-Hilaire, qui se présente pour le Bloc québécois. «Ç'a été très important, ça m'a aidé à prendre ma décision, dit-il. Comme entraîneur, on doit faire de la planification, et on commence toujours par la dernière journée, celle de la compétition.»

Tous s'entendent

Les organisateurs des quatre principaux partis sont aussi unanimes: les élections à date fixe ont facilité la planification de leur recrutement. «Le fait d'avoir une élection à date fixe permet d'avoir un calendrier déterminé», dit le ministre Denis Lebel, lieutenant politique du premier ministre Stephen Harper au Québec. «Nous avons pu prévoir un plan de trois ans en sachant que les élections seraient le 19 octobre», dit Pablo Rodriguez, coprésident de la campagne des libéraux au Québec et candidat du PLC dans Honoré-Mercier.

 «Nous avons pu faire nos approches plus tôt, et nos candidats pouvaient planifier leur vie dans leur réflexion, dit Rebecca Blaikie, présidente du NPD et directrice de la campagne au Québec. [Auparavant], on pensait que l'élection s'en venait, certaines personnes nous disaient oui, leur vie changeait pendant l'été et elles n'étaient plus disponibles à l'automne.»