(Québec) L’opposition libérale a tenu à corriger le tir jeudi après avoir incité à dénoncer par vidéo s’il le faut la brutalité de certains enseignants.

La porte-parole en éducation, Marwah Rizqy, a mis fin à la confusion en fin de journée en rectifiant les propos de deux de ses collègues tenus en matinée.

L’opposition réagissait ainsi aux dénonciations filmées d’enseignants qui hurlent en classe en s’adressant à leurs élèves, tout en ayant recours à un langage ordurier.

Les députés libéraux Madwa-Nika Cadet et Frédéric Beauchemin avaient appelé les élèves à dénoncer « de toutes les manières possibles », en filmant s’il le faut, la brutalité des paroles et des gestes de leurs enseignants.

Or Mme Rizqy « ne cautionne pas du tout les enregistrements » et c’est la position officielle du parti, a-t-elle assuré.

« Je comprends que ça puisse être le dernier recours (pour certains élèves), mais il ne faut pas que ça devienne la norme », a-t-elle expliqué en entrevue avec La Presse Canadienne en début de soirée.

Elle suggère plutôt aux jeunes de s’adresser à un « adulte de confiance ».

En mêlée de presse jeudi matin, Madwa-Nika Cadet avait parlé d’« omertà » dans le milieu de l’enseignement et demandait d’y mettre fin.

« On ne peut pas empêcher les jeunes de faire ce qu’ils veulent, donc s’ils veulent enregistrer [leurs enseignants avec leur téléphone], on ne pourra contrôler tout le temps leurs gestes », avait pour sa part argumenté son collègue Frédéric Beauchemin.

« Ce n’est pas une question de dénoncer », a pour sa part affirmé la députée Ruba Ghazal, de Québec solidaire (QS). Quand des élèves s’expriment, il faut que des adultes agissent, selon elle.

« C’est une très mauvaise chose qu’un parent ait été obligé, malgré lui, à penser à cette action. Il n’avait pas le choix parce qu’il sentait que quelque chose ne marchait pas, un manque de leadership dans les écoles. »

Si un enseignant fait mal son travail, un patron doit agir et non pas attendre que les parents doivent eux-mêmes agir, a-t-elle résumé.

Le Parti québécois (PQ) estime pour sa part que c’est « très problématique » d’en arriver à devoir filmer les agissements des enseignants pour se faire justice.

« Commencer à enregistrer en classe sans contexte, filmer, ça nous met dans une situation très particulière et ça pose aussi la question de la présence des téléphones intelligents en classe », a évoqué le député péquiste Pascal Bérubé, qui détient lui-même un brevet d’enseignant.

Il prédit qu’il y aura une hausse des dénonciations dans les prochains jours. Par ailleurs, le PQ réclame un mécanisme « pour retirer des classes des enseignants qui ne sont pas en état d’enseigner et qui ont besoin d’aide ».

À l’origine de toute cette affaire, le cas d’une enseignante qui a été enregistrée en train d’accabler ses élèves en hurlant dans une classe de l’école primaire des Grands-Vents à Saint-Marthe-sur-le-Lac, dans les Laurentides.

L’enseignante a été suspendue, tandis que le directeur a été remplacé pour une période indéterminée.

À la période de questions, Mme Rizqy a indiqué que l’avocate du centre de services scolaire était au courant non seulement des cris et des hurlements, mais aussi de voies de fait, depuis le mois de février au moins, selon un document fourni en preuve au ministre de l’Éducation.

Elle a rappelé qu’on est rendu dans ce dossier à trois plaintes policières pour voies de fait et une plainte policière pour intimidation.

« Tout le Québec a été choqué de qu’est-ce qui se passe présentement », a-t-elle résumé.