Malgré les récents cas de violence de la part d’enseignants mis au jour dans les médias, le cabinet du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, dit que la création d’un ordre professionnel des enseignants n’est « pas dans [ses] cartons ».

Il s’agit pourtant d’un engagement réitéré par la Coalition avenir Québec (CAQ) à de multiples reprises lorsque le parti était dans l’opposition.

En 2012, le chef caquiste François Legault avait annoncé la création d’un tel ordre si son parti était porté au pouvoir.

Six ans plus tard, c’est le porte-parole du parti en matière d’Éducation, Jean-François Roberge, qui estimait en entrevue avec La Presse que « la création d’un ordre [représenterait] un jalon important pour assurer la qualité de l’enseignement donné à nos enfants ».

Il reconnaissait néanmoins qu’il ne pourrait « l’implanter de force » si les enseignants s’y opposaient. Cette idée a finalement été enterrée par le gouvernement caquiste dès le début de son mandat, le ministre de l’Éducation affirmant que sa proposition soulevait trop de résistance de la part des syndicats.

Indignation à Sainte-Marthe-sur-le-Lac

Les récents évènements survenus dans une école primaire de Sainte-Marthe-sur-le-Lac ont relancé le débat.

L’école primaire des Grands-Vents fait les manchettes depuis que Québecor a diffusé des enregistrements où on entend une enseignante de première année crier contre ses élèves.

Tant les parents que la classe politique à Québec se sont indignés qu’elle ait pu sévir aussi longtemps dans cette école sans que des mesures disciplinaires soient prises, d’autant que des parents auraient dénoncé cette situation il y a plusieurs mois.

Le centre de services scolaire des Mille-Îles (CSSMI) a déclenché une enquête administrative, tout comme la police municipale qui se penche sur des allégations de violence physique.

« De la bureaucratie » supplémentaire, dit un syndicat

La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) estime que « la profession est déjà largement réglementée et l’ajout d’un ordre professionnel n’apporterait rien de plus mis à part de la bureaucratie ».

Sans se prendre position officiellement sur la création d’un tel ordre, le président de la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ), Kévin Roy, dit qu’il s’agirait d’un « recours de plus pour les parents, au même titre que les autres ordres professionnels ».

La Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE) ne s’est jamais prononcée sur la création d’un tel ordre, mais son président, Nicolas Prévost, dit aujourd’hui qu’il faudrait peut-être y songer.

Il faudra se reposer la question. Si, pour nous, ça peut être un levier de plus pour éviter ce genre de situation là, on y sera.

Nicolas Prévost, président de la FQDE

Le directeur de l’école des Grands-Vents a été remplacé mercredi.

Dans un communiqué, le centre de services scolaire a écrit que « le lien de confiance est rompu entre les parents et l’école ». La veille, plusieurs parents de l’école primaire avaient émis des critiques virulentes à l’égard du directeur.

Le CSSMI a indiqué à La Presse qu’il n’accorderait pas d’entrevue à ce sujet.

Sans se « cacher » derrière la « complexité des conventions collectives » des enseignants, Nicolas Prévost observe qu’il est difficile de monter un dossier contre une enseignante.

« On a besoin de se lever de bonne heure et d’être très rigoureux », dit M. Prévost, qui ajoute qu’il faut « beaucoup de matériel pour monter un dossier » contre un enseignant.

Les enseignants de l’Ontario sont régis par un ordre professionnel depuis 25 ans. Toutes les décisions sont publiques. Au Québec, entre 2018 et 2022, le ministère de l’Éducation n’a reçu que 13 plaintes envers des enseignants.