«Nettoyer ça, je pense qu'on en a pour l'été.» Même si la pluie continue de tomber et que l'eau risque encore de monter, Marie-Claude Lacombe comme à penser à «l'après». Au jour où, lorsque les eaux se seront retirées, l'étendue des dégâts pourra être constatée. «Ce jour-là, ça va être l'enfer», craint sa voisine Céline St-Onge, une résidante de la rue Archambault à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Voilà maintenant plus d'un mois que le sous-sol de centaines de résidences est inondé. Plus d'un mois que l'eau recouvre les rues, les champs et les terrains. Et tant qu'elle ne se sera pas retirée, il est difficile d'évaluer l'ampleur des dégâts. Or, plusieurs sinistrés craignent d'avoir de bien mauvaises surprises. «Quand ça va partir, ça va être dégueulasse, a prédit Cyril Solbes, rencontré samedi à Saint-Jean-sur-Richelieu. Il y a des feuilles, des débris. Au début des inondations, plusieurs poubelles étaient restées ouvertes et les déchets se promenaient dans les rues.» «Je trouve que le pendant est moins pire que le verglas, mais je pense que l'après va être plus difficile, a ajouté Marie-Claude Lacombe. En arrière, sur les patios, c'est dégueulasse. Il y a un millimètre de boue partout.»

Mais pour plusieurs, le pire sera à l'intérieur. «Tout est à refaire au sous-sol, a souligné Cyril Solbes. Il y a eu trois pieds d'eau.» À quelques maisons de là, tout au bout de la rue Alcide-Côté, un conteneur à déchets rempli de débris trônait devant la maison de Normand Ouellette. «Vous venez nous aider!», a-t-il lancé à notre endroit. Refusant d'attendre la fin des inondations pour commencer le nettoyage, l'homme de 70 ans a entrepris cette semaine la rénovation de son sous-sol. Samedi, des employés qu'il a embauchés s'affairaient à tout enlever pour ensuite tout rénover. À l'intérieur, il ne restait presque plus rien, alors qu'à l'extérieur, le conteneur débordait. «Il y a pour 25 000$ à 30 000$ de dommages, c'est certain, évalue Normand Ouellette. Le sous-sol est une perte totale. La fournaise, la tank à l'huile, l'entrée électrique, il faut tout refaire.»

Et il n'était pas question pour lui d'attendre que l'eau se retire pour se mettre au travail. «Ça ne donne rien d'attendre, il ne peut pas y avoir plus de dommages. Je ne veux pas passer l'été au complet là-dedans.»

Malgré la pluie qui s'abat sur la région depuis samedi, les sinistrés que nous avons rencontrés semblent garder le moral. «Il n'y en a plus d'eau!», a dit, tout sourire, Gaétan Guérin, lorsque La Presse l'a croisé samedi après-midi. L'eau avait alors de nouveau baissé de quatre centimètres depuis le début de la journée et plusieurs sinistrés ont dit croire que le pire est passé. «Ce sont des circonstances qui sont se rencontrées qui ont créé une situation exceptionnelle, a noté Marie-Claude Lacombe. La pluie qui est tombée, la neige qui a fondu, les vents du sud qui étaient forts. Il doit y avoir moins de neige maintenant et on nous annonce des vents du nord. Ce serait étonnant que sur une si courte période on ait autant de malchance.»