Les policiers de l'Unité d'enquête sur la corruption de la Section des délits commerciaux de la GRC ont procédé à l'arrestation de cinq individus dans le cadre de l'enquête Coche. Entre autres, un stratagème de fausses factures aurait été mis en oeuvre avec la complicité d'anciens fonctionnaires corrompus au sein de l'Agence du revenu du Canada (ARC), permettant ainsi d'éluder l'impôt fédéral.

Antonio «Tony» Accurso, 60 ans, Deux-Montagnes



Le géant de la construction s'est hissé au fil des ans à la tête d'un empire titanesque: le diagramme de ses entreprises déposé devant la commission Charbonneau était un enchevêtrement de plus d'une cinquantaine de sociétés, si dense qu'il donnait le vertige.

Ses entreprises exécutent d'importants contrats pour le ministère des Transports du Québec et pour Hydro-Québec. Elles arrivent souvent au premier rang dans l'obtention des contrats à Montréal, à Laval et dans d'autres villes de la région.

Le vérificateur général de la Ville de Montréal, Jacques Bergeron, s'est étonné de les voir obtenir presque tous les contrats dans certains arrondissements.

Ses relations avec le monde politique et syndical, dont il invitait des représentants sur son luxueux yacht, l'ont propulsé sous le feu des projecteurs. Radio-Canada a révélé que le président de la FTQ, Michel Arsenault, y avait séjourné une semaine. La Presse a ensuite révélé que Frank Zampino, président du comité exécutif de la Ville de Montréal, est lui aussi allé en croisière sur le bateau en 2007. Montréal s'apprêtait alors à accorder le plus important contrat de son histoire, celui des compteurs d'eau, à un consortium dont faisait partie une firme de M. Accurso.

En 2010, lorsque deux entreprises de M. Accurso se sont reconnues coupables d'avoir fraudé le fisc pour 4,1 millions, l'Agence du revenu du Canada a révélé que le yacht était au coeur de la manoeuvre. En plus d'avoir eu recours à de fausses factures pour déduire de fausses dépenses de leurs déclarations de revenus, les sociétés avaient déduit des dépenses non autorisées pour l'aménagement et la construction du bateau.

Francesco «Frank» Bruno, 50 ans, Laval

Depuis le début, le dirigeant de la firme BT Céramique est au coeur de l'enquête sur les allégations de corruption à l'Agence du revenu du Canada.

Il a renoncé à sa licence d'entrepreneur en construction cette année, mais il a fait une longue carrière dans l'industrie, au sein de laquelle il est très connu.

Il a déjà plaidé coupable à des accusations de fraude fiscale et avoué qu'il était à la tête de «coquilles vides», des entreprises factices qui alimentaient les sociétés de Tony Accurso en fausses factures pour soustraire des millions de dollars au regard du fisc.

Il a été photographié en train de festoyer avec des fonctionnaires du fisc dans une loge au Centre Bell et a dépensé des fortunes au casino en compagnie d'un gestionnaire de l'Agence du revenu du Canada.

Dans des documents déposés en cour, la police a dit avoir des motifs raisonnables de croire que Francesco Bruno contrôlait le Groupe Conseil Delvex, firme utilisée pour faciliter la fraude fiscale, en partenariat avec Antonio Girardi, Americo Comparelli et Adriano Furgiuele, trois fonctionnaires congédiés par l'Agence du revenu. Adriano Furgiuele serait d'ailleurs le cousin de Francesco Bruno. L'entrepreneur s'intéresse aussi à la politique. Ses associés et lui avaient simultanément donné 10 000$ à la campagne de Bob Rae lorsque celui-ci a voulu devenir chef du Parti libéral du Canada. Sur le plan provincial, M. Bruno et ses proches ont versé plus de 30 000$ au Parti libéral du Québec au cours des dernières années.

Francesco «Frank» Fiorino, 53 ans, Saint-Léonard



En 2008, lors d'une perquisition, c'est chez ce comptable agréé montréalais que les autorités ont découvert le fameux Plan of Action pour frauder le fisc, qu'elles croient rédigé par Adriano Furgiuele.

Fiorino est né à Carolei, dans la province italienne de Cosenza, en Calabre, puis a immigré au Canada. Après ses études, il a brièvement été chargé de cours à la faculté de gestion de l'Université Concordia en 1993. Lors de la perquisition, il était le comptable de Francesco Bruno.

Cité à maintes reprises dans les documents d'enquête sur les allégations de corruption à l'Agence du revenu du Canada, Fiorino figure toujours dans la liste des membres de l'Ordre des comptables professionnels agréés. Il dit travailler à la firme Integlia et associés, qui appartient en partie à Fuller Landau, cabinet où il a mené une bonne partie de sa carrière.



Adriano Furgiuele, 43 ans, LaSalle


Ce cousin de Francesco Bruno et ancien chef d'équipe à l'Agence du revenu du Canada est soupçonné par la police d'avoir rédigé le Plan of Action en 17 étapes pour frauder le fisc. La toute première étape était de «préparer et finaliser l'accord de prête-noms».

Selon Radio-Canada, Furgiuela est apparu sur le radar de la GRC lors d'une perquisition chez BT Céramique et Francesco Bruno. Les enquêteurs avaient trouvé un document sur un événement de l'Agence du revenu organisé au restaurant Newtown. La personne-ressource inscrite sur le document était M. Furgiuele. La police a été intriguée de trouver ce document dans les locaux d'une firme faisant l'objet d'une enquête pour fraude fiscale.

Les enquêteurs ont ensuite trouvé une photo de Francesco Bruno et Adriano Furgiuele chez M. Bruno, à Laval.