La rencontre entre Québec et les associations étudiantes, qui aura probablement lieu au début de la semaine prochaine, s'annonce mouvementée. La CLASSE envisage de claquer la porte si le gouvernement Charest refuse de suspendre ou d'abroger la loi spéciale adoptée vendredi dernier pour restreindre les manifestations.

Après la FECQ mardi et la FEUQ mercredi, le gouvernement Charest a pris contact avec la CLASSE, hier, une première depuis l'adoption de la loi spéciale.

Le négociateur du gouvernement, Pierre Pilote, a fait savoir «qu'il y aurait des discussions dans les prochains jours et qu'on serait invités», a affirmé le porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois.

La CLASSE accepte l'invitation sans condition. Elle a déjà un mandat pour négocier avec le gouvernement. Mais elle en a un autre pour contester la loi spéciale. Ses négociateurs affirmeront d'entrée de jeu que «la loi spéciale ne permet pas de créer un climat propice au dialogue», a indiqué Gabriel Nadeau-Dubois. Selon lui, «pour créer un climat propice, la loi spéciale doit être suspendue ou abrogée».

En congrès demain

Que fera la CLASSE si le gouvernement refuse de répondre à sa demande? La possibilité de quitter la table sera discutée en congrès demain à Sherbrooke, a confirmé Gabriel Nadeau-Dubois. «On va décider jusqu'où on est prêts à aller.» Le congrès aura fort probablement lieu avant la rencontre avec le gouvernement et les autres associations étudiantes.

La FEUQ dit avoir des informations selon lesquelles la rencontre aurait lieu au début de la semaine prochaine. Elle attendait toujours une confirmation du gouvernement en fin d'après-midi. Au cabinet de la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, on martèle que la rencontre se tiendra «dans les prochains jours», sans exclure de convoquer les associations étudiantes ce week-end.

Si les pourparlers ne reprennent pas tout de suite, c'est parce que «les deux parties veulent s'assurer d'être très prêtes avant de commencer une rencontre», a souligné Michelle Courchesne lors d'un bref point de presse. «On veut faire les choses correctement, et on veut mettre toutes les chances de notre côté pour réussir», a-t-elle ajouté. La rencontre est «très importante» à ses yeux.

Définir une position commune

Gabriel Nadeau-Dubois, pour sa part, se montre sceptique quant à la reprise des négociations: «On va aller à la rencontre avec une très grande prudence. On se demande quelles sont les réelles intentions du gouvernement. D'un côté, il se dit prêt au dialogue et, de l'autre, il contribue à envenimer la situation avec une loi répressive.»

La FECQ, la FEUQ et la CLASSE sont à définir une position commune en prévision de la rencontre. Mais la CLASSE est la seule à évoquer l'idée de claquer la porte sur la question de la loi spéciale.

Toutes les associations demandent que la hausse des droits de scolarité, «l'enjeu à l'origine de la grève», soit au coeur des négociations avec le gouvernement. Gabriel Nadeau-Dubois n'a pas voulu préciser les compromis que la CLASSE serait prête à faire. Léo Bureau-Blouin, de la FECQ, a dit à La Presse mercredi qu'il ne s'attend pas à obtenir un gel des droits de scolarité, mais plutôt «quelque chose qui va faire l'affaire de tout le monde». Il parle d'une «rencontre de la dernière chance».