Un des 37 acteurs d'un possible système de corruption et de collusion dans l'attribution des contrats publics à Laval vient d'être accusé de nouveau, mais cette fois, pour parjure devant la commission Charbonneau.

Jocelyn Dufresne, entrepreneur spécialisé dans l'asphaltage, a été inculpé parce qu'il aurait inventé de toutes pièces une déclaration dans l'intention de tromper. M. Dufresne n'a pas témoigné lors des audiences publiques de la commission Charbonneau, mais il a été interrogé par les enquêteurs de la Commission. La rencontre a eu lieu trois jours avant qu'il ne soit arrêté et accusé dans le cadre de l'enquête sur Laval (projet Honorer).

M. Dufresne a dit avoir «emprunté de l'argent à des chums» pour verser 60 000$ à l'ancien directeur général de la Ville de Laval, Gaétan Turbide. De façon précise, il a soutenu avoir demandé 25 000$ à Jean-Noël Lauzon, Michel Pelletier et Michel Farmer.

À la suite de sa déclaration, Jocelyn Dufesne aurait demandé à ses amis Pelletier et Farmer «de faire une fausse déclaration aux enquêteurs». Il est donc aussi accusé d'avoir tenté «d'entraver, de détourner ou de contrecarrer le cours de la justice».

À la commission Charbonneau, on confirme qu'après avoir procédé à des vérifications, il a été décidé de porter plainte auprès de la Sûreté du Québec.

D'autres cas de parjure

Ce n'est pas la première fois que la Commission se retrouve avec des témoins qui auraient tenté de la tromper. En décembre 2012, la SQ a arrêté le fonctionnaire François Thériault qui a été accusé de parjure et d'entrave à la justice.

M. Thériault avait affirmé qu'en tant que surveillant de chantier pour la Ville de Montréal, il n'avait reçu que des billets de hockey ou des bouteilles de vin de la part d'entrepreneurs. Or, M. Thériault aurait reçu de l'argent pour l'achat de sa résidence de Laval.

Il y a aussi l'ingénieur Yves Themens accusé de parjure lors de son passage à la barre des témoins de la commission Charbonneau. M. Themens aurait menti sur la nature des cadeaux reçus par des entrepreneurs au moment où il exerçait ses fonctions à la Ville de Montréal; il a été congédié l'année dernière. M. Themens avait affirmé avoir payé son séjour au Mexique alors que l'entrepreneur Lino Zambito avait témoigné qu'il le lui avait offert. M. Themens a été incapable de produire les factures.

Au moins une autre enquête policière pour parjure devant la commission Charbonneau est en cours et concerne l'entrepreneur Joe Borsellino. Ce dernier avait dit connaître le clan Rizzuto, mais ne pas le côtoyer. Or, des conversations téléphoniques que détient la Commission tendent à démontrer que M. Borsellino entretenait des relations d'affaires avec les Rizzuto.

Une autre personne a vu son témoignage contredit. Il s'agit de l'ex-PDG de la firme de génie-conseil BPR, Pierre Lavallée. Ce dernier a déclaré sous serment à la commission Charbonneau que jamais BPR n'avait remboursé les contributions politiques de ses actionnaires. Or, le passage du «témoin A», ancien actionnaire chez BPR dont le nom ne peut être dévoilé comme en a décidé la Commission, a mis en lumière, à partir d'échanges de courriels, d'agendas et de comptes rendus de réunions, un système de financement occulte et de remboursement au sein de la firme. Aucune accusation n'a été portée contre M. Lavallée.