(Baie-Saint-Paul) Une cinquantaine de maisons dans le secteur historique de Baie-Saint-Paul ne sont plus « viables », ont indiqué les représentants de la municipalité lors d’une rencontre avec François Legault, qui estime qu’il sera « difficile » de sauver certains secteurs inondés de la ville.

« Il y a des bouts qui peuvent être sauvés, et d’autres qui seront difficiles », a expliqué M. Legault lors d’une mêlée de presse. Il se trouvait à quelques pas du mur de protection qui a cédé sous les forces des eaux de la rivière du Gouffre lundi, inondant une partie du secteur de la basse ville de Baie-Saint-Paul du même coup.

« On va se demander ce qu’on peut faire pour les infrastructures. Des problèmes peuvent être résolus, mais d’autres, non. On va peut-être demander à des gens de déménager », a-t-il précisé.

Lors d’une rencontre avec le maire de la ville, Michaël Pilote, et son équipe, M. Legault a reçu un état de la situation. Alain Gravel, directeur de la sécurité publique de Baie-Saint-Paul, lui a expliqué que beaucoup de maisons ont carrément « perdu leur solage » et « qu’une cinquantaine de maisons ne seront probablement plus viables ».

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Nicole Tremblay a sorti ses biens endommagés par les inondations devant sa maison de Baie-Saint-Paul.

Pendant ce temps, les sinistrés tentaient tant bien que mal de faire le ménage. Nicole Tremblay a rencontré M. Legault. Elle avait dû sortir l’essentiel de ses possessions, abîmées par l’eau, sur le chemin.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Tony Pontonnier aide un ami à arracher les murs de son sous-sol inondé par le torrent de la rivière du Gouffre, à Baie-Saint-Paul.

Le sous-sol de Christophe Chirat est à refaire au complet. Ses amis Tony Pontonnier et Yannick Bussière l’aidaient à arracher les murs et l’isolant. « Ça prend beaucoup de vargeage », a laissé tomber M. Bussière, armé d’une masse, alors qu’il tentait d’arracher une pièce de bois abîmée.

Adaptation aux changements climatiques

Les sinistrés ne seront pas les seuls à vivre cette triste réalité, estime le premier ministre. Les inondations à Baie-Saint-Paul, mais également ailleurs aux Québec, posent « la question de l’impact des changements climatiques ». « On le disait, le risque ici, c’est une année sur 100, mais là, ça va être beaucoup plus que ça. […] Il y avait un mur ici. On va voir ce qu’on peut faire pour limiter les dégâts et s’adapter », a ajouté M. Legault.

La difficulté, c’est que malgré l’offre d’une aide financière « pour aider les personnes à s’installer ailleurs », certaines résistent « et veulent rester, même si elles ne sont pas assurées », a-t-il souligné.

Le premier ministre a d’ailleurs lancé un avertissement : « Les contribuables ne peuvent pas payer deux fois, trois fois, quatre fois pour rénover et rebâtir des maisons ».

Et M. Legault croit que cette question doit être posée partout au Québec. À Baie-Saint-Paul, c’est une digue qui a lâché. À Sainte-Émélie-de-l’Énergie, c’est un barrage qui a cédé. Comment s’assurer dans ce contexte que les infrastructures parfois vieillissantes du Québec sont prêtes pour les changements climatiques ?

« C’est ça qu’il faut regarder. Rappelons-nous Sainte-Marthe-sur-le-Lac. On a refait une nouvelle digue plus haute. Il y a des endroits où ça va être possible, et des endroits où ça ne le sera pas. Il va falloir regarder cas par cas », a-t-il dit. La veille, il a toutefois de nouveau fermé la porte à la demande des villes de créer un « pacte vert » de 2 milliards par année pour s’adapter aux changements climatiques, tout en promettant des sommes additionnelles.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le directeur de la sécurité publique de Baie-Saint-Paul, Alain Gravel (à gauche), discutant avec le premier ministre François Legault, mercredi

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a d’ailleurs commandé une étude d’Ouranos pour connaître l’impact des changements climatiques sur les centaines de barrages que son ministère supervise.

Pompiers disparus : « d’une tristesse infinie »

François Legault a également souligné la « tristesse infinie » qu’il éprouve pour les deux pompiers portés disparus. Leurs corps ont d’ailleurs été repêchés mercredi.

« Ce qui est le plus dur, ce sont les deux pompiers. Un homme d’une cinquantaine d’années, plein de bonne foi, qui est parti avec son espèce de bateau avec des roues pour aller aider un couple qui voyait sa maison être entourée d’eau, et un jeune garçon de 23 ans. C’est d’une tristesse infinie », a-t-il dit.

« Il faut être prudent avant de porter des jugements sur ce qui a été fait, à quel moment c’est devenu grave. Au début, c’était une inondation, et tout d’un coup, le courant est parti », a-t-il dit.

Lisez « Baie-Saint-Paul : inondés en un temps record »
Lisez « Adaptations aux changements climatiques : Legault promet des sommes additionnelles aux municipalités »
Lisez « Inondations dans Charlevoix : le corps d’un des deux pompiers retrouvé »