(Baie-Saint-Paul) La ville de Baie-Saint-Paul a été frappée par un « cocktail parfait » de forte pluie et de couvert neigeux dans les montagnes, indiquent les autorités. Des sinistrés ont vu leur demeure être inondée en moins d’une vingtaine de minutes avec la rupture d’un mur de protection en plein centre-ville en après-midi.

« Ça s’est passé tellement vite que les gens ont à peine eu le temps de réagir », affirme un résidant du secteur, Daniel Lapointe, qui a vu une trombe d’eau envahir son quartier en après-midi lundi. « Ça coulait… c’était épeurant », laisse-t-il tomber en montrant du doigt une digue, parallèle à la rue Ménard, qui a cédé lundi en après-midi. Elle a depuis été réparée d’urgence avec de grosses pierres.

  • Un mur de protection a cédé lundi après-midi et une partie de Baie-Saint-Paul a été inondée en une vingtaine de minutes. « Ça s’est passé tellement vite », raconte Daniel Lapointe.

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    Un mur de protection a cédé lundi après-midi et une partie de Baie-Saint-Paul a été inondée en une vingtaine de minutes. « Ça s’est passé tellement vite », raconte Daniel Lapointe.

  • Les dégâts dans la rue Ménard, parallèle à la digue qui a cédé lundi

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    Les dégâts dans la rue Ménard, parallèle à la digue qui a cédé lundi

  • Guillaume Bouchard et son fils Samuel observent la digue réparée en urgence.

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    Guillaume Bouchard et son fils Samuel observent la digue réparée en urgence.

  • Gaston Gagnon utilise une pelle à neige pour enlever le limon accumulé dans son entrée.

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    Gaston Gagnon utilise une pelle à neige pour enlever le limon accumulé dans son entrée.

  • La route vers Saint-Placide a été gravement endommagée par les eaux, Gilles Boivin dit être le dernier à l’avoir empruntée avant sa fermeture.

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    La route vers Saint-Placide a été gravement endommagée par les eaux, Gilles Boivin dit être le dernier à l’avoir empruntée avant sa fermeture.

  • Des pompiers supervisent la situation à Baie-Saint-Paul, où certains résidants ont pu regagner leur domicile mardi.

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    Des pompiers supervisent la situation à Baie-Saint-Paul, où certains résidants ont pu regagner leur domicile mardi.

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Ce témoignage concorde avec ceux de plusieurs autres sinistrés qui ont raconté à La Presse comment leurs maisons ont été inondées en un temps record. Le maire de Baie-Saint-Paul, Michäel Pilote, fait la même lecture. « Le mur a lâché », a-t-il raconté à La Presse.

Le directeur de la sécurité publique de la Ville, Alain Gravel, abonde. L’eau frappait violemment ce mur de protection, entraînant avec elle des arbres et des débris. Puis « le mur s’est tassé et l’eau a commencé à passer », a-t-il raconté. Rapidement, les pompiers du secteur en ont eu « plein les bras » puisqu’ils devaient évacuer tout ce secteur de la ville le plus rapidement possible.

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La digue qui a cédé lundi a été réparée d’urgence avec des pierres.

Dans la rue Notre-Dame, durement touchée par la crue, Jean-Pierre Lajoie vidait son sous-sol à l’aide d’une pompe.

Il y avait une rivière dans ma cour.

Jean-Pierre Lajoie, sinistré

Prochaine étape pour M. Lajoie : se débarrasser « de la montagne de sable » qui s’est installée dans son stationnement. Lorsque les pompiers sont arrivés, celui qui habite le quartier depuis 40 ans n’a eu qu’une quinzaine de minutes pour quitter son domicile.

Même précipitation pour son locataire, Paul-Henri Gagné, qui n’a eu que quelques minutes pour prendre ses effets personnels et ses médicaments. « C’est arrivé d’un coup », a-t-il lancé.

Des chutes dans le sous-sol

Denis Godbout est un résidant de la rue Saint-Joseph, la première à être inondée, celle qui se trouve au bord de l’eau. Les pompiers l’avaient averti que l’eau montait. « Ils m’ont dit : “On ne pense pas que l’eau se rende jusque chez vous, mais préparez-vous.” Et ça avait l’air de se tasser, mais tout d’un coup, ça s’est mis à monter et en moins de 15 minutes, mon terrain était inondé. Au sous-sol, ça coulait comme des chutes par les fenêtres », raconte celui qui est hébergé chez des amis à l’est de Baie-Saint-Paul.

Ce coup d’eau, c’est également ce qu’ont rapporté d’autres citoyens du secteur, durement éprouvés par les inondations.

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En moins de 15 minutes, le sous-sol de Steve Michel était rempli d’eau.

Rue Notre-Dame, Steve Michel était en train de vider son sous-sol avec une pompe. Lundi, il a été évacué aux Éboulements. « On recevait des amis qui étaient inondés sur la rue Saint-Joseph, on pensait qu’on serait au sec », a-t-il lancé, dépité.

Un voisin est venu cogner à la porte à l’arrière de sa résidence pour l’avertir que l’eau arrivait par en arrière. La porte de son sous-sol a fini par céder, et il s’est rempli d’eau.

Céline Côté et Ghislain Côté sont propriétaires de Rembourrage Côté. Les pertes sont considérables : ils ont perdu des meubles et du matériel. Le bâtiment qui abrite leur commerce appartenait au père de Mme Côté. « Même lors des inondations de 1968, l’eau ne s’était pas rendue ici », lance-t-elle, stupéfaite. Ils sont doublement sinistrés ; leur demeure a également été inondée dans un autre secteur de la ville. Pour eux, le ménage sera long. « On est découragés », dit-elle.

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Céline et Ghislain Côté sont doublement sinistrés, leur demeure et leur commerce ont été inondés.

En face du commerce, Gaston Gagnon utilise une pelle à neige pour déblayer le limon qui s’est accumulé devant sa résidence. Son garage et son rez-de-chaussée y sont passés. Son frère Yvon était là pour lui prêter main-forte. Ils craignent que les dégâts ne soient pas assurables.

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Travaux sur une route se rendant à Saint-Placide-de-Charlevoix

Du côté de Saint-Placide-de-Charlevoix, dans les plateaux montagneux en haut de Baie-Saint-Paul, l’eau venait de partout, ont témoigné plusieurs citoyens, qui se sont retrouvés isolés du monde pendant plusieurs heures. Mardi, les dégâts étaient impressionnants. Un glissement de terrain a léché une portion du chemin qui relie le village à la route 138, et la chaussée a été en partie avalée par un torrent. Un témoin, Gilles Boivin, affirme être le dernier à être passé avant qu’il devienne impraticable. Derrière lui, dit-il, une roulotte tirée par une camionnette s’est enfoncée dans le sol, rongé par l’érosion, l’asphalte de la route ayant cédé sous son poids. « C’est arrivé d’un coup, les calvettes ne suffisaient pas, il y avait de l’eau partout », a-t-il lancé. Au matin, la roulotte était toujours visible, amochée, gisant au côté de la route.

« Cocktail parfait »

En journée, le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, s’est fait rassurant, en assurant que des programmes d’indemnisation seraient disponibles pour les sinistrés. « Le pire serait passé », a-t-il dit lors de son passage en ville, en soulignant que Baie-Saint-Paul a été frappée par un « cocktail parfait ».

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Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, à Baie-Saint-Paul mardi

M. Bonnardel estime que les quelque 600 personnes qui attendent pour retrouver leur domicile devront patienter encore de 48 à 72 heures. « C’est normal que ces gens veuillent retourner à la maison, voir leur maison s’ils ont perdu des effets ou autres, mais il faut sécuriser le réseau », a-t-il dit.

De son côté, le maire de Baie-Saint-Paul, Michaël Pilote, estime que malgré la préparation du week-end, les autorités ont été « prises un petit peu au dépourvu ».

On avait anticipé quelques scénarios. On a travaillé tout au long du week-end en fonction de la météo. Force est de constater que dame Nature a été plus forte que nous.

Michaël Pilote, maire de Baie-Saint-Paul

M. Pilote affirme que le mur de protection devra maintenait être reconstruit. « Il va y avoir des plans pour tout corriger ça », a-t-il affirmé à La Presse. Il aura l’occasion d’en discuter avec le premier ministre François Legault, qui visitera Baie-Saint-Paul ce mercredi pour constater l’étendue des dégâts.