Ce ne serait pas du pétrole, mais surtout du gaz naturel qu'on retrouverait en quantité sur l'île d'Anticosti, et l'exploitation annuelle de ces deux ressources pourrait ajouter 2 milliards de dollars au produit intérieur brut (PIB) du Québec.

Selon les plus récentes études dévoilées par le gouvernement Couillard, mercredi, le potentiel serait formé à 78% de gaz et à 22% de pétrole.

Les documents rendus publics sont une synthèse de l'état des connaissances acquises dans le cadre des travaux liés aux études environnementales stratégiques. Parmi les divers scénarios étudiés, on évoque jusqu'à 6800 puits qui couvriraient le tiers de la superficie de l'île.

Des consultations publiques suivront en novembre et le gouvernement devrait trancher en 2016.

Le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, soutient qu'il y a encore «trop d'enjeux» complexes en suspens pour se prononcer maintenant sur l'intérêt ou le potentiel commercial de ces découvertes.

«Je ne veux pas improviser quelque décision que ce soit, a-t-il déclaré, en point de presse à la sortie de la séance du conseil des ministres, mercredi. (...) Il faut prendre le temps qu'il faut, ne vous inquiétez pas.»

Il a toutefois laissé entendre que les résultats de certaines études étaient encourageants. «Lisez les analyses, il y en qui disent que c'est bon, d'autres qui disent que cela va dans la bonne direction, d'autres qui ont des particularités par rapport à ça.»

Cependant, il a rappelé que le marché de l'énergie est particulièrement volatil et peu propice actuellement à l'exploitation des hydrocarbures.

«On est dans des modèles énergétiques qui évoluent, le prix de l'énergie est presque à son plus bas.»

La synthèse des études tient compte notamment de trois scénarios. Le premier prévoit une exploitation intensive, 712 plateformes, 6800 puits, qui couvriraient 34 pour cent du territoire sur une période de 50 ans. Le second est le moins intensif et ne couvrirait qu'un cinquième de la superficie de l'île.

Mais le troisième, optimisé, compte un maximum de 445 plateformes, environ 4155 puits sur 50 ans, également sur environ 20 pour cent du territoire. C'est celui-là dont on a évalué les retombées à 2 milliards $ par an sur le PIB québécois. Et la production suffirait non seulement à couvrir les besoins annuels du Québec en gaz naturel, mais il y aurait même des surplus.

Quant au pétrole, dont le potentiel est évalué à 12,3 millions de barils, il faudra aussi se pencher sur ce qu'on en fera, a indiqué le ministre.

Comme son collègue à l'Environnement David Heurtel, M. Arcand a rappelé qu'il faut également tenir compte du bilan carbone d'une production éventuelle, en raison des obligations du Québec, membre d'une Bourse du carbone.

«Avec le marché du carbone, il faut faire moins de gaz à effet de serre (GES), quoi qu'on fasse, il faut qu'on diminue», a-t-il insisté.

Pour sa part, M. Heurtel a affirmé que les études soulevaient d'autres questions auxquelles des études additionnelles répondront.

«On n'est pas du tout prêt à prendre une décision», a-t-il dit à la sortie de la séance du conseil des ministres.

«Il va vraiment falloir évaluer l'ensemble des impacts» sur 50 à 75 ans, soit la durée de vie du projet, a-t-il poursuivi. Étant donné que le Québec s'est engagé à réduire de 80 à 95 pour cent ses émissions en 2050, «ça pose des questions très sérieuses sur nos choix énergétiques».

On estime qu'en période maximale de développement des puits, les émissions totales pourraient augmenter de deux pour cent par rapport aux émissions visées par le Québec en 2020, si des infrastructures de captation du carbone sont utilisées.

M. Heurtel n'a pas été en mesure de dire si la production gazière était plus ou moins dommageable que la production pétrolière sur le bilan des gaz à effet de serre du Québec.

De même, le ministre a souligné que la synthèse soulève des questions importantes sur l'eau, ainsi que sur l'usage du procédé de fracturation hydraulique sur l'île.