Peu de temps avant la collision frontale qui allait coûter la vie à deux jeunes hommes et en laisser un troisième handicapé, la nuit du 15 mai 2005, sur le pont Le Gardeur, André Bélec roulait vite, était fâché, et semblait sous l'effet du speed.

«Du speed, il en prenait tous les jours. Une dizaine de pilules par jour,», a raconté Isabelle Durant, 33 ans, hier, alors qu'elle témoignait au procès de Bélec, son ex-conjoint. Âgé de 36 ans l'homme est accusé de conduite dangereuse ayant causé la mort de David Lapointe, 22 ans, et David Saint-Germain, 23 ans, ainsi que des lésions corporelles à Martin Lapointe, maintenant âgé de 28 ans. En plus d'avoir perdu ses deux grands amis, ce dernier garde d'importantes séquelles de l'accident, et doit se déplacer avec des béquilles.

Premier témoin

Appelée hier comme premier témoin de la poursuite, Mme Durant a expliqué qu'au moment des événements, Bélec et elle avaient rompu depuis environ trois semaines, après trois ans de fréquentations. Le soir du 14 mai 2005, elle est donc allée danser en célibataire avec une copine, au bar L'Enjeu, à Pointe-aux-Trembles. Bélec est entré dans le bar alors qu'elle dansait sur une chaise et flirtait avec un type. Bélec n'a pas apprécié le tableau, et l'a poussée. Il est ensuite sorti rapidement du bar. Mme Durant l'a suivi, «pour discuter.» Ils sont allés dans la voiture de Bélec, une Sunfire rouge décapotable. Bélec a commencé à rouler. Il a emprunté le pont Le Gardeur, puis la 640. Ils se disputaient. Bélec était agressif, il roulait vite, selon Mme Durant. «Je lui ai demandé d'arrêter. Il roulait à 120. Il a breaké, je suis sortie.» Bélec est parti rapidement en dérapant de l'arrière, selon un autre témoin.

Seule dans la nuit sur l'autoroute

Selon le souvenir de Mme Durant, il était environ 2h ou 2h30 du matin, quand Bélec l'a laissée sur le bord de l'autoroute. Il faisait froid, elle n'avait qu'une petite camisole sur le dos, un pantalon, pas de sac à main, rien. Elle pleurait et avait peur. Un couple en voiture est arrivé presque immédiatement et lui a porté secours. Ironie du sort, l'homme, Normand Richard, est enquêteur à la police de Montréal. M. Richard et son épouse ont amené Mme Durant au Tim Hortons, d'où elle a appelé ses parents, qui sont venus la chercher.

Le matin, vers 9 h, elle a appris que Bélec avait eu un grave accident dans la nuit, et qu'il était à l'hôpital. «Il était amoché», a-t-elle dit. Il avait les jambes dans le plâtre, et émotionnellement, il n'était pas là.» Au bout de 15 jours, il est sorti de l'hôpital, et est allé vivre avec Mme Durant, car il avait eu des menaces de mort, et avait peur.

La réconciliation a été de courte durée, car, selon Mme Durant, les mêmes «crises» ont recommencé. Principalement, Bélec la harcelait sur son «passé sexuel.» Fin juin 2005, il y a eu rupture définitive. Avec le recul, elle trouve que Bélec n'est pas l'homme formidable qu'elle décrivait dans une lettre d'amour que l'avocat de la défense lui a montrée. Le procès qui se déroule devant le juge Claude Leblond se poursuit aujourd'hui avec d'autres témoins. La Couronne est représentée par Me Sylvie Dulude, tandis que Me Jean Parcigneau défend l'accusé.