La compagnie Rio Tinto Alcan devra expliquer aux enquêteurs du ministère du Développement durable et de l'Environnement du Québec les raisons pour lesquelles un second déversement de boues rouges (résidus de bauxite), a eu lieu en 17 mois à ses installations de Jonquière .

En milieu de journée hier, la porte-parole de la société, Margot Tapp, expliquait que le problème survenu le matin même était différent de celui d'avril 2007. Lors de cet événement, le bris d'une conduite avait laissé échapper dans la nature 49 tonnes métriques de boues rouges, colorant le Saguenay sur presque toute sa largeur et sur un très long segment depuis l'embouchure du ruisseau du Capitaine.

"C'est un événement malheureux qui s'est produit et nous agissons de façon à minimiser les impacts au maximum. Il y a dans ce secteur des conduites qui servent à diriger les résidus vers le site de disposition des boues rouges et nous effectuons des entretiens sur ces conduites. Pour des raisons que nous cherchons à comprendre, des résidus ont été évacués dans une conduite en réparation", a expliqué la porte-parole de l'entreprise Margot Tapp,

Elle a toutefois tenu à préciser que le problème n'était pas attribuable aux opérateurs du système de l'usine Vaudreuil : "Ces derniers ont très bien réagi. Dès qu'ils ont constaté le problème, le plan des mesures d'urgence a été enclenché et les autorités concernées ont été informées."

Interrogé à savoir pourquoi l'entreprise n'avait pas installé de système de captation pour limiter les impacts des ces déversements, Margot Tapp est demeurée prudente puisque le dossier du mois d'avril 2007 est toujours en processus judiciaire. Elle repousse énergiquement les allégations voulant que l'entreprise n'ait rien fait pour éviter qu'un tel incident ne se reproduise.

"C'est évident que depuis le premier déversement, les gens ne se sont pas croisés les bras. Nous avons investi près d'un million $. Nous ne pouvons pas en dire plus puisque comme je le mentionnais, il y a un processus judiciaire que nous devons respecter."

Même si les raisons qui expliquent le déversement sont différentes, la boue rouge a suivi le même tracé que lors du déversement d'avril. Les boues rouges ont coulé dans les fossés d'égouttement du terrain jusqu'au ruisseau du Capitaine qui traverse le boulevard Saguenay en plein milieu du quartier Saint-Jean-Eudes. Le petit ruisseau est demeuré coloré en rouge une bonne partie de la journée d'hier. Il s'agit du principal émissaire situé dans ce secteur.

Il est bon de rappeler qu'une entreprise à l'origine d'un déversement de produits industriels dans un cours d'eau, même lorsqu'il s'agit d'un accident, se retrouve automatiquement en infraction à la Loi sur la qualité de l'Environnement. Elle s'expose ainsi à des amendes. Le premier incident était lié à la rupture d'une conduite et celui d'hier semble être le résultat d'un problème de communication sur le site alors qu'une conduite qui devait être fermée est demeurée ouverte ou a tout simplement été ouverte par erreur.

Les boues rouges déversées dans le Saguenay proviennent du processus chimique d'extraction de l'alumine de la bauxite. Alcan utilise de la soude caustique pour traiter cette terre et en récupérer la poudre d'alumine qui est utilisée dans la fabrication d'aluminium. Les résidus de ce traitement, comme ceux déversés dans le Saguenay, contiennent donc de la soude caustique, un produit dont le ph varie entre 11 et 12 avant dissolution dans l'eau.