Pendant que le conflit de travail dans les hôtels québécois piétine, la réputation de Montréal comme destination touristique commence à en prendre pour son rhume, selon les directions d'établissements. Depuis quelques semaines, des visiteurs font d'ailleurs connaître leur mécontentement sur différents forums en ligne pour voyageurs.

Le site TravelAdvisor.com, sur lequel les internautes partagent des conseils de voyage, affiche plusieurs mises en garde à ceux qui prévoient visiter Montréal. Un internaute appelé Loves_Snorkeling, de Moncton au Nouveau-Brunswick, raconte ainsi son séjour à l'hôtel Delta centre-ville:

«Pendant notre visite, le personnel de notre hôtel et les employés syndiqués de tous les autres hôtels étaient en grève. Nous avons mangé au restaurant de l'hôtel puisque notre table était réservée, mais les invités ne séjournant pas avec nous n'ont pu se joindre à nous à cause de la grève.»

Contrairement à ce qu'écrit l'internaute, tous les hôtels de Montréal ne sont pas en grève. Des débrayages de courte durée ont eu lieu dans une quinzaine d'établissements. Seuls les travailleurs du Hyatt Regency, au centre-ville, et du Holiday Inn de Longueuil ont des mandats de grève illimités.

N'empêche, craignent les hôteliers, ce type de message fait une bien mauvaise publicité à la métropole.

«Les communications électroniques ont permis d'ouvrir des réseaux de communication et d'information qui n'existaient pas auparavant, constate le directeur général du Delta centre-ville, Raymond Larrivée. Les gens regardent cela, ils consultent, vous savez comme moi qu'il y a un gros impact.»

Un autre usager de TripAdvisor, provenant du Vermont, estime que le Sheraton fonctionnait «relativement bien» en dépit du débrayage. «Par contre, il n'y avait aucun valet à l'accueil pour s'occuper de notre voiture. J'ai pris 10 minutes pour trouver un employé pour notre enregistrement», écrit signothetimes.

«On commence à se rendre compte que le conflit ternit l'image de Montréal à l'international, constate François Morin, porte-parole du Hyatt Regency. C'est dommageable pour l'industrie touristique à une période qui est fort achalandée.»

Manifestation paisible

Hier après-midi, une vingtaine de travailleurs manifestaient paisiblement à l'extérieur du Hyatt, rue Jeanne-Mance. La Presse a aperçu une dizaine d'agents de sécurité postés dans l'hôtel. Les clients rencontrés sur place ont assuré qu'ils ne garderaient pas un mauvais souvenir de Montréal pour autant. Mais ils conviennent que leur séjour a été beaucoup moins agréable que prévu.

«Je suis arrivé lundi et, en une semaine, ma chambre n'a été nettoyée qu'une fois, mardi», a déploré Brian Steinberg, venu de New York pour participer au festival Juste pour rire.

Les délégations syndicales des 41 hôtels en pourparlers se sont réunies, hier après-midi, afin de peaufiner leur stratégie. Et quoi qu'en disent les directions, les travailleurs n'entendent pas cesser les débrayages-surprises, comme celui qui a amené 800 grévistes dans le hall du Reine Elizabeth pendant une heure, vendredi. Au contraire.

«Je pense qu'on a envoyé un signal très fort, sans ambiguïté, et on va le refaire cette semaine dans des hôtels de Montréal, prévient le porte-parole de la CSN, Jean Lortie. Alors avis aux hôteliers, soyez sur vos gardes.»

Le porte-parole de Tourisme Montréal, Pierre Bellerose, concède que la situation «n'est pas idéale». Mais il a bon espoir qu'un règlement rapide permettra à la métropole de rester attrayante pour les touristes.