Les temps sont durs pour les parcs thématiques et les terrains de golf, qui connaissent l'un des pires étés en 15 ans. Mais est-ce vraiment dû à la météo capricieuse? Non, répondent la plupart des gestionnaires. La faute revient plutôt... aux prévisions météorologiques.

«Les météorologues ont une nouvelle tactique cette année : ils annoncent un peu de tout chaque jour. Comme ça, ils ne peuvent pas se tromper», ironise Bruno Desroches, directeur général du club de golf Le Challenger, à Saint-Laurent.

Bruno Desroches reçoit cette année 15% moins de golfeurs qu'à l'habitude. Et selon lui, cette baisse est d'abord due aux aléas des prévisions météorologiques qui, à son avis, refroidissent les ardeurs des visiteurs.

Son avis semble généralisé dans l'industrie du plein air. La dizaine de gestionnaires de clubs de golf, parcs aquatiques et d'amusement interrogés hier ont blâmé les prévisions de MétéoMédia et d'Environnement Canada, jugées trop alarmistes et imprécises.

«Chaque jour, on annonce du soleil, des nuages, des éclairs et de la pluie. Mais finalement, il fait souvent beau toute la journée », remarque Sophie Richardot, gérante des ventes et du marketing au Super Aqua Club de Pointe-Calumet. Elle observe pour juillet une baisse de 20% des visiteurs.

Le Village Vacances Valcartier et le Parc aquatique Ski Bromont connaissent des baisses similaires. «C'est la pire année depuis 15 ans», indique Ginette Robert, vice-présidente aux ventes et marketing de Valcartier. «La semaine dernière, c'était désastreux, ajoute Charles Désourdy, directeur général du parc de Bromont. Nous avons reçu 16 000 visites, alors que la moyenne hebdomadaire est de 28 000.»

Charles Désourdy déplore que les télévisions annoncent un logo unique pour toute une journée. «Les orages ont souvent lieu en fin de journée», note M. Désourdy, qui craint que son parc aquatique ne fasse pas tout à fait ses frais cette saison.

Difficile à prévoir

«Je peux comprendre que c'est achalant pour la population, convient René Héroux, météorologue à Environnement Canada. Mais au fond, nos prévisions s'avèrent souvent justes.»

René Héroux souligne qu'en juillet, la station météorologique de l'Aéroport de Montréal a enregistré de la pluie 16 jours sur 28. Pas moins de 112 mm sont tombés ce mois-ci, contre une moyenne mensuelle de 91 mm. «Le mercure a atteint 30 degrés seulement deux jours ce mois-ci», ajoute M. Héroux.

Martin Bélanger, de Météo-Média, souligne pour sa part que la météo est particulièrement difficile à prévoir cet été. Les perturbations voyagent vite en raison des forts vents en altitude, explique le météorologue. «Quand on prévoit des orages dans un secteur, c'est certain qu'ils n'affecteront pas chaque coin de rue», ajoute-t-il.

Quant au logo unique pour toute une journée, Martin Bélanger souligne l'imprécision des prévisions à long terme. «Plus on avance dans le temps, plus le risque d'incertitude est élevé», dit-il.

Martin Roy, chef des relations publiques à La Ronde, croit que l'auditeur doit aussi faire son bout de chemin. «Quand les météorologues annoncent 70% de probabilité d'averse, ça ne veut pas dire qu'il va pleuvoir 70% du temps», souligne-t-il.

La question à 100$, maintenant. Qu'est-ce qu'on prévoit pour août? La carte des prévisions à long terme d'Environnement Canada pour la période du 16 juillet au 15 août annonce des températures au-dessus de la normale. «Mais pour la prochaine semaine, on ne voit pas vraiment d'amélioration», précise René Héroux.