Le Belem a conquis le Saguenay. Le passage du trois-mâts français hier au Vieux-Port de Chicoutimi a créé un engouement dépassant les plus folles espérances des organisateurs. En sept heures, 1643 visiteurs sont montés à bord du plus vieux navire commercial français encore en navigation, sans compter les douze ans et moins pour qui l'entrée était gratuite.

Le visage de Serge Desmeules, l'homme à l'origine de la venue du bateau centenaire dans le fjord, en disait long hier. "Je le faisais pour les cadets de la marine et quelques initiés, mais tout le monde est là!" s'est réjoui le président de la Ligue navale de Chicoutimi hier, entre deux poignées de main aux visiteurs.

"L'équipage aime beaucoup les gens ici. Ils n'ont que de belles choses à dire," ajoute-t-il.

Pourtant, il y a dix jours encore, la venue du Belem n'était toujours pas certaine. Les responsables du Belem avaient reçu des informations de marins québécois à l'effet que le Saguenay n'était pas praticable pour ce type de voilier.

"On a 25 pieds d'eau dans le chenal à marée basse, et une marée de 15 pieds ces temps-ci. C'est amplement suffisant", explique M. Desmeules, qui a dû multiplier les efforts pour rassurer les gens du Belem.

Visiteurs impressionnés

Le temps d'attente, qui a atteint plus de 45 minutes à plusieurs moments dans la journée, n'a pas découragé les curieux.

Errol Guay a été frappé par l'âge du navire, mis à l'eau en 1896, et par la qualité de sa conservation. "Son bois est très bien entretenu", a remarqué l'homme de Jonquière, venu avec sa femme et ses deux voisins de camping. Seul regret, M. Guay aurait bien aimé voir les 1200 mètres carrés de voiles déployées, une manoeuvre impossible lorsque le bateau est amarré.

Même les pirates s'étaient déplacés pour la venue du visiteur français de 750 tonnes. "C'était notre rêve d'aller sur un gros bateau comme ça!", s'est exclamée Maya Rufi, 14 ans, sabre à la main, fichu et cache-oeil de pirate au visage.

"Nous sommes fans des films Pirates des Caraïbes, alors on a décidé de s'habiller en conséquence pour l'événement", a poursuivi son amie Josée Marsolais, 26 ans. Les deux jeunes filles ont confectionné elles-mêmes leurs superbes costumes, qui n'ont pas manqué d'attirer l'attention des autres visiteurs, qui leur demandaient pour être photographiés avec elles.

Contrairement à son frère de 14 ans, Mickael Perron n'a pas pu faire le voyage avec la vingtaine de cadets de la marine à bord du Belem entre Québec et Chicoutimi. Lui aussi cadet, le garçon de 12 ans a dû se contenter de la visite sur le bateau, qui l'a fort impressionné. "La toilette des gars est vraiment plus grande que celle des filles, a noté Mickael. Et les lits dans les cabines sont vraiment petits."

Ce n'est toutefois que partie remise pour monter à bord d'un navire de cette taille. "Mon commandant m'a dit qu'il ferait une autre expérience et que cette fois, je pourrais monter", espère Mickael, qui se destine à une carrière dans l'armée canadienne.

"Avant, j'avais même peur d'embarquer sur un bateau et maintenant j'ai le pied marin. J'aimerais faire la Transat Québec-Saint-Malo. Le rêve de mes parents serait d'habiter sur un bateau et de faire le tour du monde et moi aussi j'aimerais ça", conclut le jeune homme originaire de France, qui a déménagé à Saguenay il y a six ans.