Le printemps dernier, une journaliste du New York Times a vécu l’expérience offerte par le Club Med Québec Charlevoix. Voici son compte rendu.

La dame de la réception du Club Med Québec Charlevoix demande : « Êtes-vous déjà venue au Club Med ? » Elle m’attache au poignet un bracelet marron avec un disque blanc portant la marque du trident de la société. Ce jeton magique va débloquer les offres de la station de ski tout compris pour les trois prochains jours.

« D’habitude, vous avez les plages, les piscines et les piña coladas », note-t-elle en énumérant les attractions des stations balnéaires bien connues de l’entreprise. « Mais ici » — elle agite la main dans le hall de la station récemment ouverte au pied du Massif de Charlevoix, au Canada — « tout est à l’intérieur. Vous n’avez jamais besoin de sortir. »

« Hum, sauf pour le ski », proteste-je, m’imaginant enfermée dans une bulle de buffets, de camaraderie forcée et de spectacles de variétés pendant trois jours.

« Sauf pour le ski », acquiesce-t-elle, voyant peut-être l’effroi dans mes yeux.

Inaugurée en décembre dernier, Charlevoix est la première station de ski nord-américaine du Club Med depuis des décennies, bien qu’il propose dans le monde entier plus de 20 destinations de ski, dont plusieurs dans les Alpes. Le Massif de Charlevoix offre un terrain impressionnant, le plus haut dénivelé à l’est des Rocheuses (un peu plus de 2500 pi). Il s’agit d’une montagne « à l’envers », c’est-à-dire qu’elle tombe d’un sommet plutôt que de s’élever d’une base, et on peut parfois avoir l’impression que l’on est sur le point de skier — de l’une de ses 53 pistes — directement dans le fleuve Saint-Laurent en contrebas.

PHOTO EUGEN SAKHNENKO, THE NEW YORK TIMES

La vue, éblouissante, sur le fleuve Saint-Laurent

Mais il lui manquait le type d’hébergement qui transforme une montagne de ski en station de destination, et c’est là que le Club Med intervient. « C’est une destination qui avait besoin du Club Med », déclare Carolyne Doyon, présidente et directrice générale de la société en Amérique du Nord et dans les Caraïbes. L’objectif de l’entreprise est de faire suite à Charlevoix, en 2025, avec une nouvelle station à Snowbasin, dans l’Utah, autre montagne connue pour son excellent ski et son manque d’hébergement.

La station s’étend le long d’une crête surplombant le Saint-Laurent, au pied du Massif. Deux bâtiments sont consacrés aux chambres d’hôtel (les chambres « collection exclusive », plus chères, ont leur propre salon et leur propre section du complexe). Les activités se déroulent dans le bâtiment central, avec un étage consacré à la piscine, aux salles de sport et au spa, un autre aux activités d’hiver, notamment la location de skis, les casiers à skis et les clubs pour enfants, et un autre encore aux restaurants, aux bars et à un théâtre pour les spectacles.

Ma chambre familiale supérieure coûtait environ 2300 $ US (environ 3100 $ CAN) pour deux personnes, pour trois nuits d’hébergement skis aux pieds, incluant un casier à skis, tous les repas et boissons, ainsi que des leçons quotidiennes si nous le voulions. L’hébergement lui-même est bien conçu, avec une chambre à coucher pouvant contenir un grand lit et pas grand-chose d’autre, une chambre plus petite avec deux lits jumeaux, une salle de bains avec un lavabo et une baignoire/douche, et des toilettes séparées. (« Nous avons fait beaucoup de sondages, a dit M. Doyon. La salle de bains est importante. »)

  • Une suite du Club Med Québec Charlevoix

    PHOTO EUGEN SAKHNENKO, THE NEW YORK TIMES

    Une suite du Club Med Québec Charlevoix

  • La salle de bains de la suite

    PHOTO EUGEN SAKHNENKO, THE NEW YORK TIMES

    La salle de bains de la suite

1/2
  •  
  •  

Mon amie Julie et moi sommes arrivées entre la fin de la journée de ski et le début du souper. Le Canada n’avait que récemment assoupli sa réglementation contre la COVID-19 et les clients profitaient de cette liberté, arrivant directement de la piscine en peignoirs éponge et en Crocs et transportant les boissons du bar aux grandes tables communes. Avec les enfants qui couraient partout et se défiaient au ping-pong, nous avions l’impression d’être à la fin d’une bar-mitsva.

PHOTO EUGEN SAKHNENKO, THE NEW YORK TIMES

L’un des espaces de la station réservés aux enfants

Après nous être équipés de matériel de ski et l’avoir rangé dans notre casier, nous avons décidé d’essayer la patinoire de la station. Je me voyais en Sonja Henie glissant sous les lumières, mais la patinoire n’était qu’un triste rectangle non dégagé, avec une glace rugueuse sous nos patins. Peut-être serions-nous mieux à l’intérieur.

À ce moment-là, Le Marché avait ouvert ses portes, avec des stations proposant des steaks, des poissons grillés, des pizzas et des pâtes nature auxquelles vous pouviez ajouter la sauce de votre choix, des petites salades, du saumon fumé local, une soupe aux haricots, des desserts tels qu’une tarte Saint Honoré, un coulis de framboises avec de la meringue. Les serveurs parcouraient la salle et servaient du vin rouge ou blanc.

  • Un cuisinier fait griller du poisson au restaurant Le Marché.

    PHOTO EUGEN SAKHNENKO, THE NEW YORK TIMES

    Un cuisinier fait griller du poisson au restaurant Le Marché.

  • Une tarte aux bleuets

    PHOTO EUGEN SAKHNENKO, THE NEW YORK TIMES

    Une tarte aux bleuets

  • Une tarte Saint-Honoré

    PHOTO EUGEN SAKHNENKO, THE NEW YORK TIMES

    Une tarte Saint-Honoré

1/3
  •  
  •  
  •  

Et il neigeait. En fait, il neigeait encore le lendemain matin, sans aucun signe d’arrêt. Et la télécabine du Massif était juste derrière la porte. Il était temps de skier.

La montagne se divise naturellement en trois sections, avec un couloir de bleus au centre, quelques belles bosses à l’est, et de longues et raides pistes noires et doubles noires à l’ouest.

Je suis rapidement tombée amoureuse du ski en sous-bois, dévalant une pente portant le nom de la snowboardeuse canadienne Dominique Maltais et chassant la poudreuse entre les arbres sur L’Archipel et La Dérive.

Je m’amusais tellement que je n’ai pas pris la peine de retourner à la station pour le dîner avec Julie, je me suis contentée d’une barre de céréales dans l’un des restaurants de la montagne et j’ai skié jusqu’à la fermeture des remontées mécaniques à 16 h.

Habituellement, lors d’un séjour de ski, les heures suivantes sont consacrées à un bain dans le spa, puis à la préparation du souper ou à une sortie au restaurant, avant de se coucher. Mais Le Club Med a son propre rythme. Tout d’abord, lorsque les skieurs rentrent pour la journée, vers 15 h 30, il y a l’Après, un étalage de friandises dans le hall principal. Un peu plus tard, c’est au tour de l’Apéro, composé de viandes, de fromages, de crudités et de trempettes. Pendant que ces plats — et les boissons — étaient servis, des chanteurs se produisaient sur la scène du théâtre, suivis, peut-être, d’un spectacle de cirque pour enfants. Il y avait d’autres divertissements pour adultes plus tard, mais je n’ai pas veillé assez longtemps pour les regarder.

PHOTO EUGEN SAKHNENKO, THE NEW YORK TIMES

Des skieurs attendent pour les télécabines.

Le lendemain matin, j’ai rejoint un groupe de skieurs de niveau intermédiaire à avancé pour une leçon. C’était différent de toutes celles que j’ai eues aux États-Unis. Jack, notre moniteur, n’a pas discuté avec ses élèves sur le télésiège. En fait, il ne s’est même pas assis avec nous. Au sommet de la montagne, il parlait d’une technique à laquelle il fallait réfléchir : où amorcions-nous nos virages ? Quelle partie de notre pied était la plus en contact avec la neige ? Puis nous redescendions directement au pied de la montagne et prenions le téléski pour remonter, sans aucun commentaire sur notre performance.

J’avais prévu retrouver Julie au Club Med pour le dîner. En entrant, j’ai été accueillie par des employés du Club Med en costumes de My Little Pony qui dansaient sur de la musique disco et servaient du café aromatisé au Tia Maria, ce qui était une autre nouvelle expérience pour moi.

Au buffet, j’ai pris du saumon avec de la roquette, une salade de betteraves à l’orange et à la feta, et des légumes grillés. J’ai terminé par un biscuit et une tarte aux pacanes. Comparé au cheeseburger emballé dans du papier d’aluminium et conservé sous une lampe chauffante que j’avais mangé la dernière fois que je suis allée au ski, c’était carrément luxueux.

À travers les fenêtres du centre de villégiature cette nuit-là, nous pouvions voir des VUS de taille familiale avec des coffres à bagages sur le dessus rouler et reculer le long de l’allée menant à l’entrée principale de Charlevoix. C’était les vacances du printemps en Ontario, et les familles affluaient. Le rythme s’accélérait au bureau de l’école de ski. Au souper, Le Marché était en effervescence.

Le lendemain matin, une marée de parents et d’enfants s’est déversée sur l’espace enfants, les familles faisant la queue devant la porte. Au Marché, qui offre une vue sur le fleuve, le soleil qui brillait sur le Saint-Laurent était éblouissant. Bien que nous devions quitter les lieux ce jour-là, nous pouvions rester et skier jusqu’à 15 h, alors je suis retournée sur les pistes. À ce moment-là, la poudreuse de notre premier jour de ski avait disparu depuis longtemps, mais le soleil et le bleu du fleuve étaient leur propre récompense.

Il s’est avéré, en effet, que tout était à l’intérieur.

Sauf pour le ski.

Cet article a été publié à l’origine dans le New York Times.

Lisez l’article original (en anglais)