Si les maisons ont un destin, celui de cette ancienne église presbytérienne des Laurentides est possiblement de rester debout. Sauvée de la démolition par une artiste en 1979, sa résilience a de nouveau été mise à l’épreuve en mai dernier lors du passage du derecho dans la région. Elle s’en est sortie sans une égratignure, bien que 32 arbres soient tombés sur le terrain.

« Même si on vit dans une société moins spirituelle, c’est peut-être un signe de quelque chose », réfléchit à haute voix sa propriétaire, Diane Sable. Elle se souvient encore très bien, et avec grande émotion, de cette journée du 23 mai dernier où des vents violents ont causé d’importants dommages dans les Laurentides. « C’est devenu blanc, comme de la neige », raconte-t-elle. Puis les arbres, certains centenaires, se sont mis à tomber. « Il y en avait quatre, un par-dessus l’autre, à un pied de la véranda. Mes pivoines, mes cassis, mes érables, rien n’a été abîmé. »

Ce soir-là, la maison a servi de refuge à des gens qui étaient coincés sur la route, complètement bloquée. Pendant tout l’été, les propriétaires ont bûché pour nettoyer le terrain. Aujourd’hui, plus rien n’y paraît, mis à part les souches qui parsèment le terrain. Si la disparition de ces arbres a éclairci l’écran qui isole la maison de celle du voisin, elle a aussi permis à la lumière de mieux pénétrer dans le bâtiment.

  • La façade témoigne toujours de son passé religieux.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    La façade témoigne toujours de son passé religieux.

  • Un foyer au bois double face réchauffe la cuisine et la salle à manger.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Un foyer au bois double face réchauffe la cuisine et la salle à manger.

  • L’aménagement de la cuisine est atypique, mais tout y est.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    L’aménagement de la cuisine est atypique, mais tout y est.

  • Les tablettes en bois permettent de mettre en valeur ses plus belles pièces.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Les tablettes en bois permettent de mettre en valeur ses plus belles pièces.

  • Le salon est un peu surélevé par rapport au reste de l’aire ouverte.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Le salon est un peu surélevé par rapport au reste de l’aire ouverte.

  • L’une des trois chambres, à l’étage, originale et chaleureuse

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    L’une des trois chambres, à l’étage, originale et chaleureuse

  • De cette chambre, surmontée d’un plafond cathédrale, on peut accéder à un balcon.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    De cette chambre, surmontée d’un plafond cathédrale, on peut accéder à un balcon.

  • La salle de bains, avec vue sur le jardin

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    La salle de bains, avec vue sur le jardin

  • Une mezzanine, à laquelle on accède par une échelle, pourrait être sécurisée, puis transformée en chambre à coucher ou en espace de jeu ou de détente.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Une mezzanine, à laquelle on accède par une échelle, pourrait être sécurisée, puis transformée en chambre à coucher ou en espace de jeu ou de détente.

  • Un escalier en bois massif relie l’étage et le rez-de-chaussée.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Un escalier en bois massif relie l’étage et le rez-de-chaussée.

  • La véranda en été

    PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE CENTRIS

    La véranda en été

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Coup de chance et de cœur

Diane Sable et son mari Philippe ont acquis cette ancienne église en 2013, sur un coup de chance et de cœur. Ils cherchaient alors une résidence à Saint-Sauveur, une municipalité qu’ils habitaient déjà.

On aime beaucoup ce genre de maisons, qui ont besoin de beaucoup d’amour, de beaucoup de patience. Ce sont des vieilles.

Diane Sable, popriétaire

D’emblée, c’est l’âme de cette vieille, construite en pièce sur pièce, qui leur a plu. « La maison est assise sur du quartz, note-t-elle. On sent l’énergie. Je vois aussi tous les efforts [mis dans sa construction]. Chaque clou a été forgé à la main. »

Il y a dans cette maison les efforts des premiers colons de Britonville, comme on appelait à l’époque ce secteur du canton de Morin (aujourd’hui Morin-Heights) qui chevauchait la frontière de la paroisse de Saint-Sauveur. En 1890, ses habitants, qui étaient principalement d’origine anglaise, écossaise et irlandaise, ont érigé cette petite église presbytérienne en clin de bois blanc. Abandonnée, celle-ci devait être démolie lorsque Jackie Robin Ferre, une artiste venue de France, l’a acquise en 1979 pour la restaurer, l’agrandir et la convertir en maison.

Elle y avait peint des fresques sur l’entièreté des murs, même l’intérieur des armoires. Certaines sont encore visibles aujourd’hui. En 2016, Diane Sable l’a retrouvée. « Je voulais absolument la remercier, puis la féliciter de ce qu’elle a fait. Je me suis dit : “J’ai eu le privilège de vivre ici, il faut absolument que je la remercie, c’est trop beau.” »

Des traces du passé

Bien que l’église ait été grandement transformée pour remplir de nouvelles fonctions, son identité se dévoile à travers la conservation de ses planchers d’origine faits de planches, ses boiseries foncées ainsi que son plafond cathédrale et ses poutres apparentes. S’y trouvent même encore l’armoire du pasteur dont l’intérieur est recouvert de soie et, à côté de celle-ci, le clou en fer forgé où, apparemment, il accrochait sa tenue.

De l’extérieur, l’imposte en arc brisé qui agrémente la façade, la croix accrochée près de la porte d’entrée et le clocher expriment ouvertement le passé du bâtiment.

La superficie originale était modeste : l’église ne comptait que huit rangées de bancs et une sacristie. Lors de la conversion, Mme Ferre y a ajouté un agrandissement qui ceinture le bâtiment original sur trois faces. À leur arrivée, les propriétaires actuels ont fait quelques petites rénovations, afin d’augmenter la capacité de rangement, notamment.

Ils ont aussi investi beaucoup de temps dans la restauration du jardin, où l’on peut côtoyer en été des massifs de vivaces et des arbres fruitiers.

Dans l’aménagement intérieur aussi, où chaque meuble – bien qu’ils fissent pour la plupart déjà partie de leur collection – semble avoir été choisi et placé avec soin.

« C’est une passion [avoir une maison ancienne], rappelle Diane Sable. Ça ne peut pas être un amour ordinaire. Il n’y a rien de droit, rien qui est pareil. Ce sont des heures et des heures de travail. Et quand c’est fini, on en veut une autre. »

S’ils ont décidé de partir, c’est justement pour ouvrir leur cœur à autre vieille, située à L’Isle-aux-Coudres. Une autre demeure achetée sur un coup de cœur, alors qu’ils étaient de passage dans Charlevoix pour un mariage. Ils n’avaient jamais posé les pieds sur cette île qu’on ne gagne que par traversier et ils ont choisi de s’y installer. Un autre amour qui ne peut pas être ordinaire.

Consultez la fiche de la propriété

La propriété en bref

Prix demandé : 799 000 $

Année de construction : 1889

Description : Ancienne église presbytérienne, construite en 1889 et convertie en résidence à la fin des années 1970. Aménagée sur deux étages, en plus d’une mezzanine, la maison compte 12 pièces, dont trois chambres, un bureau, deux salles de bains et une salle d’eau, ainsi qu’une véranda qui donne sur le jardin. Officiellement sur le territoire de Saint-Sauveur, la propriété est située entre les villages de Saint-Sauveur et de Morin-Heights.

Superficie du terrain : 61 794 pi⁠2

Dimensions du bâtiment : 43 pi sur 46 pi

Évaluation municipale (2022) : 234 200 $

Impôt foncier (2022) : 1586 $

Taxe scolaire (2022) : 212 $

Courtiers : Frédéric et Pierre-Marc Pilon, Proprio Direct