La Chine s'apprête à dépasser la France en tant que première destination touristique au monde d'ici 2030, alors que la classe moyenne en croissance en Asie cherche à dépenser davantage en voyages, selon des experts du groupe d'études de marché Euromonitor International.

Dans un rapport publié mardi lors d'une conférence de l'industrie touristique à Londres, Euromonitor a prédit que le nombre de voyages réalisés en 2018 se chiffrerait à 1,4 milliard, en hausse de 5 % par rapport à l'année dernière. La plus forte croissance de nombreuses grandes économies devrait faire grimper d'environ 11 % les recettes de l'industrie.

D'ici 2030, les arrivées internationales devraient avoir encore augmenté d'un milliard, pour des recettes d'environ 2600 milliards  US. La Chine devrait alors avoir dépassé la France et être devenue la première destination mondiale.

La plus grande partie de l'expansion soutenue des voyages et du tourisme, qui dépasse la croissance de l'économie mondiale depuis huit ans, se concentre dans la région Asie-Pacifique, où le nombre de voyages devrait croître de 10 % cette année. La région a tiré parti de la croissance rapide des économies et de la croissance de la classe moyenne, qui cherche à consacrer des revenus disponibles aux loisirs.

L'analyste principal des voyages chez Euromonitor, Wouter Geerts, a expliqué que le processus progressif d'assouplissement des restrictions en matière de visas facilitait les voyages dans la région, 80 % des arrivants en Asie venant de cette région. Il a également souligné que les événements sportifs renforceraient probablement davantage la région, Tokyo accueillant les Jeux olympiques d'été de 2020 et Pékin, les Jeux d'hiver de 2022.

«Le tourisme est un pilier essentiel de l'économie chinoise et de nombreux investissements ont été réalisés pour améliorer les infrastructures et les normes, en plus de politiques et d'initiatives favorables au tourisme», a-t-il dit.

Parmi les autres destinations appelées à connaître une hausse du tourisme se trouvent des pays tels que l'Égypte, la Tunisie et la Turquie, qui ont connu une forte baisse du nombre de visiteurs ces dernières années en raison de problèmes de sécurité.

L'Égypte, en particulier, semble se porter bien, après une longue période de déclin largement liée au bouleversement politique qui a suivi le soulèvement populaire de 2011 et à la destruction d'un avion de ligne russe au-dessus de la péninsule égyptienne en 2015 par un membre de Daech (le groupe État islamique), tuant 224 personnes.

Bien que les réservations en Égypte aient augmenté de 134 % en 2017-2018 par rapport à l'année précédente, selon Euromonitor, le secteur est encore inférieur à ce qu'il était en 2010. Selon les chiffres du gouvernement égyptien, huit millions de touristes ont visité le pays l'année dernière, ce qui reste loin des 14 millions de visites enregistrées en 2010.

L'Europe fait également preuve de résilience et connaît une forte croissance malgré les turbulences économiques et politiques dans certains pays et les nombreuses attaques extrémistes des dernières années.

Une des sources d'incertitude est le Brexit. Un Brexit «sans-accord», qui verrait le Royaume-Uni quitter l'Union européenne en mars, convaincrait des millions de personnes choisir de rester chez elles - environ 5 millions en 2022 - plutôt que de réserver des vacances à l'étranger, prévient le rapport. Cela aurait un effet d'entraînement sur de nombreuses destinations, notamment en Espagne, où les voyageurs britanniques représentent environ un cinquième des recettes touristiques.

Euromonitor avertit également que l'industrie touristique américaine pourrait être frappée de plein fouet si les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine s'accentuaient.