Quand on pense aux grandes villes du Brésil, il y a évidemment São Paulo la mégalopole, Rio la cité enchanteresse ou Brasilia la capitale. Mais pour une raison qu’on ignore, Salvador est souvent oublié. Après y avoir passé quelques jours, le mystère reste entier. Parce que la ville vaut largement le déplacement.

Premier point avant d’aller plus loin : on parle évidemment de Salvador de Bahia, la plus grande municipalité du Nord-Est brésilien, et non du Salvador, cette petite nation d’Amérique centrale qui longe l’océan Pacifique. On tenait à souligner ce « détail », parce que depuis notre retour, chaque fois qu’on raconte notre voyage, on sent une extrême confusion chez notre interlocuteur aussitôt qu’on mentionne le mot qui commence par S. (« Quoi ? Vous êtes allés au Salvador en plus ? »)

Deuxième point : une petite leçon d’histoire. Salvador de Bahia a été la première capitale du Brésil, de 1549 à 1763. Point de convergence des cultures européennes, africaines et autochtones, cette ville est également connue pour avoir accueilli les premiers esclaves africains à destination des plantations de canne à sucre.

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L’Igreja e Convento São Francisco, reconnue comme étant l’une des plus belles églises du Brésil

Cet héritage multiculturel est particulièrement apparent lorsqu’on visite son centre historique. Perché à 85 mètres au-dessus du niveau de la mer, l’endroit est situé au sommet d’un escarpement qu’on peut gravir à pied (pour ceux qui n’ont pas peur d’avoir chaud), en auto (pour ceux qui n’ont pas peur des rues étroites à double sens) ou encore en ascenseur (pour ceux qui n’ont pas peur des constructions issues du XIXe siècle).

On peut y sentir le Brésil métissé et pluriculturel de différentes manières : au son des joueurs de batucada (percussions traditionnelles) en dégustant une moqueca (ragoût de poisson) sur une terrasse, en admirant les toiles aux couleurs vibrantes des nombreuses boutiques d’art, en acceptant les rubans irisés (fitas do Bonfim) qu’offrent les habitants (moyennant rétribution, bien entendu), en attrapant une démonstration de capoeira, ou encore, en contemplant les multiples représentations (images, sculptures…) des Baianas de l’Acarajé, ces femmes noires vendeuses de friandises, qu’on trouve un peu partout.

Des contrastes

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Des façades colorées dans le quartier historique de Pelourhino

Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1985, l’un des quartiers de Salvador, le Pelourhino, situé au cœur du centre historique, en jette avec ses bâtiments coloniaux aux couleurs vives qui donnent à n’importe quelle photo des allures de carte postale. On y trouve des églises, des musées, des magasins de souvenirs, ainsi qu’une place publique inclinée et triangulaire hautement instagrammable appelée Largo de Pelourhino. Sa grande beauté contraste avec son passé sombre ; les esclaves y étaient exposés et flagellés.

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La basse ville de Salvador, vue à partir du centre historique

Détail à signaler : Michael Jackson a visité le site en 1996 pour tourner le vidéoclip de They Don’t Care About Us, réalisé par Spike Lee. La scène du balcon est d’ailleurs immortalisée au moyen d’une affiche qui orne la façade d’une maison, qu’on peut difficilement manquer.

Le Pelourhino se visite en plein cœur du jour, sous un soleil de plomb, car une fois le soleil couché, l’atmosphère change radicalement. Les plus petites artères sont rapidement désertées, et durant la soirée où nous y étions, on pouvait voir des voitures de police à chaque coin de rue. On n’a été témoin d’aucun évènement fâcheux, mais disons qu’une aussi forte présence policière laisse un drôle d’arrière-goût.

Éventail de plages

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La magnifique plage d’Itapuã, à 25 km du centre-ville

Mais Salvador, ce n’est pas seulement un centre historique ultraphotogénique. C’est aussi un large éventail de plages. La plus urbaine est assurément la Praia Porto da Barra, une petite étendue de littoral particulièrement bondée le week-end. Elle compte un nombre impressionnant de parasols au pied carré. Les habitués y apportent leurs haut-parleurs, qui crachent leurs décibels durant toute la journée. Conseil d’ami : demandez le prix lorsqu’un vendeur vous offre une caïpirinha. Parce qu’au moment de régler la facture, en fin d’après-midi, vous pourriez être surpris du montant facturé…

  • La plage de Flamengo

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    La plage de Flamengo

  • La plage d’Itapuã

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    La plage d’Itapuã

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À l’opposé, à 33 kilomètres du centre-ville (une quarantaine de minutes de voiture, en fonction de la congestion), on aime le calme de Flamengo, une plage entourée de verdure sur laquelle on recharge ses batteries. Et entre les deux, on retient les plages de Piatã et d’Itapuã, des sortes de compromis à 25 kilomètres.

Salvador, qui compte près de 3 millions d’habitants, est également le point de départ de plusieurs excursions dans l’État de Bahia. Au sud, l’une des plus populaires est l’escapade à Morro de São Paulo, un village très touristique situé dans une île où tous les déplacements se font en marchant, puisqu’aucune automobile n’y circule. Après l’avoir visité en une journée, ce qui implique un départ de l’hôtel à 5 h 30 du matin, un total de sept heures de déplacement (taxi, traversier, autobus et bateau à propulsion), ainsi qu’un retour, complètement crevé, aux alentours de 19 h, on recommande d’y coucher une ou deux nuits.

Infos pratiques

La ville de Salvador est facile d’accès, puisqu’elle renferme le principal aéroport de l’État de Bahia, lequel est situé au bout d’une avenue qui traverse un bosquet de bambous. Les liaisons aériennes vers Rio et São Paulo (d’une durée d’environ deux heures) sont fréquentes, quoique plus chères que d’autres vols internes vers d’autres pays d’Amérique du Sud, comme la Colombie et l’Argentine.

Par exemple, notre billet Rio-Salvador s’est élevé à 240 $ CAN. Mais puisqu’en attendant nos valises au carrousel à bagages, on a failli rentrer dans l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro, qu’un comité d’accueil particulièrement bruyant attendait de l’autre côté des portes de sortie, on s’est dit que ça faisait partie du forfait !