La première journée de grève des employés d'Air Canada a entraîné quelques retards à l'aéroport de Montréal, mais pas de débordements.

Hier soir, la tranquillité régnait près du comptoir Air Canada. Au moment du passage de La Presse, des passagers épars enregistraient leurs bagages aux bornes électroniques, avec l'aide d'employés remplaçant les grévistes. Après une journée dans les couloirs de l'aéroport, les grévistes avaient plié bagage.

«La grève? Elle ne commence pas demain?¢ Un couple de touristes suisse s'étonne. «On n'a rien vu», disent Constance et Mathias, croisés aux bornes d'enregistrement des vols vers l'international d'Air Canada. Aux bornes, un employé, qui refuse de dire son nom ou celui de son employeur, confirme: «C'est tranquille.»

Dès le déclenchement de la grève, lundi soir, les syndiqués ont érigé un piquet de grève devant la porte d'entrée de l'aéroport Montréal-Trudeau, où ils ont passé la nuit. À 10h, hier matin, plus de 200 grévistes faisaient des rondes dans l'aéroport, pancartes à la main. Des représentants syndicaux munis de porte-voix encourageaient leurs membres.

«Les employés ont beaucoup donné depuis 10 ans: il faut que ça s'arrête quelque part», a dit Savario Siciliano, qui travaille aux réservations. En plus des concessions sur les vacances et les congés de maladie, les employés d'Air Canada ont accepté un gel de salaire à l'été 2009 pour permettre à la société aérienne de se remettre sur pied.

Rachel, employée au service à la clientèle, craint l'impact qu'auraient les coupes dans le régime de retraite. Selon le syndicat, les demandes de l'employeur pourraient réduire de 40% à 48% la caisse de retraite de ses membres.

«Je perdrais entre 7000$ et 7500$ par année, a dit Rachel, qui travaille chez Air Canada depuis 37 ans. Je prévois prendre ma retraite dans huit ans: je n'ai pas le temps de la planifier autrement.»

En matinée, une douzaine de vols à destination du Canada et des États-Unis affichaient des retards allant de 30 minutes à 2heures30 environ Le guichet de vente de billets était fermé, faute d'employés. Air Canada encourageait ses clients à utiliser les bornes libre-service pour s'enregistrer.

La porte-parole d'Air Canada, Isabelle Arthur, n'a pas précisé combien de vols avaient été retardés pendant la journée. «Il y a des retards, mais les chiffres s'approchent d'une journée typique», a-t-elle dit. Mme Arthur a soutenu que la plupart des retards étaient dus au fait que les agents de bord avaient demandé d'être accompagnés pour traverser les piquets de grève.

Joanne Pionati, vice-présidente du district 401 des TCA, a accusé Air Canada de minimiser les retards subis par la grève pour ne pas nuire à son image.

En fin d'après-midi, hier, les deux parties se trouvaient dans le même hôtel, à Toronto, mais les négociations étaient suspendues. Air Canada soutient que le régime à prestations déterminées dont bénéficient 26 000 employés actuels et 29 000 retraités menace la survie de la société.

«Nous sommes très déçus qu'aucune entente n'ait été conclue en vue d'une nouvelle convention, avant l'échéance du préavis de grève des TCA», a déclaré dans un communiqué le vice-président général et chef de l'exploitation chez Air Canada, Duncan Dee. La direction s'est dite «disposée» à reprendre les discussions avec le syndicat.

>>>Consultez le site de l'aéroport Montréal-Trudeau pour connaître l'état des vols