Imaginez si La Presse déménageait. Qu’entre ses murs s’installait une bande de créatifs nostalgiques, qui décidait de transformer ses locaux en hôtel. Bienvenue au Volkshotel, qui fêtera l’an prochain ses 10 ans, un lieu de vie pour touristes et locaux aussi unique que festif à Amsterdam, clins d’œil à son riche passé journalistique inclus.

Il est planté dans une rue qui a déjà figuré parmi les plus moches d’Amsterdam. Une rue au nom imprononçable, Wibautstraat, à une demi-heure à pied du centre, quatre petites stations de métro de la gare. Un coin longtemps plus ou moins impersonnel (quoiqu’aujourd’hui plein de vie) où se dressaient jadis une poignée de quotidiens locaux, dont le Volkskrant, le journal du peuple, par ailleurs et à ce jour l’un des plus grands et progressistes quotidiens néerlandais.

Début 2000, les médias du quartier déménagent un à un vers l’est, laissant entre autres cet immense bâtiment vacant. Pire : en ruine. Un bâtiment, faut-il préciser, considéré dans une autre vie comme des plus modernes pour un média. Imposant, blanc de blanc, avec autant de briques sur sa façade qu’il y a de caractères dans un journal, coiffé savamment de son titre sur le toit, telle une véritable une, entres autres allusions d’initiés.

Il n’en fallait pas plus pour que des artistes l’investissent, vers 2007, transformant ses locaux abandonnés en joyeux studios de création. Il était malgré tout menacé de démolition, vu l’état décrépit du lieu, et c’est cet audacieux projet d’hôtel de 172 chambres sur sept étages qui a finalement sauvé l’immeuble, et son histoire au passage. Et pas n’importe lequel : un projet rassembleur, ouvert à tous en 2014, aux fonctions plurielles. « Nous sommes arrivés avec cette idée, résume Tijs Bullock, coordonnateur à la conception et à la création, d’un lieu pour les touristes, mais aussi les locaux, avec un club au sous-sol, un espace de télétravail, et une programmation culturelle. » Sans parler du restaurant avec vue imprenable sur la ville (dans l’ancienne cafétéria des journalistes, au 7e étage !), le spa sur le toit, et le café à l’entrée.

  • La cafétéria du 7e a été métamorphosée en restaurant, Le Canvas.

    PHOTO SILVIA GALIPEAU, LA PRESSE

    La cafétéria du 7e a été métamorphosée en restaurant, Le Canvas.

  • L’entrée est accueillante, avec son bar-café qui fourmille à toute heure de la journée.

    PHOTO SILVIA GALIPEAU, LA PRESSE

    L’entrée est accueillante, avec son bar-café qui fourmille à toute heure de la journée.

  • Bains chauds, sauna et terrasse sur le toit de cet hôtel particulier.

    PHOTO SILVIA GALIPEAU, LA PRESSE

    Bains chauds, sauna et terrasse sur le toit de cet hôtel particulier.

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Ce lieu de vie est désormais vivant à toute heure de la journée, décalé, quoiqu’archi inclusif. Le bâtiment abrite en effet, outre les chambres, des dizaines de studios d’artistes dans une aile à l’arrière, en plus de studios de musique. Le tout sans renier pour autant son passé, au contraire. « On a voulu rendre hommage à son histoire, poursuit Tijs Bullock, pour la garder vivante, pour les hôtes des générations à venir. »

  • Les dessins du caricaturiste Opland ont été restaurés dans une chambre qui porte désormais son nom, la 527.

    PHOTO FOURNIE PAR LE VOLKSHOTEL.

    Les dessins du caricaturiste Opland ont été restaurés dans une chambre qui porte désormais son nom, la 527.

  • La White Bike, pensée par un créateur local, fait partie des cinq chambres de luxe de l’hôtel.

    PHOTO FOURNIE PAR LE VOLKSHOTEL.

    La White Bike, pensée par un créateur local, fait partie des cinq chambres de luxe de l’hôtel.

  • Des cabines à petit prix accueillent les voyageurs solos.

    PHOTO FOURNIE PAR LE VOLKSHOTEL.

    Des cabines à petit prix accueillent les voyageurs solos.

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En fait foi ce kiosque à journaux (papier), ici à l’accueil. Là, dans la douche, ces articles de journaux découpés. Ou, plus systématiquement, à chaque étage, cet hommage à une section spécifique du notable quotidien : mode, royauté, météo. Pour la petite histoire, dans la chambre 527, on a retrouvé, lors des rénovations, des dessins du caricaturiste Robert Wout, Opland de son nom de plume. Ceux-ci ont été préservés, et tapissent désormais les murs de la chambre, rebaptisée à son nom.

Ce n’est pas tout. Si cinq chambres de luxe, conçues par des designers et architectes locaux, ont fait la notoriété de l’immeuble avec les années, le Volkshotel se targue d’accueillir autant les mères chefs de famille monoparentale que les courtiers immobiliers, les punks que les poètes. Bref, toutes les classes sociales et tous les portefeuilles. Même les chiens sont bienvenus. « Nous avons un manifeste sur notre site web, et c’était vraiment important pour nous, parce qu’Amsterdam peut être une ville assez chère. » On a d’ailleurs sacrifié plusieurs chambres de luxe pour les transformer avec les années en petites cabines, idéales pour les voyageurs solos. Les chambres vont désormais de l’extra petit à l’extra grand, voire au studio, pour les séjours prolongés.

  • Une tête de lit conçue à partir de feuilles de journaux recyclées.

    PHOTO SILVIA GALIPEAU, LA PRESSE

    Une tête de lit conçue à partir de feuilles de journaux recyclées.

  • Notre plus minuscule chambre à vie !

    PHOTO SILVIA GALIPEAU, LA PRESSE

    Notre plus minuscule chambre à vie !

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La nôtre, la plus minuscule qui soit, et malgré une imposante colonne de béton plantée en son centre, était néanmoins d’un fonctionnel redoutable. Mention spéciale à cette fenêtre qui ornait un mur complet, avec vue imprenable sur la ville aux mille couleurs, telle une invitation à sortir la découvrir. Et à revenir !

À partir de 79 euros (116 $) la nuit (jusqu’à 300, selon la chambre)

Consultez le site du Volkshotel (en anglais et en néerlandais)

Quatre coups de cœur à Amsterdam

L’évidence : rouler à vélo

PHOTO FOURNIE PAR LE VOLKSHOTEL.

Le moyen de transport des locaux

C’est le moyen de transport des locaux, on le sait, et on serait surtout fou de s’en priver. Si plusieurs adresses à Amsterdam offrent des services de location, certains hôtels, dont le Volkshotel, font de même, et il faut rouler le long des canaux, par-dessus ses ponts et sur ses pavés, pour vraiment sentir la ville. Osez vous perdre au centre dans ses fameuses 9 rues (Straatjes), mais explorez aussi des quartiers excentrés, plus difficilement accessibles à pied.

La surprise : le Nouvel Amsterdam (NDSM)

PHOTO SILVIA GALIPEAU, LA PRESSE

Le quartier des anciens chantiers navals et son œuvre murale représentant Anne Frank valent le détour.

Accessible en ferry, avec votre vélo (ou non), directement à côté de la gare, le quartier des anciens chantiers navals est une sorte de Brooklyn néerlandais : pensez musée des graffitis, œuvre murale géante représentant Anne Frank, hangars transformés en cafés branchés (notamment le Pllek, avec son entrée directement dans un hangar reconverti), ou encore en studios d’artistes à visiter (le coin dit de Ceuvel propose un petit parcours fascinant, à ne pas manquer).

Consultez le site du Pllek (en anglais) Consultez le site de Ceuvel (en anglais)

La pause culturelle : Le Moco

PHOTO SILVIA GALIPEAU, LA PRESSE

Gros coup de cœur pour le Moco d’Amsterdam et sa riche collection de plusieurs grands noms, dont Banksy.

Ce ne sont pas les musées qui manquent à Amsterdam. Entre Van Gogh, Rembrandt, le musée historique juif ou la maison d’Anne Frank, les options sont aussi riches que variées. Gros coup de cœur pour le Moco, un musée d’art contemporain ouvert depuis 2016 dans une minuscule résidence, ayant accueilli des sœurs, puis un bureau d’avocat, avant d’être ici ouvert au public, avec sa collection comptant plusieurs grands noms, parmi lesquels Banksy, Keith Haring, Yayoi Kusama, etc. Avis aux intéressés : les enfants (et leurs parents !) se laisseront assurément séduire par les salles multiples d’art numérique immersif.

Consultez le site du Moco Museum (en anglais)

La bonne table : Café Beurre

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE INSTAGRAM DU CAFÉ BEURRE.

Le Café Beurre propose l’un des meilleurs menus végés en ville

Cette nouvelle adresse du quartier Westerpark propose apparemment l’un des meilleurs menus végétariens en ville, sans parler de sa riche sélection de vins. La carte propose des petits plats à partager, en néerlandais seulement, certes, mais vous ne pouvez pas vous tromper. Laissez-vous guider par un gentil serveur, et osez les concombres marinés, les radis au beurre, et ces raviolis en sauce au délicieux goût de revenez-y. Sans réservation, premier arrivé, premier nourri !

Consultez le site du Café Beurre (en anglais et en néerlandais)