(Amsterdam) Avril est probablement une des périodes les plus agréables de l’année pour visiter la capitale des Pays-Bas. Le printemps y est déjà bien présent ; les arbres s’affichent en vert tendre, les parterres et les parcs sont en fleurs, la campagne environnante expose ses innombrables champs de tulipes. Mais le rendez-vous incontournable est Keukenhof, un parc floral éphémère qui attire des visiteurs du monde entier.

Ouvert seulement sur une période de sept ou huit semaines, Keukenhof est unique en son genre. Le parc floral se renouvelle chaque année. À l’exception des parcelles de vivaces – dont certaines datent de plus de 150 ans – les quelque 7 millions de tulipes, narcisses, jacinthes et autres plantes bulbeuses que le public peut humer et dévorer des yeux au printemps sont toutes déterrées au cours de l’été. Les jardins sont ensuite redessinés et l’automne venu, c’est la plantation qui recommence à la main, un bulbe à la fois.

Imaginez : 800 variétés de tulipes, une orgie de couleurs dans un parcours où l’eau est omniprésente, des sentiers parsemés de sculptures où l’on peut admirer aussi plusieurs bâtiments anciens, dont, évidemment, un moulin à vent d’époque. Des milliers de plantes en fleurs sont aussi en vedette en salles d’exposition. On peut y faire également une promenade en barque pour se remplir les yeux des champs de tulipes avant qu’on ne leur coupe la tête.

Car la beauté des champs néerlandais est bien éphémère, elle aussi. À peine la floraison commencée, les tiges passent à la guillotine pour que toute l’énergie des feuilles soit concentrée dans les bulbes, tous destinés à la vente. Mais si court soit-il, le spectacle est fabuleux.

D’ailleurs les visiteurs viennent à Keukenhof de partout pour vivre pleinement leur fièvre du printemps. L’an dernier 1,1 million de visiteurs de plus de 100 pays y ont défilé. En guise de comparaison, le Jardin botanique de Montréal attire autour de 800 000 personnes… par année.

  • Si la tulipe est reine à Keukenhof, on y plante aussi autour de 3 millions de bulbes de variétés diverses comme ces muscaris tout de bleu vêtus.

    PHOTO FOURNIE PAR KEUKENHOF

    Si la tulipe est reine à Keukenhof, on y plante aussi autour de 3 millions de bulbes de variétés diverses comme ces muscaris tout de bleu vêtus.

  • Canaux, étangs ; l’eau est omniprésente au parc floral Keukenhof.

    PHOTO FOURNIE PAR KEUKENHOF

    Canaux, étangs ; l’eau est omniprésente au parc floral Keukenhof.

  • Keukenhof est aussi une vitrine commerciale où une centaine de producteurs et exportateurs de bulbes présentent leurs produits.

    PHOTO FOURNIE PAR KEUKENHOF

    Keukenhof est aussi une vitrine commerciale où une centaine de producteurs et exportateurs de bulbes présentent leurs produits.

  • On plante pas moins de 500 variétés de tulipes à Keukenhof de formes et de couleurs différentes.

    PHOTO FOURNIE PAR KEUKENHOF

    On plante pas moins de 500 variétés de tulipes à Keukenhof de formes et de couleurs différentes.

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Pas d’écureuils à Keukenhof

Situé à Lisse, à environ une heure de route d’Amsterdam, le parc floral Keukenhof occupe 32 hectares d’un immense domaine dont l’origine date de quelques siècles. Le jardin est financé en grande partie par les producteurs et exportateurs de bulbes, ainsi que par les recettes générées par les entrées. « Il va sans dire que les années de pandémie ont été particulièrement difficiles du point de vue financier, explique la porte-parole de l’organisation, Britt Verkevisser. En 2020, nous sommes restés fermés et l’année suivante, les jardins ont été ouverts un peu plus de deux semaines même si toutes les plantations avaient été renouvelées, comme chaque fois. »

Bénéficiant d’une vitrine commerciale importante, une centaine de fournisseurs triés sur le volet aménagent chacun leur parcelle selon leur goût, en prenant soin de bien identifier leurs plantes. Afin d’assurer une floraison continue durant les huit semaines d’exposition, les bulbes sont plantés sur trois couches d’épaisseur successives, de façon à ce que les espèces et variétés hâtives soient en fleurs à l’ouverture, alors que les tardives se manifestent à la fin d’avril.

Le plus étonnant, du moins pour un jardinier québécois, c’est que les écureuils semblent absents de ce vaste jardin. « Des écureuils ! Je n’en ai jamais vu ici ! » lance Mme Varkevisser.

Bon à savoir

Keukenhof est desservi par un système efficace de navettes. À réserver en même temps que les billets d’entrée (à partir de 19 euros pour un adulte). L’endroit a ouvert ses portes le 23 mars et la saison se poursuit jusqu’au 14 mai, de 8 h à 19 h. Vous éviterez en partie la cohue en vous y rendant tôt le matin ou en fin d’après-midi.

Consultez le site de Keukenhof

Beaucoup plus que des fleurs

PHOTO MATTHEW LLOYD, ARCHIVES BLOOMBERG

Amsterdam est aussi reconnu pour ses canaux.

Si Keukenhof est l’attraction touristique principale des Pays-Bas au printemps, on ne va pas à Amsterdam que pour visiter le jardin, évidemment. Voici quelques autres attraits à découvrir sur place.

Sur l’eau

Il faut faire quelques tours de péniche sur les canaux, au moins sur deux circuits distincts, pour profiter de tout ce que la ville a à offrir en la matière.

Chez Rembrant

Visiter la maison de Rembrant (1606) ne serait-ce que pour en apprendre davantage sur l’architecture des maisons anciennes et étroites d’Amsterdam. Fait étonnant : le lit du maître est extrêmement court. C’est qu’à cette époque, on dormait… assis.

PHOTO PIROSCHKA VAN DE WOUW, ARCHIVES REUTERS

Le tableau La Ronde de nuit de Rembrandt, exposé au Rijksmuseum

Des musées exceptionnels

Le Rijksmuseum et le Van Gogh Museum sont deux musées qui valent à eux seuls la traversée de l’Atlantique. Lors de notre séjour, ils affichaient complet pour toute la semaine. Un truc : visiter leurs sites web tous les jours. Vous y découvrirez sûrement une plage horaire où il reste quelques places libres. Ou mieux encore : réservez votre billet avant de partir.

300 ans en pot

Créé en 1638, le jardin botanique Hortus botanicus est un des plus vieux au monde. Petit, tranquille, très bien garni – et doté d’un excellent café. La palmeraie abrite deux des plus vieilles plantes en pot qui soient. Disparu en milieu naturel, l’imperturbable Encephalastos horridus pousse dans son bac depuis 300 ans. Il fait bon ménage avec sa jeune compagne de 200 ans d’âge. Et ils produisent encore des fruits dont les graines sont offertes à d’autres institutions botaniques.

Le marché aux fleurs

Tout près de la gare Centrale – d’où partent par ailleurs plusieurs péniches de touristes – se trouve le marché aux fleurs. Aménagé sur l’eau en 1862, il étonne par la diversité des plantes offertes.