(Ottawa) Dans une mise à jour de ses conseils aux voyageurs à destination des États-Unis publiée mardi, le Canada avise les membres de la communauté LGBTQ+ qu’ils pourraient être victimes de discrimination s’ils voyagent dans certains États.

Affaires mondiales Canada affirme que les Canadiens devraient vérifier les lois des États concernés, car certains ont de nouvelles politiques et lois « qui pourraient affecter les personnes LGBTQ+ ».

Dix-huit États ont adopté des lois qui limitent ou interdisent purement et simplement les soins médicaux d’affirmation de genre pour les mineurs, et plus d’une douzaine ont déjà adopté ou envisagent d’adopter des lois qui limitent ou interdisent l’enseignement de l’orientation sexuelle dans les écoles.

Le département américain de la Sécurité intérieure a également averti en mai que les menaces de violence contre la communauté LGBTQ+ devenaient de plus en plus fréquentes et intenses.

Contrairement aux avertissements similaires lancés pour plusieurs autres pays, comme la Tanzanie ou l’Égypte, l’avertissement du Canada concernant les États-Unis ne précise pas quels États ni lesquelles de leurs lois ou coutumes sont préoccupantes. Il indique simplement que les voyageurs doivent vérifier les lois locales de leur destination avant de voyager.

Sur une page plus générale consacrée aux conseils aux voyageurs LGBTQ+ internationaux, le gouvernement fournit des liens vers des ressources permettant de rechercher les lois pertinentes dans le monde.

« Réfléchissez bien si vous êtes à l’aise de visiter une destination où les lois et les coutumes sociales affectant les personnes (LGBTQ+) diffèrent de celles du Canada », prévient le gouvernement.

On peut aussi y lire que si ces personnes choisissent d’utiliser un X sur leur passeport là où elles identifient leur sexe, elles pourraient être victimes de discrimination dans certains endroits.

En mai, la NAACP et la Human Rights Campaign, un groupe de défense LGBTQ+ établi aux États-Unis, faisaient partie de plusieurs groupes de défense des droits civiques publiant leurs propres avis aux voyageurs spécifiquement pour la Floride. Cela s’est produit après que le gouverneur Ron DeSantis, candidat à l’investiture présidentielle républicaine, a promulgué des restrictions législatives sur les spectacles de drag queen, l’utilisation des toilettes qui ne correspondent pas au genre attribué à la naissance et l’utilisation de pronoms préférés dans les écoles.

Les enseignants de Floride sont également désormais tenus d’enseigner que le sexe est « un trait biologique immuable » et que les élèves ne doivent utiliser que le pronom du sexe sur l’acte de naissance d’une personne. Ils ne peuvent pas non plus enseigner quoi que ce soit sur l’identité de genre ou l’orientation sexuelle avant l’école secondaire. Ce projet de loi est surnommé par ses opposants le projet de loi « Don’t say gay ».

Les groupes de défense ont déclaré que leur conseil n’était pas d’éviter la Floride à tout prix, mais que si les gens choisissaient quand même de s’y rendre, ils devraient profiter de l’occasion pour dénoncer les lois, et s’ils choisissaient de ne pas le faire, ils devraient en expliquer clairement la raison.

Des avertissements qui ne sont pas « politiques »

Interrogée sur ce changement, la vice-première ministre Chrystia Freeland affirme que les avis aux voyageurs publiés par Affaires mondiales Canada sont basés sur les conseils de professionnels du ministère, dont le travail consiste à surveiller les dangers particuliers qui pourraient affecter les voyageurs canadiens.

« Les avertissements que notre gouvernement met pour les Canadiens qui voyagent à l’étranger ne sont pas politiques », a souligné Mme Freeland.

Elle n’a pas voulu commenter spécifiquement l’avertissement sur les États-Unis ou son effet potentiel sur les relations canado-américaines, mais a déclaré que les intérêts et la sécurité de tous les Canadiens sont la priorité du gouvernement.

« Nous sommes capables de gérer cette relation, quel que soit le choix que fait le peuple américain », a déclaré Mme Freeland.

« Même si nous travaillons dur sur cette relation de gouvernement à gouvernement, chaque gouvernement canadien, y compris notre gouvernement, doit mettre au centre de tout ce que nous faisons les intérêts et la sécurité de chaque Canadien et de chaque groupe de Canadiens », a-t-elle ajouté.

Dans une déclaration écrite, l’ambassadeur des États-Unis David Cohen n’a pas directement abordé le nouvel avertissement aux voyageurs, mais a déclaré que son pays « défend l’égalité et l’égalité de traitement pour tous ».

« Les États-Unis s’engagent à promouvoir la tolérance, l’inclusion, la justice et la dignité tout en contribuant à faire progresser l’égalité pour la communauté LGBTQI+ », a-t-il écrit.

« Nous devons tous continuer à faire ce travail avec nos partenaires partageant les mêmes idées, non seulement aux États-Unis et au Canada, mais partout dans le monde », a-t-il ajouté.