Le plus gros paquebot jamais construit dans le monde sera mis à l'eau l'automne prochain. Il s'agit de l'Oasis of the Seas, un mastodonte de 220 000 tonnes pour une capacité de 5400 passagers «en lits bas» (certaines cabines comportent des couchettes rétractables pour accueillir les familles avec enfants).

Royal Caribbean International, armateur de cette ville flottante de 1,2 milliard de dollars, n'en est pas à son coup d'essai en matière de gigantisme. En avril 2006, les médias du monde entier avait largement fait écho au lancement du Freedom of the Seas de la même compagnie, qui, avec son gabarit de 158 000 tonnes était le premier paquebot à pouvoir loger confortablement 4000 passagers. Depuis, Royal Caribbean a lancé deux copies conformes du Freedom, le Liberty et son jumeau, l'Independance, qui feront bientôt figure de navires de moyenne dimension.

 

«On en est rendu au point où un navire de 90 000 tonnes qui embarque 2500 croisiéristes fait figure de petit bateau!» s'exclame Guy Bergeron, de Croisières pour tous. Des petits paquebots qui sont loin d'offrir toute la gamme de restaurants, de bars, de distractions, de piscines, de magasins et d'autres types de prestations destinées à occuper les passagers pendant que le navire est en mer. Pourtant les petits paquebots ont leurs partisans. «On n'y fait pas la file pour entrer aux restaurants «de spécialités» et dans la salle de spectacles», constate Christiane Piché, de Voyages Vasco Chomedey.

Pour Louise Cofsky, chef commercialisation croisières chez Vacances Transat, c'est une question de goût et, surtout, d'intérêts. «Les petits navires accostent dans des ports européens comme Bonifacio, en Corse, ou Portofino, en Italie, auxquels les mastodontes de plus de 3000 passagers n'ont pas accès. Pour les amateurs de gigantisme, cela a peu d'importance, puisque pour eux le navire est la destination en soi», explique-t-elle.

Sean Flynn, directeur de l'agence Centre des croisières, renchérit en faisant observer qu'un mégapaquebot n'est pas un produit adapté à l'Europe. «Un consommateur qui achète une croisière en Méditerranée ou en mer Baltique veut visiter les ports d'escale qui sont presque toujours des endroits extraordinaires, dit-il. Dans les Antilles, beaucoup de passagers ne débarquent pas, s'il s'agit de gros paquebots.»

Éric Saint-Pierre, chef de produits chez ÉvasionCroisières Encore, préfère le service personnalisé et le décorum des petits navires. «J'aime la complicité qui s'établit avec le personnel, j'aime le fait qu'après deux jours, le barman se souvient du cocktail que je bois à l'heure de l'apéritif, j'aime plaisanter avec les serveurs. Les gros navires sont devenus des centres de villégiature. Mis à part le fait qu'ils se déplacent, il n'y a plus grande différence avec un bon tout-inclus de la Riviera Maya.»

L'escalade vers le gigantisme devrait cesser. Au départ, le grand rival de Royal Caribbean, Carnival, suivait le mouvement, mais cette compagnie a jeté l'éponge. Le Carnival Dream, qui sera lancé en septembre, ne jaugera que 130 000 tonnes pour une capacité de 3646 passagers. Il sera, avec son jumeau, le Magic, prévu pour 2010, le plus gros navire de la flotte et devrait le rester longtemps.

 

 

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Croisière c. circuit terrestre

«Comparez le prix d'une croisière en Méditerranée avec celui d'un voyage traditionnel en Europe de même durée: vous verrez que la croisière est - et de loin! - la formule la plus économique», dit Louise Cofsky, chef marketing croisières chez Vacances Transat.

Ce que nous avons fait, avec son aide. Elle nous donne pour exemple une croisière en Méditerranée orientale du Celebrity Solstice au départ de Civitavecchia (le port de Rome), ce printemps. La croisière se vend 1499$, taxes, vol de Montréal et transferts inclus. Il s'agit d'une cabine intérieure (donc les moins bonnes), mais le paquebot appartient à la catégorie «Premium», ce qui équivaut à un hôtel «quatre étoiles» européen.

Si on tient compte du vol (899$ avec Air Transat), sept nuits d'hébergement dans un hôtel quatre étoiles en Italie (au bas mot 250$ la nuit, soit 875$ par personne pour la semaine), des repas (420$ par personne, au moins) et une location de voiture, essence incluse, pour les déplacements (environ 700$ soit 350$ par personne), on arrive à plus de 2500$. Encore n'a-t-on pas calculé le budget consacré aux entrées dans les musées et distractions (à bord d'un navire de croisière, les spectacles et activités sont gratuits).

«Et on mangera beaucoup mieux à bord des navires et, cela, à toute heure du jour et de la nuit, remarque Louise Cofsky. S'il s'agit d'une famille avec enfants, ils ne paieront que le billet d'avion, puisque l'agent de voyages les dirigera certainement vers des compagnies comme MSC et Costa qui accueillent gratuitement les enfants de 17 ans et moins!»

 

7,1 jours

La durée moyenne d'une croisière.