Après les contestations politiques, flâner en mangeant des graines de tournesol est certainement l'activité la plus populaire de Géorgie. Et le touriste a lui aussi tout le loisir de laisser s'allonger les heures.
À Batoumi, sympathique station balnéaire de la mer Noire, c'est tous les jours dimanche. Les écailles et les mégots de cigarette s'amassent au pied des bancs publics de la longue promenade du bord de mer.
Les cannes à pêche des amateurs s'alignent tout le long du port, le plus grand de cette ancienne république soviétique. Les prises sont faciles. Les enfants en sous-vêtements font le grand saut à la mer du haut des quais.
Les plages de galets s'étendent à perte de vue jusqu'en Turquie, à une dizaine de kilomètres à peine de Batoumi. Plus on s'éloigne du port, plus l'eau turquoise est propre et agréable, fouettée de douces vagues. L'air marin semble apaiser les ardeurs de ce bouillant peuple de la poudrière caucasienne.
Malgré ce temps qui flotte, les Batoumiens vous demandent souvent l'heure. Tantôt pour satisfaire leur curiosité quant à l'étranger non ex-soviétique, tantôt pour savoir combien de temps il leur reste à perdre au bord de la mer avant le coucher du soleil.
Batoumi, joyau de la villégiature de l'empire déchu, a su redonner des couleurs à ses édifices soviétiques ternes et à son petit centre-ville pour se rendre agréable et reposant. Malgré ses relents de kitsch russo-géorgien, il vaut amplement le détour de Turquie, de Tbilissi, voire de l'Arménie voisine.
À mon passage, fin mai, les touristes géorgiens n'avaient pas encore pris d'assaut les plages pour la saison estivale. La mer Noire se montrait toutefois déjà assez chaleureuse pour accueillir les baigneurs. Les trains de nuit en provenance et en direction de la capitale Tbilissi respiraient encore avant la tempête touristique annuelle.
Tbilissi
La capitale Tbilissi, «chaud» en géorgien, tire son nom de sa principale richesse naturelle: l'eau sulfureuse. L'écrivain Alexandre Dumas et le plus grand poète russe Alexandre Pouchkine écrivaient tous deux au XIXe siècle y avoir pris le meilleur bain de leur vie. Ils n'ont pas menti. On sort en homme neuf des vieux bains sulfureux tbilissiens.
Mais la capitale géorgienne a plus d'un charme dans son sac. Construit en longueur, dans l'étroite vallée du fleuve Mtkvari (aussi appelé Koura), Tbilissi est surplombé par la religion. Les églises orthodoxes perchées en haut des collines et des falaises sont bondées lors des messes, plusieurs fidèles devant suivre les prières du pope à l'extérieur.
Les murs des nombreuses églises de la ville sont entièrement recouverts de fresques bleutées et d'icônes de saints. Multiconfessionnel, Tbilissi compte aussi une impressionnante synagogue pour ses 5000 juifs, ainsi qu'une cathédrale apostolique arménienne et une mosquée impressionnante.
Si on flâne à Batoumi, il est aussi permis de prendre son temps à Tbilissi, malgré le bruit assourdissant de la circulation près des artères principales. Les charmantes rues pavées du Vieux Tbilissi regorgent de cafés à l'européenne. La promenade jusqu'à la statue Kartis Deda, la «mère Patrie» argentée qui surveille la ville, offre une vue magnifique sur la vallée tbilissienne et ses toits rouge vin.
En ex-URSS, la Géorgie est encore aujourd'hui réputée pour son vin et sa cuisine. Parole de Géorgien, les vendanges de l'automne en Kakhétie, la région viticole de l'est du pays, sont à ne pas manquer.
Le vin aide aussi à arroser la luxuriante cuisine géorgienne, viandée au possible. À tous les coins de rue du pays comme dans les bons restaurants, on ne peut échapper aux «khatchapouri», ces pains au fromage tantôt fast-food, tantôt entrée d'un bon repas. En quittant la Géorgie, au bord de la surdose de khatchapouri, on sait très bien qu'ils nous manqueront très rapidement.
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Les citoyens canadiens n'ont pas besoin de visa pour entrer en Géorgie. Il existe des vols directs entre Tbilissi et Paris, Amsterdam, Francfort, Vienne et Moscou. Batoumi est relié chaque jour à Istambul par Turkish Airlines.