«Notre mission est de travailler pour que les skieurs se fassent plaisir»: Pendant tout l'hiver, dameurs et pisteurs-secouristes travaillent en coulisses pour assurer le fonctionnement de la plus haute station d'Europe, Val Thorens, à 2 300 mètres d'altitude en France.

Fin d'après-midi en ce début janvier: les derniers skieurs quittent les pistes tandis que les dameuses, reconnaissables à leur puissant phare, entrent en action pour préparer les 69 pistes de ce domaine des Trois Vallées.A bord d'une chenillette, Jean-Claude Guigonnet, 51 ans dont 16 ans de métier, a la délicate mission d'aller damer, pour la première fois de la saison, une piste noire située à plus de 3 000 mètres.

L'opération se déroule sur une pente abrupte, où le conducteur élance sa machine retenue par un treuil fixé à un rocher, alors que la nuit est déjà tombée et que la température extérieure approche les -15 degrés.

«Je n'arrive pas à remonter, la neige est trop molle», tempête M. Guigonnet, qui doit s'y reprendre à plusieurs reprises pour extirper son véhicule du mur de neige.

Plus loin, un de ses collègues, Stéphane Crey, manie habilement la manette d'une dameuse, charriant des rouleaux de neige vers le sommet d'une piste rouge dénudée par les skieurs.

«Impeccable, sans bourrelet, sans trou, sans boule, une vraie piste de billard», se satisfait ce dernier.

Dès l'aube, une autre équipe prendra le relais sur le domaine skiable, dont l'entretien nécessite 16 000 heures de damage et 500 000 litres de carburant par saison.

En bas depuis la station, des responsables supervisent le travail des conducteurs repérés par leur GPS.

«Les accidents de chenillette sont très rares», assure Jean-Marc Chabert, directeur du service des pistes, qui dirige les 70 dameurs et pisteurs-secouristes de Val Thorens.

«Dans mon métier, on ne doit jamais improviser», poursuit M. Chabert, premier responsable soumis à des poursuites en cas de litige sur les pistes, où évoluent chaque hiver plus d'un million de skieurs.

«Ma difficulté est d'appliquer une réglementation très stricte dans un milieu comme la montagne, en constante évolution, face à des clients exigeants» venus pour se divertir, souligne-t-il.

Chaque journée débute par l'inspection minutieuse des moteurs de secours des remontées mécaniques puis par l'ouverture successive des pistes du domaine, sauf en cas de déclenchements d'avalanches décidés la veille.

Avant l'arrivée des skieurs, les pentes du domaine sont purgées à la dynamite par les pisteurs-secouristes ou bien à distance par des «gazex», tubes remplis de gaz, actionnés par M. Chabert depuis son bureau.

Dès le début de la journée, les 37 pisteurs patrouillent le domaine pour repérer d'éventuels obstacles qui doivent être signalés ou observer l'instabilité du manteau neigeux justifiant parfois la fermeture de pistes.

Ce sont les premiers à intervenir en cas d'accidents sur ce domaine, où 1 600 évacuations ont lieu chaque année.

Il est 09H00: les pistes sont déclarées ouvertes par radio à la centrale de la station, qui confirme. La journée des vacanciers peut commencer.