«Avez-vous des nouvelles du volcan?»

C'est la question que tout le monde se pose sur les sentiers de Mafate ou sur les flancs du piton des Neiges.

Depuis quelques semaines, le piton des la Fournaise s'énerve, tremblote, enfle. Des signes d'une éruption imminente.

Nous avons des sentiments partagés à ce sujet. Voir une éruption en direct serait extraordinaire. Par contre, les autorités fermeraient probablement l'accès à l'enclos Fouqué, une gigantesque et spectaculaire caldera au pied du volcan.

Notre guide, Juanito, est un peu plus nerveux. Normalement, les éruptions du piton de la Fournaise se produisent sagement à l'intérieur du cratère et ne menacent personne. Mais parfois, la lave sort des flancs du volcan et court vers la mer. Or, son domicile se trouve pas très loin de l'un de ces sites critiques. Cette inquiétude instille en nous une bonne dose de réalité.

Le piton de la Fournaise, c'est le petit frère du piton des Neiges, endormi depuis 10 000 ans. Le piton de la Fournaise, lui, fait éruption pratiquement une fois par an. Il ne s'agit pas d'éruptions explosives, du genre du mont St. Helens aux États-Unis, mais d'éruptions de types hawaiiens, avec des coulées de lave parfois abondantes. C'est la grande vedette de La Réunion.

La Fournaise refroidit quelque peu ses ardeurs quelques jours avant notre passage, mais le volcan pourrait se réactiver rapidement. Il faut donc faire preuve de prudence.

L'accès à l'enclos Fouqué nous est ouvert. Nous descendons 500 marches pour enfin fouler cette mer de lave durcie.

Nous poursuivons notre chemin vers le cône principal. En chemin, Juanito nous donne un cours de volcanologie 101. Les volcans de La Réunion et ceux de l'île Maurice, plus anciens, ont été créés lorsque les plaques tectoniques ont glissé sur un point chaud dans le manteau terrestre.

Les nuages commencent à s'accumuler, il faut se dépêcher avant qu'ils ne bouchent tout le paysage.

Heureusement, nous arrivons à temps au sommet et jetons un coup d'oeil au fond du cratère du Dolomieu, creux de 300 m. Le plancher de lave durcie prend des teintes grisâtres ou ocre. Selon les spécialistes, il s'élève depuis quelques semaines. Des fumeroles émergent des côtés. Autrement dit, ça bouge là-dedans. Juanito croit percevoir un léger tremblement de terre. Nous ne nous attardons pas. De toute façon, une petite bruine a commencé à tomber, nous commençons à rêver à la chaleur du gîte.

Nos aventures volcaniques ne sont cependant pas terminées. Le lendemain, nous quittons le gîte pour redescendre en autobus vers la côte sud, vers ce qu'on appelle le Grand Brûlé. C'est le flanc que les coulées de lave affectionnent lorsqu'elles ne veulent pas se limiter au cratère du Dolomieu. La route est effectivement impressionnante. Au village de Sainte-Rose, on a dégagé le devant de la petite église de Notre-Dame-des-Laves: une coulée s'était en effet arrêtée à la porte même du petit bâtiment, comme par miracle.

La coulée la plus impressionnante est celle de 2007, qui fait 1,5 km de large et 60 m d'épaisseur. Nous descendons de l'autobus pour aller la voir de plus près. À notre grande surprise, des pierres sont encore brûlantes, trois ans après l'événement. Juanito glisse du papier dans un interstice entre ces pierres très chaudes. Il prend en feu, devant nos yeux ébahis.

Nous n'aurons pas vu le piton de la Fournaise faire éruption pendant notre séjour, mais nous avons maintenant une petite idée de sa puissance.

Petit dicton créole

«Na touristes y vient visiter

Y dit rgarde la beauté !

Quant y arrive pou retourner

Zot li plus décider»