Après une troisième nuit de violences entre forces de l'ordre et manifestants contre la vie chère en Guadeloupe, les touristes, bloqués dans leur hôtel, cherchaient à fuir jeudi.

Plus de 500 policiers étaient déployés sur le terrain jeudi, appuyés par des hélicoptères. Plusieurs barricades, tenues par des jeunes sur la route de l'aéroport, ont été démantelées pour laisser passer des dizaines de touristes qui voulaient repartir.«A pied, c'est un problème de se déplacer», expliquait Maia Schon, une touriste suisse de 54 ans. «Nous restons à l'hôtel. C'est tranquille, c'est sympa mais nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons.»

Au moins 39 personnes étaient interrogées jeudi par la police après les violences qui se sont déroulées dans la nuit de mercredi à jeudi. Les pompiers ont alors effectué 28 interventions liées aux violences, avait expliqué le préfet Nicolas Desforges.

Derrière les grands hôtels, la situation est difficile pour la population locale. Le chômage atteignait 22,7 pour cent de la population active, en juin 2007, selon les chiffres les plus récents, disponibles sur la région et sur le site de l'INSEE, alors que le taux moyen en France métropolitaine était de 8,3 pour cent en 2007.

La Guadeloupe compte le plus fort taux de jeunes sans emploi des régions européennes, devant la Réunion et la Martinique, selon le dernier rapport Eurostat paru début février. Et 12,5 pour cent des ménages étaient considérés comme pauvres, contre 6,5 pour cent en France métropolitaine, selon un rapport de 2006 de l'Observatoire régional de la Santé de Guadeloupe.

«Je connais les frustrations, les blessures, les souffrances qui doivent être surmontées. Je ne vous demande pas d'oublier quoi que ce soit. Je ne vous demande pas d'oublier votre histoire, votre identité, votre culture. Je sais que la crise économique actuelle est un révélateur de problèmes qui sont anciens et que l'on n'a jamais vraiment essayé de résoudre. Je sais le sentiment d'injustice qui vous habite face à des inégalités, à des discriminations qui vous paraissent, à juste titre, j'emploie le mot, intolérables», a déclaré Nicolas Sarkozy sur RFO jeudi soir, à l'issue des entretiens qu'il venait d'avoir avec les élus ultramarins, reçus à l'Elysée.